Kinshasa et plusieurs coins du pays secoués, de violentes émeutes depuis lundi après le vote controversé de cette loi qui viserait à maintenir Joseph Kabila au pouvoir après 2016, alors que son second et dernier mandat expire constitutionnellement le 19 décembre 2016.
La ville de Kinshasa et plusieurs provinces de la République Démocratique du Congo sont le théâtre de violentes émeutes menées par des jeunes en colère. Ces derniers, à en croire des sources concordantes, ont répondu à appel lancé par l’Opposition congolaise au lendemain du vote par les députés de la Majorité du projet de loi controversé présenté par le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur Evariste Boshab Mabunj Mabileng.
Votée en l’absence des députés de l’Opposition qui ont claqué la porte en guise de protestation, cette loi est soupçonnée de vouloir donner prétexte à l’actuel chef de I’Etat, M. Joseph Kabila, de rester au pouvoir après l’échéance 2016, alors que son second et dernier mandat en cours expire le 19 décembre 2016, selon la Constitution actuellement en vigueur en RD Congo.
Face à cette situation, des barricades ont été érigées spontanément depuis lundi sur les principales artères de la capitale congolaise par des jeunes en colère qui, à l’aide des pneus enflammés et des pierres, ont obligé les Kinois à rester terrer chez eux et à observer des journées ville morte. Aux tirs des policiers visiblement débordés par la situation, les manifestants répliquaient par des jets de pierres et le déversement des ordures ménagères sur la voie publique.
Les taxi-motos et taxi qui ont pris le risque de faire le transport en commun lundi ont été pris pour cibles les manifestants. Dans cette pagaille qui se déroulait loin des bourgmestres des 24 communes de la capitale qui ont préféré abandonner leurs postes, étalant ainsi au grand jour leur lâcheté (cas du bourgmestre Baylon Gaybene de Matete), les affrontements entre policiers et manifestants ont paralysé les activités économiques et le transport en commun. Ils ont aussi occasionné des pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels qui vont sans doute laisser des traces pendant longtemps.
Ces trois jours de chaos ont même donné de l’inspiration aux nostalgiques de pillages qui ont profité de l’occasion pour pilier des maisons de commerce appartenant à des Chinois. Plusieurs de ces magasins, surtout ceux situés près des ronds points Ngaba, Super Lemba, du marché de la Liberté (à Masina) et le long des avenues Kianza, Université, et des marchés municipaux de la capitale ont été pillés de fond en comble. Certains pillages se seraient déroulés sous le regard complice de quelques hommes en uniforme !
Dans cette ambiance frisant la fin d’un règne, la maison communale de Ngaba et quelques postes de la police ont été attaqués et incendiés par des manifestants.
L’Université de Kinshasa dont le site a été assiégé par des policiers et militaires, les affrontements entre ces derniers et les étudiants auraient fait plusieurs blessés graves et même des morts dans les oings des manifestants. Dans leur colère, les étudiants de l‘UNIKIN ont saccagé le bureau du professeur Evariste Boshab, initiateur du projet de loi qui vient de mettre la RDC en feu.
Le mouvement de colère qui a commencé à Kinshasa s’est vite étendre à d’autres provinces du pays comme une tramée de poudre. Les villes de Goma, Bukavu et Uvira (au Kivu) et celles de Mbuji-Mayi (Kasaï Oriental), et Lubumbashi (au Katanga) où l’on signale aussi des émeutes depuis mardi ont en effet emboité le pas à la capitale.
Washington et Paris s’inquiètent
Les émeutes qui viennent d’endeuiller la République Démocratique du Congo pendant trois jours à cause des tentatives des autorités congolaises de faire retarder l’organisation des élections présidentielle et législatives de 2016 préoccupent la communauté internationale, particulièrement les Etats-Unis et la France. Dans une déclaration faite mardi, Washington s’est dit très préoccupée par les derniers évènements en République Démocratique du Congo, tout en appelant les autorités congolaises à ne pas conditionner la tenue des élections de 2016 au fameux recensement que la loi électorale décriée confie à une structure nouvellement créée et dirigée par Adolphe Lumanu et une certaine Geneviève Inagosi, tous deux proches de Joseph Kabila.
Tout aussi préoccupée par les derniers évènements en RD Congo, la France a pour sa part appelé les autorités congolaises à respecter la Constitution en vigueur.
L’Eglise Catholique n’est pas restée sans voix face à cette tragédie. Dans une déclaration faite hier mercredi, l’Archevêque de Kinshasa, le Cardinal Laurent Monsengwo, demande aux autorités congolaises de mettre fin aux tueries de nos concitoyens. Il fustige aussi le musellement de l’Opposition.
Par DMK.