Exploitation du gaz méthane : des inquiétudes persistent

Jeudi 1 septembre 2016 - 10:47

La RDC est en voie de produire l’électricité à partir du gaz méthane. Le sujet était au centre des échanges, il ya quelques jours, entre le chef de l’Etat, Joseph Kabila, et son homologue du Rwanda, Paul Kagame.

 

La problématique de passation de marché liée à l’exploitation du gaz méthane contenu dans le lac Kivu pour la production de l’électricité continue à alimenter les débats. Plus d’un congolais ne cesse de s’y interroger. Cela du fait que le Rwanda voisin, qui a débuté les travaux d’exploration au même moment que la RDC vient de mettre en place sa première centrale à gaz. Celle-ci produit 26 mégawatts. En République démocratique du Congo, par contre, le statu quo semblé perdurer.

 

Au ministère des Hydrocarbures, l’on soutient qu’à ce jour, le marché d’exploitation du gaz méthane n’a été attribué à aucune entreprise. L’autorité contractante affirme que le processus d’octroi de ce marché a été retardé à cause d’un recours introduit par Kivu lake energy corporation (KLEC), un des soumissionnaires mécontents pour n’avoir pas été retenu.

 

Cette allégation du ministère des Hydrocarbures est rejetée par d’autres soumissionnaires. Pour eux, le marche a déjà été attribué de manière provisoire à Engineering Procurement & Project Management (EPPM), une entreprise tunisienne.

Pour sa part, Kivu lake energy corporation (KLEC) continue à manifester son indignation en rapport avec cette situation. Les responsables de cette entreprise dénoncent ce qu’ils qualifient de « manqué d’objectivité» dans le traitement des dossiers déposés par des soumissionnaires.

A la direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP), personne n’accepte de répondre à des questions relatives à ce dossier. Des spécialistes abordés ont des avis qui divergent.

 

Néanmoins, la chronologie des faits font quand même réfléchir. L’avis à manifestation d’intérêt a été lancé le 21 juillet 2014. Une douzaine d’entreprises s’y sont manifestés et neuf seront ainsi retenues pour présenter leurs offres, parmi lesquelles KLEC qui prétend avoir pris la tête du classement avec 76,74%. A la queue, l’on a retrouvé Variable Ou & gaz (50,42% de points).

Après une autre évaluation, KLEC se verra donc disqualifiée et le marché attribué provisoirement à EPPM qui, selon certains analystes, ne partait pas favorite car ayant obtenu moins de points.

Lésée, KLEC introduit un recours gracieux en date du 2 février 2016. Recours qui sera ensuite rejeté par l’autorité contractante. C’est ainsi que le 12 février, KLEC saisira l’ARMP pour un recours en appel. La procédure dé passation de ce marché sera suspendue le 17 février. Le 16 mars 2016, après analyse du dossier; l’ARMP déclare fondé et recevable le recours de KLEC et demande à l’autorité contractante de réévaluer les offres de KLEC et d’EPPM. C’est alors que la suspension sera levée pour la suite de la procédure.

Dans sa lettre du 5 avril 2016, l‘autorité contractante boycotte la décision de l’ARMP. « ... Je conteste votre décision que je trouve irrégulière et non conforme », a écrit le ministre des Hydrocarbures.

Dans ce dossier, nombre de soumissionnaires dénoncent des « irrégularités ». D’autres parlent d’un jeu de ping-pong. Ils estiment que l’autorité contractante veut à tout prix accorder ce marché à EPPM dont « les offres vont d’erreurs en erreurs ».

Des sources proches du dossier renseignent que, dans les offres techniques de deux entreprises EPPM et KLEC, l’on peut remarquer que la première a choisi de produire du courant grâce aux turbines à cogénération, tandis que le second entend utiliser les moteurs à gaz tel que le fait Contour Global, société qui exploite déjà le gaz méthane au Rwanda. Une technologie d’extraction qui peut correctement séparer le gaz de l’eau.

Par Olivier KAFORO