Dans une déclaration faite par son conseiller-secrétaire : La Fésa/CDT pour l’alternance au pouvoir et une Constitution stable

Vendredi 10 octobre 2014 - 13:19

La réhabilitation des délégués syndicaux des régies financières arbitrairement révoqués réclamée.

La Fédération de santé du syndicat de la Confédération démocratique du travail (CDT) a, par la voix de son conseiller-secrétaire Paul Muamba, donné le lundi 06 Octobre 2014 sa position sur les deux questions d’actualité brulante, notamment le débat autour de la révision constitutionnelle et sur le mandat de qui peut parler au nom du peuple congolais.

1. De la révision constitutionnelle

A propos du débat autour de l’opportunité de réviser l’actuelle Constitution de la RD Congo, la Fésa/Cdt se prononce pour une constitution consensuelle et stable qui, comme l’établit John Marshall, président de la Cour suprême de justice des Etats Unis d’Amérique dans l’affaire McCulloch contre l’Etat du Maryland 1889, résiste à l’usure du temps et transcende des générations entières des politiciens à qui sont accordés les mêmes chances d’accès et de conservation du pouvoir politique.

Elle » s’attache au principe de l’alternance au pouvoir, tous les cinq ans, autant qu’elle s’oppose fermement à l’idée des hommes politiques qu’on voudrait considérer et présenter comme providentiels et dont l’indispensabilité prédisposerait à gouverner jusqu’à la mort et à verser dans une routine stérile au détriment du peuple et de jouissance égoïste de tous les tenants du pouvoir au point, un jour, d’être chassé du pouvoir comme des malfrats, ce fut le cas des mobutistes de triste mémoire par l’Afdl « .

Fustigeant l’idée d’un président en exercice qu’on voudrait considérer comme incontournable en le personnifiant au pouvoir pour avoir réussi à remettre la Rdc debout dans une guerre destinée à la balkaniser, la Fésa/Cdt renvoie au cas historique du Général Charles de Gaulle qui se voulait indispensable dans la gouvernance de la France pour l’avoir libérée de l’occupation allemande lors de la deuxième guerre mondiale, et qui s’entendit dire, par le peuple français, que sans lui la république française demeurera à jamais debout.

Pour la Fésa/CDT, cela est aujourd’hui une certitude et une réalité historique valable aussi pour la Rdc conformément au principe de droit constitutionnel selon lequel le roi est mort vive le roi.

En clair, la Fésa/Cdt dit soutenir le principe de la préservation et de l’observation stricte des lignes maitresses qui caractérisent notre Constitution au point 4 de son exposé de motif qui n’autorise pas à un président en cours de mandat de prétendre un troisième mandat électif donnant ainsi à la Rdc la chance de se donner en 2016 un président de la République neuf, capable d’apports différentiels nécessaires à l’avancement de la nation.

» Dans le fond, que peut-on encore attendre d’un pouvoir politique qui, manifestement, a marqué ses limites par son incapacité à exécuter jusqu’à son terme son propre programme politique, pourtant le plus clair, le plus évident et le mieux conçu que ce pays ait élaboré, les cinq chantiers du chef de l’Etat, l’abandonnant en si bonne route pour embrasser un autre si pas d’autres au contenu connu du seul géniteur aussi aux contours flous : la révolution de la modernité, cap sur l’émergence à l’horizon 2030 ? « , s’interroge M. Paul Muamba qui qualifie cela d’une » pure diversion politique à la Mobutu « .

La Fédération de la Santé/CDT estime que » ceux qui gèrent une république ont l’obligation du résultat. Un résultat qui donne satisfaction au peuple.

Ces responsables politiques exercent les pouvoirs qui leur sont accordés aussi longtemps que le peuple est satisfait de leur conduite et de la façon dont ils gèrent les affaires publiques. Le peuple peut de diverses manières exprimer sa volonté et rappeler aux représentants de l’autorité que bien que dirigeants de la nation, ils n’en demeurent pas moins les serviteurs du peuple ».

L’expression de cette volonté du peuple est une démarche qui est du ressort des organismes et des forces politiques qui ont comme rôle de les prendre en charge, car mieux inspiré pour ce faire que lui, cet amas diffus à qui il faut donner une âme.

2. Du mandat de qui peut parler au nom du peuple congolais

Parlant de la thèse selon laquelle seuls les élus du peuple sont habilités à parler au nom de ce dernier du fait d’avoir reçu de lui le mandat politique, la Fésa/CDT estime que cette théorie a marqué ses limites au point qu’on lui oppose aujourd’hui celle des relais en démocratie.

En effet, en démocratie, aussitôt la délégation des pouvoirs à ces élus assurés aussitôt le peuple se retire de la scène politique où il ne rentre qu’à la fin du mandat pour un vote-sanction. Mais, une fois le pouvoir acquis, les détenteurs du pouvoir constitués en un corps d’intérêts généralement différents de ceux promis durant la campagne électorale, profitent du moment du retrait du peuple de la scène politique pour l’écraser et l’étouffer.

Pour éviter cet écrasement sinon pour minimiser son impact, on a recouru à la notion des relais en démocratie que sont les corps intermédiaires, organismes de tout genre (église, parti politique, syndicat…) et les forces politiques, personnalités de tout bord. Aussitôt le peuple retiré de la scène politique aussitôt ils s’emploient à le relayer dans son exercice du pouvoir politique, tant, mieux que lui, ils ont, au regard d’immenses et diverses compétences qu’ils détiennent, une juste lecture et une adéquate intelligence des moindres faits et gestes des gouvernants au point d’en devenir des contre -poids indiqués.
Pour la Fésa/CDT, ces corps intermédiaires » s’imposent comme la sentinelle du peuple, son œil et son oreille, prête à sonner le tocsin pour le réveiller et l’éveiller pour qu’avec lui ils veillent ensemble sur son sort chaque fois qu’un acte politique posé est contraire à ses intérêts « .

Et d’ajouter que » le monde, ce jour, abonde des cas illustres offrant des modèles de l’application de cette théorie, dont le plus saisissant et le plus inspirateur de tous demeurera, à nos yeux et à coup sur, l’action salvatrice pour le peuple noir américain mené par une force politique d’exception, un homme de Dieu, Martin Luther king jr. qui, à la tête d’un corps intermédiaire, la Conférence des dirigeants chrétiens du sud (Sclc), a pendant plus de dix ans incarné la lutte du peuple noir américain pour la quête et la conquête de la jouissance de ses droits civiques « .

M. Paul Muamba soutient que cette » lutte héroïque d’un prince de l’église baptiste à côté des princes d’autres confessions religieuses du sud des Etats-Unis, avec comme seule arme de combat la contestation, a dû payer « . Et il rappelle, à titres d’exemples la loi sur les droits civiques signée le 02 Juillet 1964 par le président démocrate B.L. Johnson et la loi sur le droit de vote signée encore par celui-ci le 06 août 1965.

Parlant de la RDC, la Fésa/CDT considère que » la Conférence épiscopale nationale du Congo, avec ses braves princes, représente justement cette voix, cette vision et ce chemin auxquels s’accrocher pour sauver le Congo, voué à l’esclavagisme des forces obscures tapies dans l’ombre où elles se livrent froidement à un jeu d’échec, fondement de leur perfidie « . et d’ajouter qu’ » à cette heure, la Cenco et ses princes constituent pour la Rdc le contre-poids de taille face à un pouvoir révisionniste à souhait développant une propension pour un coup d’Etat institutionnel permanent le conduisant imperturbablement vers l’installation d’un pouvoir du type oligarchique « .

Ausii Paul Muamba a-t-il exhorté les princes de la Cenco » à ne reculer devant rien, surtout pas devant les jérémiades des communicationnels qui ont tout à justifier de leur routine.

Sinon, ce serait un acte de non assistance à la Rdc en danger « .

» Qui a dit que les princes de l’église et l’église catholique en Rdc ne peuvent pas se mêler de la politique ? » s’interroge la Fésa/CDT en rappelant qu’avant Martin Luther King jr, l’église baptiste soutenait massivement le président Abraham Lincoln dans sa lutte, au prix de sa vie, pour l’égalité des citoyens et de ce fait de l’affranchissement de l’homme noir des Etats Unis d’Amérique.

Paul Muamba va jusqu’à rappeler les cas de Monseigneur Makarios et Jean Bertran Aristide qui furent chefs d’Etat, l’un de Chypre et l’autre d’Haïti, et celui de l’abbé Malu Malu, président de la CENI et qui fait ainsi de la politique. Pourquoi pas son église ?
Pour la Fédération de la Santé de la Confédération Démocratique du Travail » la laïcité n’implique pas qu’un corps religieux ne puisse pas se mêler de la politique mais qu’il n’y a pas dans le pays qui la pratique une religion d’Etat « .

A quand la réhabilitation des délégués syndicaux des régies financières révoqués arbitrairement ?
La Fésa/CDT fustige par ailleurs le mutisme affiché par plusieurs élus qui prétendent parler au nom du peuple au sujet du sort actuel des délégués syndicaux des régies financières révoqués arbitrairement.

» Il y a quatre ans, le président de la république a pris un acte de révocation irrégulière des délégués syndicaux des régies financières au seul motif d’avoir rappelé au gouvernement de la république, dans le partage de la prime de performance , de respecter l’échéance de paiement, car cette prime souffrait toujours du non paiement aux échéances échues convenues. A ce jour, quel est cet élu qui s’est mis debout pour dénoncer le caractère injuste et irrégulier de cette décision présidentielle ? Aucun ! « , constate Paul Muamba.

Pour la Fésa/CDT, » Persister dans le maintien d’une révocation irrégulière des délégués syndicaux des régies financières s’appelle tout bonnement un abus de position à dénoncer au regard de la doctrine et de la loi « . Car, ces délégués syndicaux jouissent de la présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire, conformément à la Constitution en son article 17, alinéa 9 qui consacre le principe de la présomption d’innocence dont ils n’ont pas été bénéficiaires.

Nous nous permettons de vous interpeller pour que dans ce dossier vous assumiez toute votre responsabilité en votre qualité de garant du respect de la loi et ce au regard des articles 12 et 62 de la constitution, faisant obligation à tous de respecter la constitution et de se conformer aux lois de la république.

La Fésa/CDT termine en rappelant au chef de l’Etat, le président Joseph Kabila Kabange, » qu’une constitution est un cadre qui fixe les règles du jeu politique. Et qu’on obéit avec limite « .

Ceci pour dire que son non à la démarche de révision constitutionnelle amorcée par ses collaborateurs est attendu comme un acte de salut qui peut l’immortaliser comme l’un des rares chefs d’Etat africains à s’être inscrits dans le panthéon de ceux qui sont partis volontairement, comme ce fut le cas de Léopold Sédar Senghor, Nelson Mandela, et d’autres.

Pour la Fésa/CDT, si Joseph Kabila dit oui, à la révision de la Constitution, du reste, ce serait la confirmation de la logique d’un homme venu autocratiquement au pouvoir et qui veut s’y accrocher par tous les moyens contre la volonté du peuple.

Tout en relevant que l’actuel chef de l’Etat est sorti manifestement affaibli des élections organisées en 2011, la Fésa/CDT fait aussi remarquer que » la légitimité qui en a résulté est continuellement contestée qu’il ne serait pas indiqué de remettre en cause l’ acquis essentiel de Sun City, une Constitution consensuelle que le gros de Congolais voudraient suffisamment installée pour de longues années encore « .

Par DMK

 

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