Edem Kodjo prépare une transition de 3 ans

Jeudi 14 avril 2016 - 10:48
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Les propos évasifs d’Edem Kodjo lors de sa dernière conférence de presse à Kinshasa étaient déjà révélateurs de son manque d’impartialité et de neutralité dans la conduite du dialogue dont il est le facilitateur. Après recoupements, il appert que le Togolais est le sésame qui ouvre au président Joseph Kabila la voie du glissement du processus électoral. En clair, l’agent de Mme Nkosazana est venu à Kinshasa pour exécuter un deal conclu avec la MP, à sa voir imposer ou, au besoin, obtenir, par un jeu subtil de tractations, une transition de 3 ans.

 

La première impression est toujours la bonne, sinon la vraie. Le facilitateur du dialogue national, Edem Kodjo, n’a pas convaincu dès ses premières déclarations sur les résultats attendus de ce forum. Prenant officiellement ses bureaux à Kinshasa en début de semaine, le Togolais a tenu une conférence de presse qui, au lieu de répondre au questionnement essentiel des Congolais sur le dialogue, a plutôt suscité inquiétudes et suspicions.

 

Non seulement, il est allé trop vite en besogne, en escamotant les consultations qu’il avait lui-même programmées mais encore, il a perdu de vue qu’il devait avant tout rendre compte des conclusions des contacts pris avec les différentes parties congolaises. C’est donc un travail bâclé et qui disqualifie son auteur.

 

En réalité, tout intrigue avec cette facilitation proposée par ‘Union africaine. C’est avec un simple communiqué que Mme Nkosazana, présidente de la Commission de l’Union africaine, a désigné le 6 avril 2016Edem Kodjo comme facilitateur du dialogue en République démocratique du Congo. Sur ce communiqué de l’UA, il est juste mentionné que la mission du facilitateur est « d’aider à l’organisation d’un dialogue en vue de la préparation des élections en République démocratique du Congo ».

 

Laconique, le texte ne fait référence ni à la Charte de l‘Union africaine encore moins à la résolution 2277 du 30 mars 2016 du Conseil de sécurité des Nations unies laquelle cerne clairement la finalité du dialogue politique attendu en RDC.

 

UN FACILITATEUR À MISSIONS FLOUES

Vu sous cet angle, les prémices du dialogue étaient déjà faussées, voire floues, dès le départ. La mission du facilitateur du dialogue est sans soubassement juridique. Bien que relevée, cette omission de l’UA na jamais été corrigée jusqu’à ce jour. Dès lors, il y a lieu de s’inquiéter sur les finalités du dialogue dont le comité préparatoire est annoncé cette semaine.

 

Lors de sa conférence de presse de lundi dernier, Edem Kodjo n’a pas non plus clarifié les choses Face aux inquiétudes de certains journalistes sur la probable violation de la Constitution lors de ce dialogue, il a juste rappelé qu’il est un des auteurs de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et qu’il n’était «pas venu pour violer la Constitution » de la République démocratique du Congo. Trop facile et trop beau pour être vrai. La suite des événements d’en donner la confirmation.

 

De même, à la question de savoir si le dialogue permettrait d’organiser les élections dans le délai constitutionnel, l’ancien Premier ministre Togolais a laissé entendre que ce sont ceux qui trament les pas au lieu de venir au dialogue qui cautionnent la violation de la Constitution. «Venez, au lieu de poser des conditionnalités sur des idées préconçues », a-t- il appelé sur un ton qui frise la raillerie. Ne pouvant se retenir il a vite lâché le morceau « Tous les jours qui passent ne nous permettent pas de dire que nous allons respecter ce délai constitutionnel ».

 

A-t-on besoin de dessin pour cerner la vraie mission du diplomate sur qui Mme Nkosazana a jeté son dévolu pour la « sortie de crise » en RDC? Pas du tout. D’autant que, sortant de la bouche du facilitateur désigné, ces propos ont tout de suite intrigué l’opinion nationale qui y décèle une coïncidence avec l’argumentaire soutenu et développé par la Majorité présidentielle pour inciter les autres forces politiques à accepter le forum convoqué par Joseph Kabila. Un forum qui bat de l’aile depuis bientôt quatre mois.

 

C’est sans succès que le pion ‘de la MP s’est égosillé, car l’Opposition, la vraie, n’a jamais trouvé l’opportunité d’un dialogue à quelques mois de la fin du deuxième et dernier mandat de l’actuel président de la République. Selon le G7 et la Dynamique de l’Opposition, il est temps d’aller vite à l’essentiel, c’est-à- dire la tenue d’élections dans les délais constitutionnels.

 

UN DEAL CONCLU A L’AVANCE

C’est donc avec raison que le camp des « anti-dialogue » se rallonge chaque jour qui passe depuis que le facilitateur a pris officiellement ses fonctions à Kinshasa.

Dans une interview accordée dernièrement à Rfi, Moïse Katumbi Chapwe, candidat du G7 à la présidentielle 2016, a qualifié le dialogue convoqué par Joseph Kabila de distraction, à moins qu’il permette d’organiser les élections, notamment la présidentielle dans le délai prescrit par la Constitution.

 

L’homme qui s’est opposé au troisième faux penalty de la MP a été appuyé quelques jours plus tard par le G7, la plateforme politique qui a choisi de porter ses ambitions politiques. A la suite du G7 s’est également exprimée la Dynamique de l’Opposition, une autre plateforme politique acquise au changement et à la démocratie. Il y a deux jours celle-ci a aussi réaffirmé sa position selon laquelle le dialogue n’est pas opportun et qu’il faut organiser les élections conformément à la Constitution en vue d’assurer l’alternance au sommet de l’Etat le 20 décembre prochain. Sur la même lancée et le même ton, le Front anti-dialogue et plusieurs personnalités du monde politique et de la Société civile qui rejettent le dialogue proposé par Kodjo ont donné de la voix. Dans leur déclaration, ils ont invoqué les soupçons qui décrédibilisent l’envoyé de l’UA au regard de la manière dont il mène sa mission en RDC.

 

L’UA JOUE CONTRE LE PEUPLE CONGOLAIS

Toutes ces suspicions et inquiétudes de la classe politique congolaise sont confortées par les dernières informations venant de certains membres de la MP qui, dans leur exultation, ne se sont pas retenues de balancer à la volée : « Avec ou sans l’Opposition, nous allons tenir le dialogue et nous allons arracher, avec l’aide du facilitateur, la mise en place d’une transition de trois ans ».

 

Ces informations recoupées attestent que le facilitateur est venu à Kinshasa avec, dans son attaché-case, un accord bien ficelé et qui attend d’être paraphé par ceux qui participeront au dialogue.

 

Les jours qui vont suivre sont déterminants pour l’avenir de la RDC. L’UDPS, le seul grand parti politique de l’Opposition qui a donné son accord de principe pour la tenue du dialogue, n’a pas encore révélé les conclusions de trois émissaires chargés de prendre langue avec le facilitateur sur la suite à réserver à sa feuille de route. Cette dernière n’exige ni plus ni moins que l’impérium. Une fin de non recevoir à cette feuille de route de l’UDPS mettra à nu le plan de la MP à travers ce dialogue.

 

A quoi servirait un dialogue dont les conclusions sont connues d’avance et ne sont favorables qu’à un seul camp politique? L’UA, à travers son envoyé, s’est voulu impartiale et contre le peuple congolais qui s’est battu des décennies durant pour que triomphe lé processus démocratique en RDC. Personne n’accepterait une forfaiture de la MP visant à mettre à l’écart l’actuelle Constitution au profit d’un groupe d’individus non respectueux du pacte républicain issu de l’accord de Sun City.

Par LE POTENTIEL

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