Kasa-Vubu. Au début du mois de novembre 2014, Kabeya wa « Dollars », homme d’affaires très discret dans cette commune de Kinshasa, mais bien connu dans les milieux diamantaires de Kananga, connaît une baisse d’activités avec la chute des cours du diamant. Sa mésaventure démarre par un banal appel téléphonique. Cet acheteur de pierres précieuses auprès des creuseurs locaux, a reçu d’abord, comme il faudrait le signaler, une communication téléphonique pro venant d’un homme d’affaires congolais résidant actuellement à Kampala, en Ouganda. L’inconnu à l’accent de lingala très kinois, a prétendu le connaître, puisqu’il a dit qu’il était l’ami de son petit-frère Thierry Mulumba, présentement installé à Johannesburg.
Au cours de cette communication téléphonique, le mystérieux correspondant paraissait bien informé sur la situation familiale du diamantaire et de son clan.
Il s’est alors mis à demander les nouvelles de ses sœurs et frères, mais aussi celles des tantes et des oncles dont certains seraient déjà morts. C’est ce qui a mis totalement en confiance Kabeya wa « Dollars ». Malheureusement, il va s’engager dans des opérations d’achat d’une racine surnommée « Deliere », sans consulter son jeune frère de Johannesbourg. Cet excès de confiance va lui coûter très cher en termes de moyens financiers.
Les jours suivants, le fameux correspondant qui répondait au pseudonyme de « Papytex », s’est empressé de brancher cher l’acheteur de pierres précieuses sur le vendeur de ces racines habitant Kasangulu. Une première rencontre eut lieu pour la présentation d’un échantillon. Un commissionnaire membre de ce réseau d’escrocs, passant pour un laborantin d’une grande usine pharmaceutique de Kingabwa, a confirmé sa teneur en vertus curatives.
Kabeya wa « Dollars » tout souriant peut désormais rêver d’une remontée dans les affaires en chute libre. D’ailleurs, comme il acquiert la botte à 1.000 dollars, le colis lui rapporte 3.000 dollars. Voilà pourquoi il s’est endetté pour conclure un marché de 15.000 dollars avec l’espoir d’empocher 45.000 dollars.
Achats effectués, des sacs de racines sont soigneusement emballés et remis à un autre membre de la bande pour l’expédition à Kampala. En décembre, l’acheteur de pierres précieuses attendra en vain, que « Papytex » lui fasse le transfert des fonds provenant de la vente de premiers colis expédiés.
Curieusement, tous les numéros, aussi bien des vendeurs de racines que des agents chargés de l’expédition, ne répondaient plus. Pire, les jeunes-gens étaient devenus introuvables dans les rues de Kinshasa. En parlant à ses amis, Kabeya wa « Dollars » s’est rendu à l’évidence qu’il était victime d’une escroquerie. C’était trop tard.
Paul Nkusambo hébergeait un membre du réseau dans sa maison
Paul Nkusambo, homme d’affaires de son état, dépositaire d’une marque de boissons, a été contacté le 20 décembre dernier, par deux jeunes- gens venant de Luanda. Objet de cette visite insolite ? Lui proposer un marché de racines aux vertus curatives dont on dit qu’elles sont très recherchées dans les usines brésiliennes. Et c’est à Luanda que des commissionnaires font des achats avant d’expédier la marchandise à Sao Paulo et à Brasilia.
A l’aveuglette, il décide de se lancer dans ce nouveau marché sans prendre des précautions d’usage, ni demander l’avis de ses amis. Un escroc au curieux nom de Pedro profitera de la confiance lui témoignée, pour solliciter d’être hébergé par la victime. Cette dernière a libéré une chambre à coucher pour le jeune homme. Des achats de racines se faisaient au compte-gouttes, sous prétexte que le produit était rare et cher.
Emballé par les baratins des escrocs, Paul Nkusambo va débourser la première fois 12.500 dollars, puis 7.500 dollars, avant de compléter avec 30.000 dollars. Ce qui faisait 50.000 dollars. Il espérait récolter de ces exportations vers Brésil, pas moins de 150.000 dollars.
Et depuis que les colis ont été envoyés en Angola, le dépositaire des boissons attend la réponse des commissionnaires basés à Luanda. Faute de suite, il enverra Papytex pour s’enquérir des exportations vers le Brésil.
Le jeune escroc en a profité pour s’évanouir dans la nature, sans laisser des traces. Aujourd’hui, Paul Nkusambo est inconsolable.
Encore une fois, les escrocs spécialisés dans la vente de racines aux fausses vertus curatives continuent à frapper à Kinshasa, après avoir fait de nombreuses victimes parmi les hommes et femmes d’affaires.
La police provinciale ville de Kinshasa recherche ces malfaiteurs qui n’auraient pas encore quitté la capitale, et se cacheraient dans certains quartiers.
Affaire à suivre!
J.R.T.