Selon radiookapi.net, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda se propose de sortir, à une date qui reste encore à déterminer, un livre écrit de sa main et devant porté un titre fort évocateur d’un passé récent : « Les élections de 2011, la vérité de Daniel Ngoy Mulunda ». Il semble que l’ancien président de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), pourrait faire des révélations fracassantes sur le processus électoral le plus catastrophique de l’histoire de notre pays.
En attendant, il jure, la main sur le cœur, ne pas être impliqué dans les fraudes électorales constatées et dénoncées à cette occasion par l’ensemble de la classe politique congolaise ainsi que les missions d’observation électorale tant internes qu’externes.« Le devoir de réserve et ma pastorale me poussent à me taire et à tout porter. Mais je parlerai », a-t-il fait savoir le week-end dernier, en marge d’un atelier organisé à Lubumbashi par son parti, l’EDG (Espace Démocratique pour la bonne Gouvernance ».
Cri du voleur au voleur ?
Les observateurs notent que si le pasteur Daniel Ngoy Mulunda ne portait aucune responsabilité dans les tricheries électorales de 2011, tant au niveau de la présidentielle que des législatives nationales, son ouvrage allait certainement emballer le grand public. Mais au regard du mandat controversé qu’il avait exercé à la tête de la CENI, d’aucuns le trouvent très mal placé pour prétendre parler d’une quelconque « vérité » concernant les scrutins d’il y a quatre ans. N’aurait-il pas choisi de se mettre dans la peau du voleur qui crie au voleur, afin de brouiller les pistes ?
Logiquement, le flot des contentieux électoraux qui avaient atterri dans les cours d’appel de différentes provinces de la République ainsi qu’à la Cour Suprême de Justice, siégeant en lieu et place de la Cour Constitutionnelle, auraient dû l’obliger à se taire. Car ses écrits, que l’on doute être porteurs de la « vérité des urnes », risquent de remuer le couteau dans la plaie des candidats, de la Majorité comme de l’Opposition, ainsi que les indépendants, éliminés arbitrairement par sa machine de compilation, sans oublier des milliers de compatriotes ayant perdu des êtres chers ou des biens précieux à la suite des violences électorales et post-électorales.
Quand on pense au refus de la CENI de Ngoy Mulunda d’ouvrir le fichier électoral à l’audit externe, à la répression violente, avec mort d’homme, des manifestations pacifiques contre son institution, à la présence des milliers de doublons et de morts sur les listes électorales, à l’enrôlement des mineurs, des étrangers et des hommes en uniforme, aux circonscriptions électorales qui présentaient plus de votants que ceux réellement inscrits sur les listes électorales, on ne peut pas pardonner à ce ministre de Dieu sa gestion calamiteuse du processus électoral de 2011.
La question que l’on se pose avec insistance est de savoir si Daniel Ngoy Mulunda aura l’honnêteté et le courage d’expliquer aux Congolais par quelle magie des cartes d’électeurs et des bulletins de vote s’étaient retrouvés dans des maisons des particuliers, plusieurs jours sinon semaines avant les élections. L’on se demande s’il pourrait lever l’équivoque sur les bourrages des urnes dans les bureaux de vote et le trafic des procès-verbaux des résultats.
Enfin, serait-il en mesure de reconstituer les vrais résultats livrés par les urnes, afin de fixer l’opinion tant nationale qu’internationale sur ce qui s’était réellement passé ?
Un prêche pour sa chapelle ?
« Les élections de 2011, la vérité de Daniel Ngoy Mulunda » est un ouvrage qui risque d’énerver davantage des millions de Congolaises et Congolais qui n’ont toujours pas digéré les méfaits de ce processus électoral sur la vie politique, économique et sociale de la Nation. Si l’on en est aujourd’hui à parler du caractère incontournable d’un dialogue politique afin de permettre à la Majorité, à l’Opposition ainsi qu’à la Société Civile de se mettre d’accord sur les modalités d’organisation d’élections réellement libres, démocratiques, transparentes et apaisées en 2015 et 2016, c’est notamment à cause du gâchis électoral de 2011.
D’où, il est curieux que cet homme d’église, coupable d’un précédent aussi fâcheux, puisse rêver de donner une leçon de transparence à la communauté nationale. Si le ridicule pouvait tuer…Daniel Ngoy Mulunda n’allait pas prendre la liberté de se saisir de sa plume pour parler « élections » en RDC. L’on a compris la manoeuvre : l’homme veut se laver publiquement les mains, à la manière de Ponce Pilate. Les Congolais, qui n’ont pas la mémoire courte, l’attendent de pied ferme
Kimp