Félix révèle les liens entre Tshisekedi et Moïse Katumbi !

Mercredi 25 novembre 2015 - 09:56

Il circule tellement des rumeurs sur le Dialogue et surtout sur l’engagement de l’Udps dans ce processus que Félix Tshisekedi a décidé d’éventrer le Boa. Dans une interview exclusive accordée à notre confrère Congo indépendant, le fils de son père aborde toutes les questions sensibles du moment et fait des révélations bouleversantes.

 

De la proposition de la Majorité pour le partage du pouvoir à Moïse Katumbi en passant par Vital Kamerhe et sa Dynamique de l’opposition, Félix met tout sur la place publique dans un style totalement décapant qui révèle combien le fils est en train d’hériter de la pugnacité et de la verdeur de son géniteur.

 

Mais, pour des raisons de cohésion nationale en cette veille de Dialogue, nous avons décidé de contourner certains passages particulièrement incisifs et à même d’envenimer la situation sur la scène politique. Interview.

 

L’UDPS est le seul parti ayant pignon sur rue qui a accepté de participer au « dialogue politique » initié par “Joseph Kabila”. A près les deux conta cts que votre parti a eu avec les délégués du pouvoir, n’avez- vous pas le sentiment d’être un peu seul face à “Joseph Kabila” ?

 

Ce que vous dites n’est pas sympathique’ vis-à-vis de nos autres alliés. Je pense notamment à Jean-Pierre Lisanga Bonganga ainsi qu’à Eugène Diomi Ndongala avec la MPP (Majorité présidentielle, populaire) qui est un regroupement politique qui va au- delà des frontières de la Démocratie chrétienne. Je pense également au « G14 » que dirige le Dr Kabamba Mbwebwe. Il y a enfin la base de l’UDPS qui a largement adhéré au schéma du dialogue. Comme vous pouvez le voir, tous ces alliés constituent une force politique sérieuse. Par conséquent, nous ne nous sentons nullement seuls.

 

Regrettez-vous les deux “contacts secrets” que vous avez eu avec les délégués du pouvoir kabiliste ? Par “ vous “, il s’agit bien entendu de l’UDPS.

 

Pas du tout Nous n’avons nullement fait mystère des sujets abordés lors des deux “rounds “. Le second round a été interrompu le 13 septembre sur décision de notre Président. Nous n’avions rien à cacher. Nous n’avons aucun regret.

 

Quelle est la raison profonde qui a poussé votre délégation à quitter la table des discussions?

Cette raison profonde se trouve dans la discordance entre l’ambiance conviviale qui régnait durant les discussions - on avait accompli des avancées sur beaucoup de sujets - et la réalité qui se passait sur le terrain. Sur le terrain, {Joseph} Kabila reprenait d’une main ce que ses émissaires donnaient d’une autre main. Nous avons compris qu’il s’agissait d’une machination. Voilà pourquoi la direction de notre parti avait décidé de quitter ces « concertations en coulisses » pour s’engager dans un “dialogue ouvert” sous la médiation internationale et la pression de la l’opinion.

 

Dans une interview accordée à radio Okapi mi-septembre dernier, vous avez déclaré que l’UDPS n’allait pas au dialogue “ pour faciliter le glissement “. Avez-vous reçu des « propositions » de la part du pouvoir?

Pas du tout! Nous avons senti que les « amis d’en face » entretenaient le flou en usant de la langue de bois chaque fois que nous abordions les questions relatives au processus électoral en conformité avec les échéances constitutionnelles.

 

Qu’entendez-vous par « flou » ?

En fait, les délégués du pouvoir n’étaient pas capables de dire si les options que nous allions lever au cours du dialogue allaient se conformer aux délais constitutionnels. Je pense précisément au “ partenariat stratégique “ qui nous a été proposé.

 

D’aucuns ont parlé d’un poste de vice-président de la République pour Etienne Tshisekedi …

Il y a à boire et à manger là-dedans. Il y a eu effectivement des propositions de postes mais aussi un “ programme commun “ de gouvernement. Il n’y avait rien de précis.

 

Se fondant notamment sur un rapport de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie), le porte- parole de la “Majorité présidentielle” André-Alain Atundu a déclaré récemment à radio Okapi que (e recensement de la population devrait précéder les élections. Selon lui, le but serait d’avoir des « données fiables » garantissant des « élections crédibles ».

Selon des « experts », cette opération pourrait prendre deux à quatre ans. Votre réaction ?

 

J’ai l’impression qu’on assiste à une surenchère du discours pro-Kabila. Et que M. Atundu tente de battre M. Lambert Mende, l’autre porte-parole de leur camp. M. Atundu est complètement en dehors de la réalité. Il n’y a personne - même dans leur propre camp - qui accepterait une telle chose. M. Kabila avait nommé, en son temps, M. Adolphe Lumanu à la tête de l’ONIP (Office national de l’identification de la population). Le projet a fait un “flop “. Ils ont très bien compris que c’est une expérience qu’il ne fallait pas tenter tant au regard des échéances constitutionnelles qui nous guettent que de la communauté internationale qui veille au respect de ces délais constitutionnels. Il me semble que le porte-parole de la MP a raté là une nouvelle occasion de se taire. En tous cas, ce recensement ne se passera que dans ses rêves.

 

Le même porte-parole de la majorité a indiqué que le dialogue est nécessaire afin de prévenir des “violences post-électorales “. Redoutez-vous des violences post-électorales?

Il n’y a que ceux qui contrôlent l’armée et la police qui pourront provoquer ces violences postélectorales. On l’a vu lors des consultations politiques de 2011.

Je suis surpris de constater que ceux qui gouvernent ce pays depuis quinze ans se réveillent brusquement pour constater que les ” données “ disponibles ne sont pas fiables. Nous avons aussi des experts qui nous ont démontré qu’il est techniquement possible d’avoir un fichier électoral mis à jour et des élections irréprochables. Pour ces experts, l’enrôlement de nouveaux majeurs est faisable en six mois. A partir de maintenant, il est encore possible d’organiser l’élection présidentielle et les législatives en 2016. Il est clair que les « experts » de la majorité tentent de faire durer le plaisir …

 

Que pensez-vous de la position des évêques catholiques qui ont dit « oui au dialogue » mais « dans le respect absolu du cadre constitutionnel et institutionnel en vigueur ?

 

L’UDPS ne dit pas autre chose ! Je suis d’ailleurs étonné que cette position de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) fasse sursauter l’opinion. C’est la position que notre parti martèle depuis l’année passée.

 

Votre parti a donné au secrétaire général de l’ONU jusqu’au 30 novembre prochain pour désigner un médiateur international pour le dialogue. Qu’allez-vous faire au cas où rien ne se passait à cette échéance?

 

Dans ce cas, l’UDPS ne participera à aucun dialogue. A moins qu’il nous soit démontré qu’après le mois de novembre, il sera encore possible d’avoir non seulement un dialogue mais surtout un dialogue qui va respecter les échéances constitutionnelles et qui va permettre au processus électoral d’être crédible. Et qu’on aura au bout de tout pela une alternance démocratique par la passation de pouvoir entre un Président sortant et un Président entrant. Il faut craindre que nous entrions dans une période d’incertitude au cas où notre “ ultimatum “ n’était pas pris en considération. Cette période risque de déboucher sur un « glissement” dont nous ne voulons en aucun cas être comptables. Vous le savez autant que moi que c’est M. Kabila et son camp qui doivent rendre compte. Nous n’entendons en aucun cas les accompagner dans ce devoir de reddition des comptes

 

En septembre dernier, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a déclaré que le gouvernement n’avait pas d’argent pour organiser l’élection des gouverneurs de 21 nouvelles provinces et leurs adjoints Selon un rapport de la Cour de comptes, le gouvernement a affecté, au cours de l’exercice 2014, un milliard de dollars américain à des dépenses non prévues dans le budget. Votre réaction?

Je ne suis nullement étonné!

 

Devrait-on parler de mauvaise foi?

Absolument ! Vous ne faites allusion qu’à ce milliard alors que depuis 2012, le même gouvernement a dégagé, chaque année, une somme de 200 millions de dollars. En cette année

 

 

2015, on devait trouver un total de 800 millions de dollars dans le compte du budget destiné aux élections. Les gouvernants actuels sont les seuls à connaitre la destination donnée à ces sommes d’argent. Il y a une volonté manifeste de ne pas organiser les élections en temps opportun. Nous disons et restons ferme là-dessus : s’il n’y a pas d’élections en 2016, ce sera catastrophique pour le pays. Le reste de la classe politique aura l’opportunité de réfléchir sur éventualité d’une « transition » à mettre en place. Mais, une transition Sans la Majorité.

 

Que répondez-vous à ceux qui allèguent qu’après la nomination des « commissaires spéciaux » à la tête des 21 nouvelles provinces, ceux-ci pourraient annoncer, au cours d’une prochaine réunion avec “Joseph Kabila”, le “désir d’un référendum constitutionnel” exprimé par la « population »? Avez-vous entendu parler de ce scénario?

 

Je n’ai pas encore entendu parler de ce scénario. ‘Toutefois, je ne suis pas du tout inquiet. Je sais que le peuple congolais en a marre du statuquo actuel. La Majorité serait mal inspirée d’ajouter une énième provocation en initiant un référendum constitutionnel. Dans le cas contraire, elle va fournir les “ingrédients nécessaires pour pousser la population à se prendre en charge. Nous ne resterons pas les bras croisés...

 

Quel est votre commentaire à cette phrase prononcée, en juillet, par le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Tryphon Kin-Kiey Mulumba, dans une interview accordée à Jeune Afrique : « (…) tout se fera avec Kabila parce que c’est lui le président de la République. Tout se fera donc par lui et rien ne sera sans lui ni contre lui. (…) ?

Kin-Kiey Mulumba est un homme qui nous a habitués avec des déclarations farfelues. Je n’ai pas de respect pour ce genre de personnage. La classe politique congolaise ne sera digne de respect que lorsqu’elle aura exclu de son sein ce genre d’individu.

 

Quel est l’état des relations entre l’UDPS et la plateforme dite « Dynamique de l’opposition ?

 

Nos amis de la « Dynamique » n’ont pas été corrects avec nous...

 

C’est-à-dire?

Au départ, nous étions ensemble lorsque les Envoyés spéciaux de la communauté internationale étaient venus à Kinshasa. C’est ensemble que nous avions levé l’option pour la tenue d’un dialogue. Pour des raisons obscures, ils ont changé d’avis sans nous ‘consulter. C’est leur droit. Là où le bât blesse est que les membres de la Dynamique nous ont diabolisés. Il y a eu toute une “ campagne “ disant que nous étions de connivence avec le camp Kabila. Mon nom a même été jeté en pâture. On a prétendu que j’avais reçu la promesse d’obtenir le poste de Premier ministre. Certains ont même attenté à la dignité de notre Président. Ce sont des agissements qui laissent des traces. Les relations entre nous et la Dynamique ne sont plus ce qu’elles étaient même si nous nous croisons lors des réunions organisées par la communauté internationale. La question relative au dialogue a fini par élargir le fossé qui nous sépare. Nous n’avons pas la même position.

 

Faudrait-il désigner un “médiateur “ pour réconcilier les deux camps?

Je suis profondément démocrate. J’accepte la divergence de vues. La Dynamique est contre le dialogue et préfère une « tripartite » Pouvoir-CENI-Opposition. On voit ce que représente la CENI aujourd’hui. Celui-ci est complètement discréditée.

La Dynamique va dialoguer avec qui ? L’UDPS a une feuille de route qui a été proposée au monde entier. La Dynamique, elle, ne propose rien. J’espère que la position’ de la Dynamique est sincère et qu’elle ne fait pas seulement du “ôtes-toi de là pour je m’y mette... “. En clair, j’espère qu’elle ne cherche pas’ à nous diaboliser ‘ pour s’approprier l’aL.ira et la crédibilité de l’UDPS.

 

N’êtes-vous pas « condamnés » à vous entendre?

Absolument ! Je dois avouer qu’il y a des contacts. Je ne sais pas si c’est le lieu pour en parler. Nous avons jeté quelques ponts avec certains d’entre eux pour mettre en place une convergence parallèle ».

Nous sommes d’accords sur les grands principes. A savoir : le départ de Kabila, l’alternance démocratique, un processus électoral crédible etc.

 

 

Qu’en est-il des relations entre 1’UDPS et les partis du “G7”?

Je viens de vous parler des échanges que notre parti a avec certains. Vous avez sans doute appris que la Dynamique, le G7 et Moïse Katumbi sont plus au moins dans la même mouvance d’idées …

Apparemment, Moïse Katumbi n’a pas encore décidé de descendre dans l’arène politique …

Tout le monde sait que c’est pour bientôt. Comme vous l’avez remarqué, il a rencontré tout récemment notre Président. Je crois qu’il y a une certaine convergence de vues. Il y a surtout le respect mutuel.

 

Aucune information n’a filtré à la suite de cette rencontre...

C’est normal ! Ce sont des acteurs politiques qui ont voulu se voir. Ils n’ont pas voulu sanctionner leur entrevue par un communiqué. Ce qui est important c’est la confiance et le respect mutuel. C’est de bonne augure pour la suite...

 

Est-ce le président Etienne Tshisekedi qui va conduire la délégation de l’UDPS au “dialogue” ?

Je confirme qu’il va rentrer à Kinshasa à cette occasion. Conduire la délégation l’UDPS, c’est une autre chose. Je ne vais pas m’avancer là-dessus. Il laissera ce travail à ses émissaires ou experts du parti …

 

Par LP

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