Deux journées de deuil à Beni

Lundi 8 décembre 2014 - 14:02

Réaction de la société civile suite au énième massacre.

Appel à la solidarité internationale pour mettre fin aux tueries à répétition.

La société civile décrète à partir d’aujourd’hui lundi deux journées de deuil sur toute l’étendue du territoire de Beni. Elle appelle à la solidarité internationale pour mettre fin aux massacres à répétition dans la zone de l’Est de la République Démocratique du Congo, meurtres souvent attribués à de présumés rebelles ougandais des Allied Democratic Forces (ADF).

Dans la nuit de samedi à dimanche 7 décembre à Manzanzaba, Ahili et Mulobya, villages situés à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de la ville de Beni, dans le territoire du même nom, dans la province du Nord-Kivu, des assaillants ont assassinés quelques 32 personnes.

Ce bilan émane de la société civile locale, qui a livré cette information. De leur côté, des sources officielles parlent d’une dizaine de morts. C’est aux environs de 20heures locales, samedi, que les hommes armés ont fait irruption dans les villages.

Abattus à la machette et à la houe

D’après des sources locales, arrivés à Manzanzaba, les agresseurs ont attaqué les habitants, tuant dix-sept personnes dont le chef de village et toute sa famille. Selon les mêmes sources, ces hommes se sont ensuite dirigés vers le village voisin d’Ahili. Sur place, ils ont abattu à la machette treize personnes.

Ces hommes armés ont également fait incursion dans le village de Mulobya, où ils ont égorgé deux autres personnes. La société civile du territoire de Beni fait un décompte de 32 personnes, dont des femmes et des enfants, abattus au cours de la même nuit. Le président de cette structure citoyenne, Teddy Kataliko, précise qu’il ne s’agit que d’un bilan provisoire.

Il s’agit des énièmes victimes de meurtres attribués aux ADF dans cette partie du pays. La série macabre ayant débuté en septembre dernier, avec 84 civils tués.

Le vendredi 3 octobre dernier dans la nuit, des hommes armés identifiés comme des rebelles ougandais ADF avaient attaqué la localité de Mukoko, dans le territoire de Beni.

Des sources locales avaient indiqué que les assaillants avaient tué trois personnes et kidnappé trois autres, à qui ils avaient fait porter les biens volés aux habitants de la localité. Selon ces mêmes sources, une des personnes kidnappées ayant refusé de porter les biens emportés par les assaillants avait été tuée à l’arme blanche.

Sept personnes avaient été tuées et treize autres enlevées dans la localité de Linzo Sisene, le 5 octobre dernier. Le lendemain, une attaque attribuée aux mêmes rebelles ADF avait fait huit tués dans les localités de May-Moya, Kisiki et Maibo, sur la route d’Eringeti.

Le 8 octobre, une autre attaque avait fait neuf morts dans la cité d’Oïcha. Une dizaine de morts, dont deux militaires FARDC, avait été également enregistrée en pleine ville de Beni le 2 novembre. Les rebelles de l’ADF ont encore tué, le jeudi 20 novembre, une cinquantaine de personnes à l’arme blanche dans les villages de Tepoimba et Vemba, à 10 km de Mavivi, en groupement de Batangi-Mbau.

Les autorités ont été unanimes à condamner ces massacres parfois effectués avec des machettes ou des houes. Ainsi dans un message le samedi 22 novembre dernier , le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Feller Lutahichirwa, avait condamné les massacres, estimant ces t actes inadmissibles et ne pouvant rester impunis « . »

Au moment où nous ressentions encore la profonde douleur des tueries d’Eringeti, de Mayi Moya, d’Oïcha, de Ngadi, de Munzambayi, voici un nouveau carnage qui vient alourdir le bilan des personnes tuées en l’espace d’un mois et demi, passant de 100 à plus de 200 personnes massacrées. Cette situation est inadmissible, et ces actes ne pourront pas rester impunis « , avait affirmé Lutahichirwa.

Une commission parlementaire réclamée

Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, avait rencontré le samedi 21 novembre dernier, les députés de Beni et Lubero. Ils avaient échangé sur les massacre des populations à Mavivi, ainsi que sur les arrestations de certaines personnes présumées impliquées dans les récents événements malheureux dans cette région.

Selon le ministre, ce qui se passe dans le territoire de Beni, qui est une zone opérationnelle des FARDC contre les forces négatives, n’est rien d’autre que du terrorisme destiné à créer l’inimitié entre le peuple et les militaires. Les députés pour leur part avaient réclamé la mise sur pied d’une commission parlementaire pour s’enquérir des circonstances des nombreux massacres survenus dans ce territoire.

Quant à Mbusa Nyamwisi, originaire du territoire de Beni, ancien ministre et président du RCD/KML, désormais en exil, il a accusé des responsables, des forces armées congolaises (FARDC), sur place à Beni, d’entretenir l’insécurité en se faisant les complices des rebelles ADF-Nalu. Affirmation vertement démenties par Kinshasa.

J. Kabila à Beni

Pour sa part Vital Kamerhe, de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) il a affirmé que la question de l’armée est tellement sérieuse qu’au regard de la recrudescence de l’insécurité et des atrocités d’une violence rare à travers les pays, cette question nécessite un débat national. C’était également l’avis de Lisanga Bonganga, du Front populaire.

Joseph Kabila s’est rendu à Beni le mercredi 29 octobre, près d’un mois après le début des tueries, officiellement dans une » mission de compassion avec la population « .

S’exprimant devant la population de Beni, le locataire du Palais de la Nation avait notamment déclaré, dans une allocution en swahili : » Les ADF [Forces démocratiques alliées, NDRL] doivent comprendre que nous allons les vaincre. Ceux qui pensent que nous devons négocier avec les ADF, qu’ils oublient, car la réponse est non.

On ne peut pas négocier avec les terroristes « . Mais des voix se sont élevées au sein des populations de cette partie du pays pour déplorer le manque d’empathie du numéro un congolais avec les gens.

Mais les assassinats avaient repris après le départ de J.Kabila de Beni, provoquant la colère des gens. Une émeute avait éclaté dans la ville. Des manifestants avaient déboulonné la statue du » raïs « , pour protester contre l’inefficacité de l’armée.

Par YHR

 

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