Le premier contact, samedi dernier au GHK, entre le tout nouveau représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en RDC, Maman Sidikou, et la presse tant locale qu’internationale a répondu à toutes les attentes. Le Nigérien a cherché à imprimer sa marque, à la différence de son prédécesseur, l’Allemand Martin Köbler. Dans son cahier des charges, la Monusco restera attachée aux résolutions du Conseil de sécurité, particulièrement la 2211 qui indique que le schéma à suivre pour garantir la stabilité en RDC passe, entre autres, par l’organisation des élections dans les délais fixés par la Constitution.
Samedi dernier, les responsables des médias opérant en RDC, ont répondu, au Grand Hôtel Kinshasa (GHK), à l'appel de Maman Sidikou, chef de la Monusco. Toutes les questions d'actualité étaient abordées, même les plus sensibles telles que les relations tendues entre la mission onusienne et la RDC, à travers le gouvernement de la République. La question du processus électoral s'était également invitée dans les échanges. Sur ce point précis, Maman Sidikou a eu des réponses claires, limpides mais aussi fermes et diplomatiques.
Sans emboucher la langue de bois des diplomates habitués à enfumer les déclarations, le chef de la Monusco, Maman Sidikou, est allé droit au but : « La résolution 2211 du Conseil de sécurité définit comment le processus électoral doit se faire dans le respect de la Constitution ». Le représentant spécial de Ban Ki-moon en RDC s’est servi de la tribune pour livrer la position de l’Onu, à savoir éviter le retard dans la mise en œuvre du processus électoral.
Un processus « ouvert, consensuel et transparent »
Ce qui est crucial, selon Maman Sidikou à cette étape, est de pouvoir réaliser l'opération de révision du fichier électoral, sans laquelle aucune élection ne sera possible. "Il ne faut plus perdre du temps", a-t-il insisté avant de conseiller qu’ "Il y a des questions pour lesquelles il faut un minimum de consensus". Pour ce qui est des rapports avec le gouvernement, il est exclu, pour M. Sidikou, que sous son mandat la Mission se comporte comme si "dans ce pays il n'y a pas de gouvernement". Ajoutant qu'on ne peut pas tout se permettre.
Abordant la question des violences sexuelles, il a renouvelé l’engagement de la Monusco à accompagner le gouvernement congolais. Il propose jusqu'à "l'organisation des cours martiales" que la Monusco peut appuyer. Au passage, il a épinglé le rapport relatif aux incidents du 5 mai qui mettent en cause des militaires FARDC qui auraient tué deux casques bleus tanzaniens. Là aussi, M. Sidikou s'est montré transparent dans l'approche. « Notre enquête démontre que ce sont les ADF », a-t-il déclaré. Mais, étant donné qu'il y a de nouvelles "allégations", la Monusco se propose d'enquêter et se laver de tout soupçon, insistant sur la prudence en cette matière. « J'ai perdu des soldats, on ne doit pas insulter leur mémoire ».
Sur les incidents de Miriki au cours desquels 18 civils avaient été tués, et des dysfonctionnements enregistrés dans la réaction, Maman Sidikou a indiqué que la Monusco « sait de manière précise ce qu'elle cherchait ».
La résolution 2211 et les élections essentielles
Revenant à la résolution 2211, Maman Sidikou a rappelé l’option levée par le Conseil de sécurité des Nations unies. En effet, l’organe de décision des Nations unies indique la marche à suivre pour garantir la stabilité en RDC : « La stabilisation de la situation grâce à la mise en place d’institutions étatiques (y compris de sécurité) opérationnelles, professionnelles et responsables dans les zones touchées par le conflit, et au renforcement des pratiques démocratiques de façon à réduire les risques d’instabilité, notamment en offrant l’espace politique adéquat, en assurant la promotion et la protection des droits de l’homme et en mettant en œuvre un processus électoral crédible ».
Plus explicite, cette résolution estime qu'il y a lieu de respecter le calendrier prévu : « Demande au gouvernement de la RDC et à ses partenaires nationaux de veiller à la transparence et à la crédibilité du processus électoral, étant donné qu’il leur incombe au premier chef de créer des conditions propices à la tenue des prochaines élections et notamment d’en faire une priorité, la présidentielle et les législatives étant prévues, conformément à la Constitution, pour novembre 2016, et exhorte le gouvernement et toutes les autres parties concernées à créer les conditions nécessaires pour que le processus électoral soit libre, juste, crédible, ouvert, transparent, pacifique et conforme à la Constitution congolaise et au calendrier électoral, pour qu’il s’accompagne d’un débat politique libre et constructif, et pour que soient assurés la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de réunion, un accès équitable aux médias, y compris aux médias d’État, et la sécurité et la liberté de circulation de tous les candidats, ainsi que des observateurs et témoins, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des acteurs de la Société civile, notamment des femmes ».
En réaffirmant cet attachement aux résolutions de l'ONU, particulièrement la 2211, Maman Sidikou rassure qu'il ne vient pas pour transiger avec la Constitution du pays. Son style n'est pas « un chèque en blanc » offert à la majorité qui pourra profiter de cette posture pour un passage en force au nom de la souveraineté du pays. Maman Sidikou a donc refroidi les ardeurs, en même temps qu'il a démontré qu'il y a moyen d'être courtois et ferme dans les rapports entre partenaires.
Sans s’immiscer dans les affaires intérieures, il s’est dit disposé, au nom des Nations unies, d’accompagner la RDC à poursuivre son processus électoral. Dans tous les cas, selon lui, la Monusco ne va pas se substituer au gouvernement congolais. Toutefois, elle n’est pas prête à aider la RDC à sombrer dans un trou noir, qui pourrait hypothéquer tout le chemin déjà parcouru en termes de consolidation de la démocratie.
Toujours est-il que, dans ses actions en RDC, la Monusco, agissant pleinement sous le mandat des Nations unies, reste attachée à la ligne tracée dans la Résolution 2211 du Conseil de sécurité des Nations unies. Celle-ci a l’avantage de fixer les balises pour un processus électoral apaisé. Lequel est toujours possible, même si le dialogue ne se tenait pas. Raison, l’indépendance de la Céni procède entre autres de ce qu’elle traite des matières purement techniques.
LP