Apparemment dépassé par le poids de sa mission, Edem Kodjo a préféré recourir à sa hiérarchie basée à Addis-Abeba en Ethiopie. C’est hier lundi en début d’après-midi qu’il a quitté Kinshasa pour la capitale éthiopienne. Son entourage parle d’une visite de routine. Mais, à Kinshasa des langues font déjà état d’un quitte ou double : soit le Togolais serait prêt à rendre le tablier, comme au Burundi, soit à boire sa coupe jusqu’à la lie.
Le Potentiel
Le facilitateur Edme Kodjo est rentré à Addis-Abeba pour faire rapport de sa mission en République démocratique du Congo après avoir consulté une importante partie de la classe politique congolaise favorable à une participation au dialogue.Le Togolais Edem Kodjo a du pain sur la planche. La moisson n’a pas été abondante au regard des propres aveux de l’ancien Premier ministre togolais. L’Envoyé spécial de Mme Zuma pour le dialogue politique en RDC est désormais entre deux choix : foncer tête baissée ou se résoudre à rendre le tablier. Les consultations auprès de la présidente de l’Union africaine vont être déterminantes pour la suite.
Le facilitateur « désigné » et « confirmé » est rentré dans la capitale éthiopienne pour faire rapport sur son séjour en RDC. Au dernier couac, l’ancien Premier ministre togolais a ouvertement chargé l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’être mue par la volonté de torpiller le bon déroulement du dialogue national. Cela pour n’avoir pas transmis la liste des délégués de l’Opposition au comité préparatoire du forum national attendu. La réaction ne s’était pas fait attendre. Etienne Tshisekedi s’est vertement occupé d’Edem Kodjo. Et dire le lider maximo n’a jamais caché des doutes sur la capacité du facilitateur à mener à bien le processus du dialogue.
L’absurdité dans ce dossier c’est que le facilitateur reconnait que le dialogue n’aurait aucun sens sans la présence de l’UDPS et de son leader Tshisekedi. Une position justifiée d’autant plus que les Concertations nationales qui avaient réuni la majorité et ses nouveaux alliés de l’ex-MLC, des partisans de Léon Kengo et d’autres avaient accouché d’une souris. Les radicaux et les forces représentatives de l’opposition n’ayant pas adhéré à la démarche, l’échec était programmé. Toutes les recommandations formulées par ce forum sont en majorité restées lettre morte en dehors de la mise en place du gouvernement Matata 2 et de l’amnistie accordée aux miliciens du M23.
Faudrait-il que le dialogue national dont les enjeux en présence sont de loin importants subisse le même que les Concertations nationales ? En tout cas, Edem Kodjo le sait de même que la communauté internationale dans son ensemble. L’Onu, qui avait entre les mains cette patate chaude, avait fini par s’en débarrasser. Saïd Djinnit qui a mené une mission exploratoire est tombé à la conclusion qu’il n’y aurait rien qui puisse permettre que l’ONU entre dans ce bourbier.
La complexité d’une mission
Le triomphalisme du début a fini par ramener Edem Kodjo à la raison sur l’immensité de la tâche à accomplir. Lorsque tous les opposants qui comptent, en dehors de l’UDPS de Tshisekedi, ne sont pas disposés à prendre place à cette messe politique considérée comme « un piège », il est difficile de tabler sur une quelconque réussite. L’ONU a décliné l’offre laissant la patate chaude à l’Union africaine.
A moins de s’inscrire pour un forcing aux conséquences politiques insoupçonnées, le facilitateur et la présidente de la Commission africaine, doivent bien scruter l’environnement actuel et atterrir sur un compromis qui va dans le sens de résoudre l’équation de l’inclusivité avec responsabilité. Le saupoudrage actuellement en vogue n’a produit que du vent. La valse d’hésitations de Tshisekedi est justement la mesure qui devait modérer la position du facilitateur.
Avec d’aussi maigres progrès dans sa besace, Edem Kodjo ne surprendrait personne s’il rend le tablier ou si Mme Zuma le démissionne pour un autre joker. Saïd Djinnit qui a mené sa mission en RDC n’avait pas tergiversé face aux écueils qui se dressaient sur sa route. Il avait épargné son mandant Ban Ki-moon et l’ONU de se frotter à cette boue qui ne pouvait les laisser s’en sortir sans se salir. L’UA qui avait promis de porter l’affaire à bon port, s’embourbe et visiblement, son « facilitateur » est limité dans ses stratégies de faire avancer le navire. Tant qu’il n’aura pas convaincu l’UDPS d’abord, puis la Dynamique, le G7 et l’AR, Edem Kodjo n’est pas encore sorti de l’auberge. Plus de choix possible, c’est le quitte ou double qui l’attend !