Le ministre de l’Industrie, Petites et moyennes entreprises, Rémy Musungay a cru s’attirer la sympathie de la majorité en rabâchant combien le projet de la construction d’une cimenterie à Kisangani était une initiative personnelle de Joseph Kabila. Effet boomerang.
A la queue leu leu, des députés, bien souvent de la majorité, ont exigé la démission du ministre Musungayi à la suite de ses réponses à la question orale avec débat lui posée, le 22 octobre 2014, par l’élu boute-en-train de Kisangani, l’honorable Awenze. Voilà 8 ans que le projet piétine. Pourtant la cimenterie est une promesse grâce à laquelle Joseph Kabila a massivement été voté lors de la présidentielle de 2006. En 2011, relève un député, le Chef de l’Etat candidat à sa propre succession a dû présenter ses excuses à la population boyomaise lors de la propagande pour la présidentielle de 2011. Zacharie Babaswe a, par exemple, déploré qu’il a été témoin de la pose de la pierre inaugurale des travaux par Joseph Kabila mais, quelques années après, il a fallu débroussailler le lieu pour retrouver la pierre posée par le Chef de l’Etat. Dans l’entre-temps, le site de l’implantation de la cimenterie de Kisangani a été délocalisé à trois reprises. Et de l’aveu même du ministre de l’Industrie, les matériels de construction de la cimenterie sont longtemps restés éparpillés ça et là et une dizaine des containers contenant des matériels destinés à la Cipor (Cimenterie de la Province orientale) ont échappé au contrôle de l’Etat.
Bien plus, ils auraient même été mis en vente sur autorisation de la justice r-dcongolaise. Musungayi aura beau brandir des correspondances de son collègue de la Justice Wivine Mumba selon laquelle les auteurs du détournement des matériels de la Cipor ont été arrêtés mais finalement relâchés. Mais en matière de correspondance, Musungayi a mauvaise presse. Un élu lui a rappelé la pseudo-ordonnance-loi du Chef de l’Etat dont il se targuait, il y a peu. Au fil de débat, les élus de la Province orientale (dont 54 de la majorité) se sont livrés à un véritable pugilat verbal contre Musungayi. Et le président de la Chambre basse, Aubin Minaku, chargé de la police du débat, a laissé passer des coups en dessous de la ceinture. «La légèreté d’un ministre de l’opposition !», a fulminé un…honorable. Musungayi s’est fait rappeler qu’il est de l’opposition. ( Le ministre de l’Industrie est en fait issu de l’ADR, un parti créé par des transfuges de MLC dont François Mwamba). Et par conséquent, il était la preuve que l’opposition n’était pas une alternative crédible. Ce que l’honorable Clément Kanku a vivement contesté sans toutefois avoir la parole. C’est un Musungay en groggy qui a sollicité un report pour répliquer aux préoccupations des députés. Minaku lui a accordé 48 heures. Vivace à la limite impulsif, Awenze pourrait transformer sa question orale avec débat en une interpellation sinon passer à une motion de méfiance. Nous y reviendrons le vendredi 24 octobre prochain.
POLD LEVI