Vers un renforcement de la coopération entre la RD-Congo et les Pays-Bas’’. Tel est le thème développé hier, à Amsterdam, par le Premier Ministre Matata Ponyo, du haut de la tribune du Business Forum organisé par le Ministère néerlandais des Affaires Etrangères. Invité, à l’occasion, par Mark Rutte, le Ministre-Président des Pays-Bas, le Chef du Gouvernement Congolais a saisi cette opportunité, pour présenter une photographie de ce Congo qui se réveille. Il a parlé, entre autres, de principaux engagements des Pays-Bas en RDC, les multiples opportunités d’investissement au Congo-Kinshasa, l’un des «géants» d’Afrique ; la Croissance économique en progression et principaux indicateurs économiques ; les Potentialités économiques de la RDC ; l’amélioration du climat des affaires. De la croissance économique, Matata Ponyo a évoqué quelques résultats qui illustrent la bonne trajectoire prise par le pays, confirmée, d’une part, par les institutions multilatérales dont le FMI, la Banque mondiale et la BAD et, d’autre part, par les agences internationales de notation notamment, Standard and Poor’s et Moody’s. ‘‘Sous le leadership du Président de la République, nous avons préservé la stabilité du cadre macroéconomique face à un environnement extérieur et intérieur difficile et maintenu une croissance économique vigoureuse et résiliente, ces dernières années’’, a déclaré Matata Ponyo, avant d’indiquer que d’une moyenne annuelle de 5,4 % entre 2002 et 2009, la croissance économique est passée à 7,4 % entre 2010 et 2013. En 2014, les estimations sur la base des réalisations de production aux six premiers mois situent la croissance à 8,9 %. Pour ce qui est de l’amélioration du climat des affaires, le Chef de l’Exécutif Central a rappelé que, jadis, la création d’une entreprise constituait un véritable parcours de combattant. Il fallait 155 jours minimum, 13 formalités à accomplir auprès de différents Ministères et administrations et plus de 3.500 dollars américains à débourser, pour y parvenir. Mais, depuis la mise en place, en avril 2013, d’un Guichet Unique de Création d’Entreprise, a-t-il soutenu, le délai est limité à 3 jours, avec le paiement de 120 dollars américains pour les sociétés et 40 dollars américains pour les établissements individuels. Matata reste persuadé que ce Business meeting va permettre de réécrire une nouvelle page des relations d’affaires et d’intensifier la collaboration économique entre la RDC et les Pays-Bas. A l’instar, dit-il, de la société néerlandaise Heineken/Bralima, l’un des fleurons de l’industrie brassicole en RDC. Aussi, a-t-il invité vivement les investisseurs des Pays-Bas à explorer les marchés congolais. ‘‘C’est maintenant qu’il faut prendre le meilleur risque d’investir en République Démocratique du Congo et d’amplifier vos affaires. L’avenir d’un Congo émergent dépendra également de vos investissements’’, a-t-il insisté. Ci-après, l’intégralité de l’intervention du PM Matata du haut de la tribune du Business Forum d’Amsterdam.
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
CABINET DU PREMIER MINISTRE
VISITE OFFICIELLE DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, CHEF DU GOUVERNEMENT AUX PAYS-BAS
VERS UN RENFORCEMENT DE LA COOPERATION ENTRE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET LES PAYS-BAS
Noordwijk, le 29 octobre 2014
I. Introduction
Permettez-moi, au nom de Son Excellence Monsieur Joseph KABILA KABANGE, Président de la République, Chef de l’Etat, d’exprimer mes sentiments de gratitude pour l’invitation adressée à la République Démocratique du Congo, à travers ma personne, en vue d’effectuer une visite officielle au Royaume des Pays-Bas. Mon pays est très honoré et a accepté vivement cette invitation adressée par Son Excellence Monsieur Mark Rutte, Ministre-Président des Pays-Bas, qui témoigne de l’excellence des relations de coopération entre nos deux pays.
Avant d’aller plus loin dans mon propos, je voudrais saisir cette occasion pour réitérer de vive voix les sincères condoléances du Gouvernement congolais au peuple du Royaume des Pays-Bas et à Sa Majesté le Roi Willem Alexander.
En effet, la République Démocratique du Congo a partagé le malheur qui avait frappé les Pays-Bas à la suite du crash du vol MH17 en Ukraine ayant entrainé la perte de toutes les personnes se trouvant à son bord, dont 154 passagers néerlandais.
II. Pays-Bas : ses principaux engagements en RDC
Les Pays-Bas sont pour la République Démocratique du Congo, confrontée de manière récurrente à des conflits armés, un des acteurs majeurs qui ne cesse de défendre sa cause pour le retour définitif de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région des Grands lacs. Ils nous accompagnent dans la mise en œuvre des réformes urgentes et indispensables pour garantir la paix et la sécurité des populations de l’Est de la RDC, à travers un soutien financier à la Stratégie de Stabilisation à l’Est du pays, STAREC en sigle.
Comme vous le savez déjà, avec l’appui de la brigade d'intervention de l'ONU, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo sont arrivées à bout des rebelles du Mouvement du 23 Mars, dit M23. Ces derniers ont jadis semé la terreur et causé de nombreuses violences contre les populations civiles dans la partie Est du territoire congolais. Depuis la fin de l’année dernière, un plan de paix a été signé à Nairobi au Kenya visant à assurer la sécurité dans cette partie du pays.
Compte tenu de la position géostratégique de la RDC dans la région, la paix et la sécurité constituent des gages devant permettre au pays de jouer un rôle économique primordial dans le cadre de l’intégration régionale.
Sur le plan des relations économiques entre la RDC et les Pays-Bas, je note quelques instruments économiques mis en place ces dernières années par la coopération néerlandaise.
Il s’agit notamment des programmes qui appuient le développement des infrastructures, des projets commerciaux innovants à travers la création d’une joint-venture entre une entreprise congolaise et un partenaire d’affaires aux Pays-Bas. Ces programmes soutiennent aussi des petites et moyennes entreprises congolaises par des conseils pratiques et les importations en provenance des pays en développement. Enfin, ils aident à renforcer durablement la position concurrentielle des exportateurs en les appuyant dans la vente de leurs produits sur les marchés européens.
Je voudrais réaffirmer ici l’engagement de mon pays à encourager une coopération structurelle avec les Pays-Bas, un des grands pays exportateurs des produits agricoles du monde et modèle de développement économique pour la plupart des pays africains.
J’invite donc les Pays-Bas à s’impliquer davantage dans la pacification, gage pour la reconstruction de la République Démocratique du Congo.
Aussi, je reste persuadé que les relations économiques entre nos deux pays seront mieux renforcées en développant une coopération soutenue et équitable entre les acteurs du secteur privé. Sans nul doute, le secteur privé constitue le moteur par excellence de création des richesses, d’emplois et de croissance économique.
III. RDC : l’un des «géants» d’Afrique aux multiples opportunités d’investissement
Depuis quelques années, la République Démocratique du Congo s’est résolument engagée dans des efforts de réformes visant notamment à stabiliser le cadre macroéconomique, à promouvoir la gouvernance, à améliorer l’efficacité de l’Etat, à lutter contre la corruption et à améliorer le climat des affaires, bref à soutenir une croissance durable.
Quelques résultats économiques illustrent la bonne trajectoire prise par le pays, confirmée, du reste, d’une part, par les institutions multilatérales dont le FMI, la Banque mondiale et la BAD, et d’autre part, par les agences internationales de notation, notamment Standard and Poor’s et Moody’s.
Sous le leadership du Président de la République, nous avons préservé la stabilité du cadre macroéconomique face à un environnement extérieur et intérieur difficile et maintenu une croissance économique vigoureuse et résiliente ces dernières années.
IV. Croissance économique en progression et principaux indicateurs économiques
En effet, d’une moyenne annuelle de 5,4 % entre 2002 et 2009, la croissance économique est passée à 7,4 % entre 2010 et 2013. En 2014, les estimations sur la base des réalisations de production aux six premiers mois situent la croissance à 8,9 %.
Vue sous l’angle des valeurs ajoutées, cette croissance est tirée par l’activité du secteur minier, les télécommunications, le commerce de gros et l’agriculture.
Vue sous l’angle de la dépense, cette croissance est soutenue par la consommation publique et l’investissement.
Cette performance en matière de croissance économique a été rendue possible par la stabilité remarquable du cadre macroéconomique. Cette situation tient à la mise en œuvre des politiques budgétaires et monétaires justifiant l’absence de choc majeur sur les prix. L’inflation s’est située, à la fin de 2013, à un niveau historique de 1,074 %, contre 2,72% enregistrée en 2012. Quant au taux de change, il est demeuré stable sur l’ensemble des marchés depuis février 2010.
Par ailleurs, le Gouvernement a mis en œuvre un train de réformes vigoureuses visant à dédollariser l’économie nationale, à développer les marchés financiers et à améliorer la gestion des finances publiques. La paie par voie bancaire des agents et fonctionnaires de l’Etat ainsi que des policiers et militaires a été généralisée sur l’ensemble du territoire national. De cette façon, le contrôle des effectifs de ces catégories socioprofessionnelles est assuré indirectement.
En outre, les circuits de la paie, lesquels exercent un impact important sur la circulation monétaire, ont été assainis.
Nous comptons tirer profit des progrès réalisés, consolider la stabilité macroéconomique et accélérer les réformes structurelles nécessaires pour promouvoir une croissance durable et inclusive.
En ce qui concerne la gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources naturelles, le Conseil d'Administration de l'initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) a déclaré la RDC « pays conforme », lors de sa réunion tenue le 2 juillet à Mexico au Mexique.
Enfin, les cotations respectives de Moody’s et Standard and Poor’s attestent des avancées réalisées par la RDC dans la bonne gouvernance économique.
V. Potentialités économiques
Des missions des hommes d’affaires des Pays-Bas prévues à la fin de cette année permettront de palper du doigt les réalités économiques de la République Démocratique du Congo, un pays aux immenses et multiples ressources naturelles. La République Démocratique du Congo reste l’un des «géants» de l’Afrique, avec une superficie de 2.345.000 Km². Son sous-sol est riche en minerais aussi variés comme le cuivre, le cobalt, l'argent, l'uranium, le plomb, le zinc, le cadmium, le diamant, l’or, l’étain, le tungstène, le manganèse ou le coltan, etc.
Le potentiel agricole de la République Démocratique du Congo est estimé à 80 millions d’hectares de terres arables, et 4 millions d’hectares des terres irrigables, un pâturage qui peut supporter 40 millions de bétails, 125 millions d’hectares de forêt tropicale et le potentiel de produire 700.000 tonnes de poissons.
VI. Amélioration du climat des affaires
En ce qui concerne les réformes relatives à l’amélioration du climat des affaires, des progrès notables ont été enregistrés et s’inscrivent dans la durée.
En effet, la création d’une entreprise constituait un véritable parcours de combattant. Il fallait 155 jours minimum, 13 formalités à accomplir auprès de différents Ministères et administrations et plus de 3.500 dollars américains à débourser.
Depuis la mise en place, en avril 2013, d’un Guichet Unique de Création d’Entreprise, le délai est limité à 3 jours, avec le paiement de 120 dollars américains pour les sociétés et 40 dollars américains pour les établissements individuels.
Pour lutter contre l’insécurité juridique et judiciaire et renforcer la protection des investissements, la RDC a adhéré à l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, OHADA en sigle. Pour renforcer ce dispositif sécuritaire, des tribunaux de commerce sont été installés progressivement dans tout le pays, et à l’heure actuelle, ils sont déjà disponibles dans les principales villes du pays.
Dans le même ordre d’idées, la loi portant ratification de la Convention de New York de 1958 sur les sentences arbitrales a été promulguée le 26 juin 2013 pour renforcer la sécurité juridique des transactions financières et commerciales.
En ce qui concerne le commerce transfrontalier, quelques changements majeurs ont été opérés, après un constat révélant plusieurs formalités à accomplir, soit 44 jours à l’exportation et 63 jours à l’importation des marchandises.
L’implantation du logiciel Sydonia Word a permis de résoudre partiellement la situation des procédures de douane. Actuellement, nous sommes encore à 13 jours à l’exportation et 25 jours à l’importation.
C’est dans cette perspective que le Gouvernement a conclu un contrat avec un opérateur privé pour la mise en place d’un Guichet unique intégral pour le commerce extérieur.
Dans les tous prochains mois, ce guichet permettra de dématérialiser la douane, avec une célérité dans les formalités à remplir et des coûts très compétitifs.
Concernant le paiement d’impôt et des taxes, la réforme majeure concerne l’instauration depuis janvier 2012 de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), fixée à 16%. Le délai de paiement a été fortement réduit, les échéances fiscales ont été fusionnées et un formulaire unique de déclaration d’impôt est en cours de finalisation. Quant au taux d’imposition sur les bénéfices et profits, celui-ci a été réduit de 40 à 35 %.
Des efforts remarquables sont accomplis pour rendre l’environnement des affaires plus attractif et assurer la sécurité juridique et judiciaire des investissements.
VII. Les opportunités en énergie électrique
Dans le domaine de l’énergie électrique, la RDC vient de libéraliser le secteur. La loi sur la libéralisation de l’électricité a été promulguée le 17 juin 2014 par le Président de la République Démocratique du Congo. Les investissements privés attendus dans ce secteur, concernant la production, la distribution et le transport de l’électricité, permettront de résorber le déficit énergétique et de relancer l’industrialisation à long terme du pays.
Présentement, le Gouvernement gère de grands projets qui concernent notamment : 1) la construction de la centrale Inga III, dont la capacité prévue est de 4.500 mégawatts, pour un coût de 12 milliards de dollars américains ; 2) la construction du Grand Inga, avec une capacité de 39.000 mégawatts, pour un coût de 60 milliards de dollars américains et la négociation des contrats d’exportation de l’énergie ; 3) la reconstruction des centrales hydrauliques et la construction des lignes de transport d’électricité, pour un coût de 6,4 milliards de dollars américains ; 4) la construction d’autres centrales afin de servir de sources d’approvisionnement en faveur des industries locales pour une capacité de 1.960 mégawatts.
VIII. La libéralisation du secteur des assurances
Le Gouvernement a déjà soumis au Parlement un projet de Code visant à libéraliser le secteur des assurances. Le nouveau Code des Assurances permettra ainsi au secteur privé de se positionner sur le marché congolais des assurances et des réassurances, longtemps monopolisé par la Société Nationale des Assurances.
IX. L’amélioration des infrastructures de base
Un des axes prioritaires du programme d’action du Gouvernement repose sur l’amélioration des infrastructures de base dans divers secteurs dont ceux du transport multimodal (fluvial, routier, ferroviaire, aérien et maritime) et de l’agriculture. Ces infrastructures devront tenir compte des évolutions tant démographiques du pays que technologiques.
Je suis convaincu que l’intervention des entreprises néerlandaises, ayant acquises une longue expérience dans ce domaine, et les investissements subséquents attendus, auront une forte incidence sur la croissance économique.
Ainsi, des projets de partenariat public privé pourront être conclus afin de relancer une agriculture moderne, à travers des parcs agroindustriels, de réhabiliter des chemins de fer (voies et locomotives), de réhabiliter et de moderniser des infrastructures aéroportuaires (pistes, tours de contrôle, blocs techniques et aérogares, équipements de navigation aérienne), d’acquérir des équipements de balisage et du dragage du fleuve, etc.
X. Conclusion
Je reste persuadé que votre participation à ce Business meeting va permettre de réécrire une nouvelle page des relations d’affaires et d’intensifier la collaboration économique entre la République Démocratique du Congo et le Royaume des Pays-Bas. A l’instar de la société néerlandaise Heineken/Bralima, l’un des fleurons de l’industrie brassicole en RDC, j’invite vivement les investisseurs des Pays-Bas à explorer les marchés congolais.
Comme dit le Professeur Peter Drucker, « la meilleure manière de prédire le futur est de le créer ». J’ai donc tenu à vous présenter une photographie de ce Congo qui se réveille et se relève grâce à la détermination du Gouvernement, conformément à la vision du Chef de l’Etat en vue d’atteindre l’émergence du pays dans les deux prochaines décennies. C’est maintenant qu’il faut prendre le meilleur risque d’investir en République Démocratique du Congo et d’amplifier vos affaires. L’avenir d’un Congo émergent dépendra également de vos investissements !
Je me place en défenseur bénévole des investissements étrangers en RDC.
Je vous remercie pour votre attention.