L’actualité en RDC est dominée par la publication des ordonnances présidentielles relatives au découpage territorial, quelques semaines seulement, après la prise de connaissance par l‘opinion tant nationale qu’internationale, du calendrier électoral global, dont la majorité des acteurs sociopolitiques congolais réclament un véritable consensus, pour un processus électoral apaisé.
A cet effet, nous proposons les observations suivantes pour éclairer la lanterne de l’opinion :
Bien que constitutionnels, les actes du chef de ‘Etat sont irrationnels, irréalistes et conflictogènes. Dans ce sens qu’ils ont été confectionnés dans la précipitation, sans tenir compte du contexte socio-politico financier de l’heure. Ce, à l’aube de l’organisation des élections dont le calendrier devant encore requérir un véritable consensus pour sa matérialisation fructueuse, au bénéfice de tout le monde.
L’examen et l’adoption des lois essentielles en rapport avec le découpage territorial, par le parlement, n’étaient assortis d’aucun caractère contraignant, pour leur mise en œuvre en ce moment. Et même alors, en tant que garant de la constitution et du bon fonctionnement des institutions ; Magistrat Suprême, le Chef de l’Etat devrait au préalable, réunir toutes les conditions substantielles de l’applicabilité efficiente et efficace de cet arsenal juridique relatif au découpage territorial, en vue de la “ cohésion nationale.” tant souhaitée par lui-même. Le contraire serait un vœu pieux et une vaine terminologie.
A cet égard, la famille politique du Président de la République est tombé dans un juridisme ou constitutionnalisme suicidaire, en ignorant les réalités actuelles de la base, mais tout en se fondant sur les considérations politiciennes de quelques agitateurs politiques de tout bord, qui veulent, tous les moyens sont bons, émietter le pays afin d’être des roitelets dans leurs coins respectifs. Or, la décentralisation n’est pas nécessairement synonyme du découpage territorial. On peut, volonté politique aidant, décentraliser fructueusement ce pays sans passer par un découpage précipité.
On peut nous rétorquer que le président a joué son rôle, au regard de ses prérogatives constitutionnelles. Mais, combien de lois essentielles pour la vie de la nation ont été examinées et votées par le parlement, sans être sanctionnées par les ordonnances présidentielles C’est en l’occurrence, les lois relatives à la réforme de l’appareil judiciaire, spécialement la mise en place de la cour constitutionnelle. Si je1ie m’abuse, presque 2ans se sont écoulés, sans que cette cour soit opérationnelle, Peut-être, ce retard est dû, au fait qu’on était à la quête de conditions de possibilités de viabilisation de l’environnement judiciaire. Il y va de même pour l’installation de nouvelles provinces.
La précipitation avec laquelle, le pouvoir actuel tient mordicus aux 26 provincettes, constituent une voie royale à la guerre civile interprovinciale, inévitable. Un député de renom n’a t-il pas souligné” Cette précipitation quo rien d’objectif ni de rationnel ne peut expliquer â ce jour, risque de faire éclater l’Etat congolais en 26 principautés misérables et fortement tribalisées “ j’illustre cela avec le découpage opéré au Kasaï Oriental actuel, qui s’éclate en 3 provincettes fortement tribalisées avec tout ce que cela comporte comme conséquences incalculables. Il s’agit de la provincette des TETELA (Sankuru), Luba (Kasaï Oriental), Songo-Kanyok (Lomami). Donc, des provincettes conçue politiciennement sur bases linguistiques. C’est lors de tracés ou limites interprovinciaux et autres entités territoriales décentralisés et déconcentrées que les Romains vont s’empoigner. Quelle est cette famille, par exemple, qui acceptera par contrainte administrative et sociologique, d’abandonner ses activités vitales (champs, pêche, élevage, etc) au profit des « autochtones » créés de toute pièce dans des bureaux climatisés de Kinshasa.
C’est une manifestation de la cécité politique de croire qu’actuellement, au regard de la complexité et de la multiplicité des problèmes administratifs, financiers et sociopolitiques à affronter pour l’organisation des élections, qu’on puisse concomitamment installer 26 provincettes, 26asse.mblées provinciales, 26 gouverneurs et Vice-gouverneurs, 26 commissaires provinciaux de police nationale, 26 régions militaires, 26 chefs de divisions provinciaux, 26 directeurs régionaux de services spécialisés et de renseignements, 26 cours d’appel, 26 parquets généraux, etc. Et ce, dans quel environnement social, matériel et infrastructurel ?
Que conclure ?
Pour une véritable cohésion nationale, gage de la paix et frein à la guerre civile interprovinciale, inter-entités territoriaux décentralisées et déconcentrées. Il est salutaire : Que le Chef de l’Etat puisse sursoir à ses ordonnances sur l’installation de 26 provincettes conflictogènes. Sinon elles seront des lettres mortes comme dans les années 60; Que le parlement se saisisse du dossier en cette session de mars Que tous ceux qui se sentent intéressés par cette question vitale initient de tonnes de pétitions, conformément à la loi : Que de le référendum soit organisé au niveau de l base concernée avant tout découpage, tel que préconisé par la Conférence Nationale Souveraine (CNS) dont, toutes ses résolutions constituent encore une mine d’or de référence Tout acharnement sur le découpage territorial hic et nunc est un arbre qui cache la forêt Penser à la viabilisation et modernisation digne de ce nom de toutes les provinces actuelles. Ce qui préoccupe le peuple congolais actuellement, c’est le transfert pacifique, rationnel et démocratique du pouvoir en 2016.
Fait à Kinshasa, le 14/03/2015
Achille MUTOMBO –CYAJI
(Philosophe. Acteur Sociopolitique)