Des leaders des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) ont adressé à la
Monusco, au début de cette semaine, une correspondance faisant état de la disponibilité de leurs troupes
à rejoindre, sans conditions, les sites de cantonnement de Kisangani, tel que décidé par la CIRGL
(Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs) lors de sa réunion de Luanda. Pendant que
l’on spécule autour de cet énième engagement de cette force négative à s’impliquer dans le processus
de pacification de la RDC, et de la sincérité de ses auteurs, le Conseil de Sécurité vient de sortir de ses
gongs.
Dans un communiqué rendu public par son président en exercice pour le mois de novembre,
l’Australien Barry Quanlan, il est demandé aux Forces Armées de la République Démocratique du
Congo (FARDC) et aux Casques bleus de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation
de la RD Congo) de ne plus tergiverser face à cette force négative.
Ordre vient d’être donné aux commandements de ces deux forces de se préparer à lancer, dès le
vendredi 02 janvier 2015, des opérations militaires dans tous les coins et recoins du territoire national,
contre tous ceux des FLRD tentés de ne pas se soumettre au désarmement volontaire, à la
démobilisation et au cantonnement. Selon les membres du Conseil de Sécurité, le retour de la paix dans
l’Est de la RDC, gage de la stabilisation de la région des Grands Lacs, passe par le nettoyage à sec de
tous les foyers de résistance des rebelles rwandais. La colère du Conseil de Sécurité tient au fait que
cette force négative a trop bloqué les projets de développement du Congo démocratique dans sa partie
Est. Par ailleurs, elle héberge de nombreux miliciens Hutu impliqués dans le génocide de 1994 au
Rwanda.
Entre la parole et les actes…
On ne peut ne pas accueillir favorablement la volonté de la Communauté internationale, à travers le
Conseil de Sécurité des Nations Unies, de voir le peuple congolais en général et les populations de l’Est
du Congo en particulier rompre avec le cycle de l’insécurité entretenue, depuis deux décennies, par des
forces négatives, dont les FDLR. Cependant, il a souvent été constaté, dans le dossier de ces rebelles
rwandais, une sorte de la politique des essais et erreurs.
Tantôt, c’est le gouvernement congolais tout seul, sur pied des accords signés par le Rwanda, qui est
tenu pour responsable de leur éradication et de leur éloignement de la frontière commune; tantôt on
assiste à des alliances contre nature entre Kinshasa et Kigali en vue de la conduite des opérations
jumelées de traque des FDLR; ou encore c’est le régime de Paul Kagame qui décide unilatéralement,
sur un coup de tête, d’envahir le territoire congolais sous prétexte de faire lui-même le ménage contre
cette force négative.
Résultat : les FDLR sont toujours là, appelées à disparaître, mais jamais réellement poussées vers la
porte de sortie de la République Démocratique du Congo. Certes, le Conseil de Sécurité vient de
relancer le mot d’ordre d’une nouvelle chasse à cette force négative, mais a-t-il pensé à donner aux
FARDC et à la Monusco les moyens humains, financiers et logistiques requis pour des opérations à
hauts dans les bastions de ces rebelles ? La communauté internationale a-t-elle pris la précaution de
cibler aussi leurs parrains internes et externes, c’est-à-dire ceux-là mêmes qui les approvisionnent en
fonds, armes, munitions, nourriture, etc.
Car, relevons-le sans ambages, la situation de non Etat qu’entretiennent les FDLR dans plusieurs
contrées du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont les zones minières, favorise un business qui fait des
millionnaires de part et d’autre de la frontière congolo-rwandaise. La disparition annoncée de cette
force négative créerait, on peut s’en douter, un nombre incalculable de mécontents. D’où, une main
noire peut surgir à tout moment pour faire dérailler la machine de la paix.
Par conséquent, il faudra au Conseil de Sécurité, une détermination particulière, à l’image de celle
affichée contre le M23 l’année dernière, pour espérer obtenir un résultat positif dans la traque des
FDLR.