Des experts de la République démocratique du Congo et du Congo se retrouveront mardi à Kinshasa pour créer une commission d'enquête sur les abus des droits de l'Homme rapportés lors du retour, volontaire ou forcé, de dizaines de milliers de citoyens de RDC installés à Brazzaville. Les experts doivent constituer une "commission mixte d'enquête sur les allégations de violation des droits de l'Homme", selon le communiqué final de la visite vendredi à Kinshasa du chef de l'Etat du Congo, Denis Sassou Nguesso, qui a eu un tête à tête avec le président de la RDC, Joseph Kabila.
Depuis le lancement, le 4 avril, d'une vaste opération policière destinée officiellement à combattre la délinquance, plus de 130.000 Congolais vivant au Congo sont rentrés en RDC, arrivant à Kinshasa après avoir traversé le fleuve Congo, principalement en provenance de Brazzaville et des alentours.
Fin mai, l'ONU avait enjoint Brazzaville à mettre fin aux expulsions des ressortissants de la RDC après que l'opération se fut caractérisée, selon plusieurs ONG, par un grand nombre de violations des droits de l'Homme (violences physiques, mauvais traitements et violences sexuelles).
Le Congo avait radié 17 policiers pour mauvaise conduite, mais cela n'a pas empêché la montée des tensions entre les deux pays, qui s'accusaient mutuellement d'avoir durci les conditions de migration pour les citoyens de l'autre côté de la rive.
En juin, Kinshasa et Brazzaville avaient convenu de mener une enquête conjointe sur les accusations d'exactions, mais depuis plus aucune nouvelle n'avait été donnée sur ce dossier.
Mardi, les experts devront aussi "examiner les modalités pratiques de la reprise du commerce transfrontalier entre les deux pays", affecté par la brouille entre les Congo, et proposer des moyens de collaborer contre "la criminalité urbaine dans les grandes villes des deux pays", selon le communiqué.
MM. Kabila et Sassou Nguesso ont par ailleurs appelé la communauté internationale à "trouver une réponse appropriée" à l'épidémie d'Ebola qui a fait plus de 2.600 morts en Afrique de l'Ouest depuis le début de l'année, et dont une souche différente a tué une trentaine de personnes dans le Nord-Ouest de la RDC depuis août.