EXCEDES PAR LES AFFRES DES “KULUNA” : Des jeunes de la Cité Salongo se constituent en force d’autodéfense

Mardi 9 décembre 2014 - 14:53

Au quartier Salongo Sud, dans la commune de Lemba, des brigands communément appelés “Kuluna” sèment la terreur aux heures tardives. Depuis un mois, ces agresseurs, qui recourent à l’arme blanche pour attaquer les passants et ravir leurs biens, paralysent la circulation dans cette contrée paisible. Excédés par les affres de ces inciviques qui opèrent en toute impunité, des jeunes de six avenues de Salongo ont décidé de se constituer en force d’autodéfense.

Jadis havre de paix, l’avenue Kashito, située à quelques pas du camp Bumba, est devenue le site de prédilection des “Kuluna”. A la tombée de nuit, une dizaine d’assaillants armés de machettes patrouillent dans cette avenue qui héberge pourtant une ministre du Gouvernement provincial de Kinshasa. Ils sont plus actifs sous la pluie, quand les avenues sont désertes.

Surpris à minuit, alors qu’il regagnait paisiblement son domicile, Francis Boyoko, 34 ans, a été pris en étau par ces brigands sur cette avenue il y a deux semaines. «Je rentrais à domicile ce soir là quand j’ai vu deux inconnus à l’air suspect s’approcher de moi, feignant se rendre au coin de la rue, rapporte Boyoko. Une fois derrière moi, ils, ont fait brusquement volte-face avant de brandir leurs machettes dissimulées dans leurs chemises. Au même moment, j’ai vu surgir de l’autre bout de la rue, huit autres ‘kuluna’, déterminés à en découdre avec moi. J’ai vite accouru devant la résidence de la ministre provinciale, espérant l’intervention de la police qui assure sa garde. En vain. Mes cris n’ont pu éveiller leur attention».

Ils opèrent en toute impunité

Ne baissant pas la garde, les brigands se sont emparés de leur victime après l’avoir encerclé et soumis de se coucher au sol à quelques pas de la résidence du membre du Gouvernement. «Ils m’ont ravi mon téléphone et les 50 dollars que j’avais dans la poche, avoue Francis Boyoko. Difficile de leur résister au risque de se faire blesser... ».

Résidant aussi sur l’avenue Kashito, Nono llunga, la trentaine, reconnait avoir également été martyrisé par ces inciviques vers 23 heures alors qu’il rentrait chez lui. «Ils m’ont arraché mon téléphone et mes 150.000 Fc alors que je tentais d’appeler la garde de la ministre à ma rescousse», se plaint-il.

Opération «Likofi» : des regrets

L’avenue Kashito n’est pas la seule à subir les incursions malveillantes de ces bandits armés. Ils opèrent aussi sur les avenues Tshipepele, Beya-Pumbu, Mbanza-Ngungu, Mayuma, Kitoko... C’est pour cette raison que les jeunes de ces six avenues, regrettant la quiétude instaurée grâce à l’opération «Likofi», ont décidé le week-end dernier de se constituer en force d’autodéfense pour braver ces inciviques et protéger les passants.

Sur recommandation d’un officier habitant les parages, ils sont allés informer le poste de police le plus proche sur la veillée d’armes qu’ils ont amorcée dès le samedi 29 novembre dans des parcelles où se cachent souvent ces bandits. Ils ont déclenché une collecte à travers les résidences du quartier pour trouver des ressources susceptibles de les aider à se procurer du café et des sifflets pour sonner l’alerte une fois “l’ennemi” en vue. Se voulant solidaires, ils voudraient, dès le signal, sortir de leurs cachettes pour assiéger les assaillants.

Contre-offensive

 

 

«Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons nous protéger de ces bandits qui opèrent même à 19 heures, se plaint Francis Boyoko. Ils ont ravi il y a quelques jours les bijoux d’une jeune fille et toutes les recettes qu’elle venait de récolter pendant la journée, Ils ont, par ailleurs, attaqué un procureur et son épouse qui venaient d’une fête, les dépouillant de toutes leurs ressources. Et un jeune garçon qui passait sous la pluie a été blessé à la machette, parce qu’il n’avait aucun sou à leur donner. La liste est longue...».

 

Pour rendre efficaces leurs stratégies, les jeunes ont demandé aux habitants du quartier d’éclairer leurs clôtures par des tubes et des projecteurs. Une action qui démarre, mais qui est vite étouffée dans certains coins où les assaillants brisent ces lampes. Les jeunes de Salongo assurent que ces kuluna proviennent pour la plupart de la commune de Kisenso et des camps Mobutu et Vitamine, tout proches.

Yves KALIKAT