Le dialogue national inclusif durera deux semaines, immédiatement après l’installation du comité préparatoire. C’est tout ce qu’on peut retenir de la première sortie médiatique du facilitateur désigné de l’Union africaine. Pour des raisons faciles à deviner, Edem Kodjo est resté évasif sur des questions essentielles attendues par l’opinion nationale, notamment la date, la durée, le format et les termes de référence de ce forum national. Concernant le respect des délais constitutionnels, le Togolais s’est contenté de souffler le chaud et le froid.
Le Potentiel
Le facilitateur du dialogue national inclusif désigné par l’Union Africaine (UA), Edem Kodjo a, au cours d’une conférence de presse animée lundi 11 avril à son nouveau siège de Kinshasa, tenté de rassurer les uns et les autres sur la tenue effective du dialogue. Selon lui, le comité préparatoire du forum sera mis en place à la fin de la semaine. Cette étape devra précéder le début effectif de ce dialogue annoncé par le chef de l’Etat depuis l’année passée et qui est censé permettre la tenue d’élections apaisées.
Cependant, ni la date, ni le lieu, encore moins le format de cette grand-messe n’ont été révélés à la presse. La seule certitude, c’est que le dialogue se tiendra en deux semaines, sauf si d’autres détails l’étirent en longueur, avise Edem Kodjo avant de placer qu’« Il faut limiter les affaires dans un cadre précis, et pour cela, il faut définir une feuille de route » qui mette tout le monde d’accord durant les assises. Cette tâche, a-t-il indiqué, sera réservée au comité préparatoire qui sera installé d’ici à la fin de la semaine.
Identité d’approche entre Kodjo et la MP
Qui sera membre du comité préparatoire ? La désignation se fera de manière aléatoire ou sur la base d’un critérium ? Edem Kodjo estime que ce dialogue doit être inclusif : «Je souhaite que tout le monde soit présent et pas de procès d’intention. J’ai encore besoin d’avoir un peu de temps pour consulter même ceux qui ne sont pas chauds pour démarrer le dialogue avec nous parce qu’en tout état de cause, ils auront leur place parmi nous parce qu’il y a un dialogue inclusif. Le dialogue doit demeurer inclusif ».
En lisant entre les lignes, l’on découvre quele facilitateur embouche la trompette de la MP qui voudrait amener toutes les couches de la population à cette messe noire. Objectif : constituer une masse d’applaudisseurs qui vont se charger du brouhaha, du chahut et du vote par acclamation des décisions relatives au glissement et à la mise en place d’une transition qui rendra inévitable la révision constitutionnelle.
Comme la MP, l’ancien Premier ministre togolais indique que le dialogue va tout de même s’ouvrir avec ceux qui sont favorables à sa tenue.
Le chaud et le froid
Dans un langage ambigu digne d’un appât mal ficelé, Edem Kodjo promet, par ailleurs, de s’en tenir aux prescrits de la Résolution 2277 du 30 mars 2016. « A bon mentir, qui vient de loin », dit une sagesse africaine. Le Togolais croit qu’il est facile de rouler tous les Congolais dans la farine. Nenni ! Ceux-ci savent très bien que Mme la présidente de la Commission africaine de l’Union africaine (UA) a, par le biais d’un simple communiqué, l’a confirmé comme facilitateur du dialogue en RDC immédiatement après la publication de la R 2277 du Conseil de sécurité de l’Onu.
Cette décision du Conseil de sécurité a aidé Mme Nkosazana à récupérer son pion mis en ballotage après un premier ballon d’essai non concluant. En réalité, c’est la farouche résistance du G7 et autres regroupements de l’Opposition à l’initiative de l’autorité morale de la MP dont la finalité est le glissement du processus électoral et la mise en place d’une transition démocratique, une énième qui aura pour effet délétère de freiner l’élan démocratique pris depuis les années 90.
Réconforté dans sa nouvelle casquette, Edem Kodjo a repris du poil de la bête. Il use à la fois de l’habilité diplomatique et du ton de régent. Dans un appel du pied digne d’un habile diplomate à ceux (surtout de l’Opposition) qui hésitent encore, l’ancien secrétaire général de l’OUA a lancé sans ambages :« Venez, j’insiste sur le délai constitutionnel et sur le respect de la Constitution ».
Pince sans rire, il a rappelé qu’il est l’auteur de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et qu’il n’était « pasvenu pour violer la Constitution congolaise ». Comme renvoyer d’un revers de main méprisant ceux qui doutent de sa neutralité et de son impartialité, il a lâché : « Venez au lieu de poser des conditionnalités sur des idées préconçues », ajoutant que « Tous les jours qui passent ne nous permettent pas de dire que nous allons respecter ce délai constitutionnel ».
Voilà une approche qui confirme que le facilitateur souffle le chaud et le froid, quand bien même il prétendrait qu’il faudrait faire quelque chose avant le 24 avril, date qui rappelle l’instauration du multipartisme en RDC (ex-Zaïre). Cela réduit à néant ses craintes pour l’avenir de la RDC qu’il qualifie de « grand pays » au cœur de l’Afrique.
Mais en même temps qu’il exprime son vœu de respecter la Constitution, Kodjo lâche certains propos qui ont fait tiquer l’Opposition. (…) nous allons voir ensemble ce qu’on va faire pour que la vie continue », a-t-il laissé entendre. Tout de go, cette déclaration a poussé les « anti-dialogue » à douter de la bonne foi et de déduire que le facilitateur nommé par Mme Zuma serait en intelligence avec la Majorité présidentielle.