Faute de décharges définitives : 6.000 tonnes de déchets solides déversés par jour à Kinshasa

Lundi 23 novembre 2015 - 10:34

Il y a nécessité de définir une politique de gestion de ces déchets

L’image qu’offre quotidiennement la ville de Kinshasa est désolante. Des montagnes d’immondices qui s’imposent désormais dans toutes les communes, à quelques exceptions près, font de la capitale congolaise une poubelle.

C’est l’essentiel de la communication faite le jeudi 19 novembre dernier au centre Wallonie Bruxelles/Kinshasa par Dieudonné Sidia, expert en matière d’environnement et journaliste à RTGA. C’était lors d’une conférence-débat. L’activité était inscrite dans le cadre de la 3ème édition de la fête du livre.

Après avoir donné la description physique, géographique et démographique de la capitale congolaise, l’orateur a fait remarquer que la ville de Kinshasa est inondée de déchets solides, que les Kinois déversent systématiquement dans la rue, faute de décharges définitives.

L’unique dépotoir, que l’Union Européenne a mise en place à Mpasa, dans la commune de la N’sele, est débordé. Et l’inexistence de décharges intermédiaires dans les communes complique davantage l’équation.

Il faut noter que trois mois seulement après le départ de l’UE, la décharge de Mpasa est débordée. A cela, il faut ajouter des déchets liquides, qui apportent leur contribution dans l’insalubrité de la ville. Des égouts devenus vétustes ; des caniveaux bouchés ne cessent d’inquiéter les environnementalistes et les Kinois eux-mêmes. C’est ce qui explique le problème des inondations lors des pluies battantes.

La gestion des déchets en milieu urbain

Tel est le thème qui a été développé par l’orateur du jour, qui fournit des données sur la ville de Kinshasa, la gestion des déchets dans la capitale et proposé des pistes de solution.

Plus ou moins 11.000.000 d’âmes peuplent la ville de Kinshasa. Mal urbanisée, elle comprend 365 quartiers contenant 500.000 parcelles. Tout compte fait, la ville produit 6.000 tonnes de déchets par jour. Ce qui fait une moyenne d’1/2 kg de déchets par individu. La gestion des eaux usées pose également problème, avec 400.000 m3 de déchets liquides.

En ce qui concerne les déchets gazeux, aucun service ne dispose de données fiables. Pas de données non plus pour les déchets industriels, qui affectent la couche d’ozone.

Une autre catégorie de déchets déversée dans la nature, les déchets  » excréta  » ne sont pas gérés non plus. Les excréments abandonnés au sol y pourrissent et gonflent la composition et la quantité du sable.

Problème d’organisation

La solution à cet épineux problème passe par l’organisation. L’hôtel de ville doit mettre les bouchées doubles pour équiper les éboueurs en matériels d’évacuation et les véhicules hérités de l’UE en carburant.

Les travailleurs, pourtant manuels, sont dépourvus de bottes et de cache-nez. Pire encore, ils travaillent parfois les mains nues, alors que dans plusieurs quartiers, il n’y a pas de poubelles.

Le personnel doit être recruté et recyclé. Il doit aussi être rémunéré conformément au statut. La gestion rationnelle de la situation appelle d’abord l’organisation. Prévenir la présence des déchets avant de les valoriser.

Le tout doit passer par la sensibilisation de la population. Chacun doit gérer ses déchets dans sa parcelle, avant de les soumettre aux services appropriés ou de pratiquer l’incinération. Parmi les opérations de gestion des ordures figurent le partenariat public/privé. Il est recommandé aussi d’appliquer la politique du pollueur-payeur.

Le problème étant délicat, l’autorité doit penser à mettre en place un fond urbain d’assainissement. Au lendemain du départ de l’UE, intervenue le 20 août 2015, la ville de Kinshasa est confrontée à un sérieux problème de financement pour évacuer les immondices. Curieusement, ce ne sont pas les espèces sonnantes et trébuchantes qui font défaut.

Il n’y a que la volonté politique et administrative qui compte.La liste sombre de déchets indique la présence au sol de 2% de déchets à verre, 7% à métaux et 70% de déchets plastiques. Les matières organiques représentent 65%. Certains déchets sont susceptibles d’être valorisés et transformés en électricité (déchets gazeux).

D’autres servent au réemploi et à la fabrication des papiers hygiéniques. Les cartes prépayées jetées au sol constitueront une nouvelle catégorie de détritus. L’administration urbaine doit avoir du pain sur la planche pour évacuer toutes ces matières, dont les déchets biodégradables, qui résistent aux intempéries.

Par G.O.

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