Après le discours du Chef de l’Etat sur l’état de la Nation le 15 décembre dernier devant les députés et sénateurs réunis en Congrès, des commentaires fusent de partout, en sens divers. Le dernier en date, est celui de Martin Kobler, le Chef de la Monusco en Rd Congo qui s’est exprimé au sujet de l’organisation des élections. A ce sujet, et sans vouloir empiéter sur les prérogatives de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), le Chef de l’Etat a tenu à souligner les deux points suivants :
D’abord, que les élections sont, en Rdc, devenues incontournables pour l’accès aux plus hautes charges de l’Etat à tous les niveaux. On ne peut donc pas en faire l’économie, quelles que soient les difficultés. Toutes les élections prévues par les lois de la République seront donc organisées, conformément aux dispositions qui seront prises par l’institution compétente pour ce faire, à savoir la CENI.
Ensuite, qu’il est du devoir de l’Assemblée Nationale et du Sénat, de doter la CENI des lois dont elle a besoin pour mieux programmer les différentes échéances électorales.
« J’invite pour sa part le Gouvernement à mobiliser et à mettre à la disposition de la CENI, les ressources nécessaires pour la bonne organisation des élections », dit-il, avant de l’exhorter tout autant à appuyer, comme il sied, l’Office National d’Identification de la Population (ONIP), le résultat du travail de ce Service public étant nécessaire pour la bonne fin du processus électoral.
Le Chef de l’Etat a aussi évoqué l’effervescence qui, depuis un peu plus d’un an, agite une partie aussi bien de la classe politique congolaise que de la communauté internationale à propos dudit processus électoral. Aux acteurs politiques congolais, de quelque bord qu’ils soient, on peut contester le moment choisi, ou les arguments développés, mais non leur droit de susciter ou d’entretenir le débat sur des questions d’intérêt national.
On peut en revanche s’interroger sur le bien-fondé de l’auto-invitation, dans ce débat, de personnalités non congolaises, aussi bien intentionnées soient-elles.
Il en va de même de la tendance, fort marquée, de certains compatriotes d’en appeler systématiquement à l’étranger pour régler les différends entre congolais, comme si dans ce pays nous n’avions pas, collectivement, assez de sagesse et de maturité pour le faire nous- mêmes.
Ce comportement des uns et des autres est d’autant plus surprenant qu’il n’y a pas de crise politique en République Démocratique du Congo. Et, quand bien même une telle crise surviendrait, nous avons dans ce pays une tradition de dialogue qui en permettrait la gestion.
Réagissant hier mercredi à ces propos du Chef de l’Etat, Martin Kobler croit que c’était très clair ce qu’il a dit sur les élections. « Il veut avoir de bonnes élections et c’est ce qu’il dit toujours et nous sommes tout à fait d’accord d’avoir de bonnes élections. La communauté internationale voudrait bien voir très bientôt le calendrier global pour les élections », dit-il, avant de rétorquer qu’il ne revient pas à la communauté internationale de décider quoi faire à la place des Congolais. Mais pour être en position de financer les élections ensemble avec le PNUD et pour organiser la logistique, il faut avoir le calendrier global ».
Des divergences sur le retrait des Casques bleus
Même si Martin Kobler soutient Joseph Kabila en ce qui concerne l’organisation des élections qui sont une affaire des Congolais eux-mêmes, des divergences entre les deux ont apparu surtout en ce qui concerne la stratégie de retrait des troupes de la Monusco. Car en effet, s’agissant de la coopération avec les Nations-Unies en matière de maintien de la paix, Joseph Kabila a fait voir que le Gouvernement a récemment procédé, avec les Nations Unies, à une revue stratégique de la présence des Forces de la MONUSCO sur le sol congolais, prenant pour cela en compte l’évolution de la situation sur le terrain et la montée en puissance des Forces Armées de la République Démocratique du Congo.
Par-delà les modalités pratiques qui restent à préciser, cette revue a conforté la position du Gouvernement de la République, à savoir : que la situation sécuritaire qui, à l’époque, avait justifié le déploiement d’un si grand contingent des forces internationales dans notre pays a, depuis lors, fondamentalement changé pour le mieux ;
que les risques de sécurité qui exigent aujourd’hui une attention prioritaire sont ceux liés à la présence de ce qui reste des groupes armés étrangers, singulièrement les ADF-Nalu et les FDLR ;
que la gestion de ces risques exigent certes une expertise et un équipement spécialisés pour lequel le concours des Nations Unies demeure le bienvenu, mais qu’elle ne justifie cependant pas le maintien sur notre sol d’un contingent de 20.000 hommes ;
que l’heure est donc venue d’amorcer la réduction du nombre des casques bleus sur notre territoire.
Le contraire ne s’expliquerait pas pour un pays où il n’y a plus de guerre classique, où la protection des civils relève désormais plus des opérations de police que des opérations militaires et dont la situation sécuritaire générale s’est améliorée au point de lui permettre de se porter au secours d’autres frères et sœurs en détresse, comme il le fait si bien en République Centrafricaine, où les contingents des FARDC et de la Police Nationale Congolaise sont déployés sous la bannière des Nations-Unies, à la satisfaction de tous.
Pour Martin Kobler, Hervé Ladsous est en réunion en Europe avec les représentants du Gouvernement pour discuter de la stratégie de départ des troupes de la Monusco. Cette stratégie serait le résultat de la performance du Gouvernement dans plusieurs secteurs, notamment la stabilité du pays, la santé, l’éducation et les services de base. La Monusco se dit prête à partir lorsque la Rd Congo aura rétablit l’autorité de l’Etat sur l’étendue du territoire national.
Au finish, Martin Kobler pense que c’est le Conseil de sécurité qui va décider sur ça. « En consultation avec le Gouvernement, nous voulons assister le pays en créant le développement irréversible », dit-il, avant d’ajouter qu’on ne peut pas laisser la Rd Congo en état de pays fragile. En d’autres termes, la Monusco n’est pas prête à quitter le sol congolais. Ceci, même si à en croire le Chef de l’Etat, les conditions de leur présence massive ne sont plus justifiées.
L’Avenir