DEA de Matata à l’UNIKIN : une récupération politique qui déshonore l’université 

Vendredi 11 mars 2016 - 11:20
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Comment un diplôme d’études approfondies peut avoir de telles répercussions jusqu’à dépasser le seul cadre académique de l’Université de Kinshasa (UNIKIN)? Par devoir d’informer, Le Potentiel s’est chargé de mener sa propre enquête. Après recoupement des faits et multiples confrontations, il est en mesure de livrer les conclusions de son enquête. Que s’est-il donc passé lors de la défense du mémoire de DEA du Premier ministre, Matata Ponyo Mapon. Reconstitution des faits.

 

Com ment un dossier purement académique s’est retrouvé sur la place publique ? On peut comprendre que la personnalité du récipiendaire, Premier ministre de son état, ait peut-être influencé cette cause. Ce qui étonne. Car, lorsque l’université module le traitement de ces étudiants ou ces apprenants en fonction de leur statut social, il y a bel et bien une inversion.

Que se serait-il passé si Matata Ponyo Mapon, parce que c’est de lui qu’il s’agit, n’était pas Premier ministre-? La défense de son Diplôme d’études approfondies (DEA) en Economie publique et du développement serait passé totalement inaperçu. En effet, personne, dans la ville comme ailleurs, n’aurait été mis au parfum de cette défense. Car, chaque jour qui passe, un étudiant ou un apprenant défend son mémoire ou sa thèse devant un jury à l’Université de Kinshasa. Combien sont au courant de toutes ces défenses? En tout cas, c’est juste un cercle restreint.

 

LES FAITS QUI DÉDOUANENT MATATA

Mais, pourquoi tant d’acharnement sur la défense d’un mémoire qui a suivi toute la procédure prévue en la matière. La réponse est bien simple. C’est la qualité du récipiendaire qui soulève toute ce tumulte. Et de cette procédure dont certains disent avoir été contournée, qu’en est-il exactement? Pour s’eh convaincre, il faut se référer au procès-verbal de délibération de la session 2005-2006 des apprenants inscrits en 1ère et 2 année de DEA à la faculté des Sciences économiques de l’UNIKIN. Ces documents existent.

 

Après une minutieuse enquête, le mystère a été percé. Sur la grille de délibération des apprenants inscrits en 2ème année de DEA, on retrouve bel et bien le nom de Matata Ponyo Mapon qui affiche une cote de 71%, avec mention AM (ajourné pour mémoire). Qu’est-ce à dire ? Pour ceux qui connaissent les mœurs universitaires, la mention AM signifie que l’apprenant a réussi à toutes les épreuves orales et écrites des examens, mais il lui reste cependant la défense de son mémoire devant un jury.

 

C’est donc à cette fin que feu le professeur Mubake Mumeme, alors chef de département des Sciences économiques, va convoquer à la date du 24 mars 2009 la réunion du Conseil facultaire pour, entre autres, désigner tous les membres des jurys de défense des mémoires de DEA. Le 28 mars 2009, le Conseil facultaire va enfin statuer sur la question en désignant pour chaque apprenant les membres de son jury.

 

Pour sceller cette décision, le chef du département des Sciences économiques adressera au doyen de la faculté, le professeur Tiker-Tiker, la lettre de transmission faisant mention de la composition de tous les jurys de DEA.

L’on se rappelle qu’à cette époque, Matata n’est ni ministre des Finances, ni Premier ministre. Il assumait alors les fonctions de directeur général du Bureau central de coordination (BCECO). Pour sa défense en DEA, il avait un titre osé : « Un Etat fort pour le développement économique de la République démocratique du Congo ». Mais, dans sa version finale, le travail sera présenté sous l’intitulé : « Des institutions fortes pour le développement économique de la RDC ».

La sensibilité d’un tel sujet était presqu’incompatible avec les fonctions qu’il a assumés tour à tour, à savoir ministre des Finances entre 2010 et 2012 puis de Premier ministre depuis avril 2012. Il a fallu choisir le bon moment. Pour ne pas blesser certaines sensibilités politiques. L’évènement de l’UPC a servi de déclic.

 

En défendant plus tard son mémoire de DEA, soit en 2015, six ans après les épreuves des examens en DEA, Matata Ponyo Mapon n’a pas voulu se soustraire des procédures académiques prévues en la matière. Bien au contraire. Est-ce que le fait d’avoir défendu devant un jury recomposé pouvait remettre en cause la qualité de son mémoire ou entacher la régularité de la procédure ? Loin s’en faut. Car, entre. 2009 et 2015, deux professeurs, à sa- voir Mubake et Bongoy, tous deux membres du jury de défense, n’étaient plus disponible. Le premier, Mubake, est mort quelques années plus tôt, alors que le deuxième, Bongoy, était en soins médicaux à l’étranger.

 

Le doyen, le même depuis 2009, le professeur Tiker-Tiker était donc en droit de recomposer le jury de défense de Matata, se référant à la lettre de transmission lui adressée en 2009 par feu le professeur Mubake.

 

Fallait-il reprendre toute la procédure en annulant toutes les décisions de mars 2009 ? Matata était-il le seul apprenant de sa promotion de DEA à subir un changement des membres du jury. En effet, en consultant le procès-verbal des délibérations de la session 2005-2006 des examens de DEA, l’on se rend compte qu’il y a eu des jurys qui ont été recomposés. L’un de ces apprenants, aujourd’hui professeur à la faculté de l’Economie de l’Unikin, s’est retrouvé dans cette situation. S’en est- on ému ? Pas du tout. Alors, en quoi Matata fait-il exception. C’est juste parce qu’il est Premier ministre. Ne pouvant l’affaiblir sur le terrain politique - ses résultats économiques jouant pleinement en sa faveur - ses détracteurs se sont déportés à l’université, en instrumentalisant certains professeurs.

 

L’acharnement autour de DEA de Matata a des soubassements politiques. C’est une certitude. Le plus révoltant, c’est de voir l’université servir de champ de bataille à un combat politique qui pouvait bien se dérouler ailleurs. Car, autant sur la procédure de défense que sur la qualité du mémoire de DEA défendu par un jury recomposé - deux de ses membres ayant été frappé d’indisponibilité - le travail de Matata a le mérite d’avoir abordé un sujet courageux, en ce temps de refondation de l’Etat congolais.

 

TOUT EST PARTI DE L’UPC

Tout est parti de l’UPC. Le professeur Tshiunza est compté parmi les principaux artisans du nouveau défi académique s’était lancé Matata. Car, c’est lui - le tout premier - qui a exprimé, ce jour-là au jardin des Premiers dans son témoignage de circonstance, juste après l’élévation de Matata au grade de docteur honoris causa de l’UPC (Université protestante au Congo), l’intérêt pour le Premier ministre Matata de pousser plus loin ses recherches jusqu’à la défense d’une thèse de doctorat. Le vice-gouverneur Bondombe de la Banque centrale du Congo avait également abondé dans le même sens.

Leurs témoignages ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd.

 

Aussi, pour Matata, la défense de son mémoire de DEA pour se voir ouvrir le chemin d’une thèse de doctorat devenait-elle une urgence. C’était la meilleure manière de répondre à l’appel de son maître, le professeur Tshiunza, le même qui l’a suivi dans ses premiers pas d’économiste-monétariste. C’est un mémoire, prêt depuis 2009, qui a été soumis à la sanction de la faculté d’Economie de l’Unikin devant un jury composé suivant les normes universitaires.

 

Est-ce que cette défense s’est fait en cachette, comme le prétendent certaines langues. Des sources internes de la faculté attestent tout le contraire. Car cette défense, confirment-elles, a été publique, par ailleurs affichée au jour et heures précises dans les valves de la faculté. C’est compte tenu de l’exiguïté de la salle de conseil facultaire, endroit prévu pour cette défense, que juste un nombre restreint a pu assister à la défense.

 

Vu sous cet angle, on a du mal à comprendre le grand battage médiatique fait autour de cette défense. Pourquoi d’autres apprenants dont les jurys de défense de DEA avait également été modifié sur décision du doyen, le professeur Tiker-Tiker, ont-ils été exemptés.

 

Autant dire que l’acharnement sur le DEA d Matata dépasse le seul cadre académique. C’est un combat politique d’arrière-garde qui n’a pour seule visée affaiblir l’homme, le dénigrer aux fins de remettre en cause sa probité intellectuelle. Ses détracteurs attendent de ce fait récupérer cet incident - qui n’existe que dans leur tête - pour l’éjecter de son perchoir de chef du gouvernement. Des coups en dessous de la ceinture qui ont totalement raté leur cible. Le chien qui aboie pendant que la caravane continue sa course, Matata est concentré sur son challenge de consolider les bases de stabilité et de relance de l’économie congolaise.

 

La faculté des Sciences économiques de l’Unikin, dont certains membres du corps professoral ont cédé au charme malicieux des détracteurs de Matata, ferait mieux de se ressaisir. Un jugement objectif fondé sur des faits. C’est l’ADN de tout professeur d’université. Avec cette affaire, l’Unikin, bien plus la faculté des Sciences économiques et gestion, s’est totalement compromis, en ramenant sur la place publique un dossier strictement géré avec parcimonie’ et suivant les procédures prévues par les organes compétents de la faculté. Une compromission qui traduit le niveau de déliquescence du système éducatif congolais.

 

Autrement dit, « Science sans conscience n‘est que ruine de l’âme ». C’est le credo de l’Unikin, jeté en pâture dans l’affaire Matata, pour des intérêts politiques inavoués. On s’est adossé ‘sur l’Unikin pour régler des comptes à un adversaire politique. C’est toute la vérité dans l’affaire qui entoure le DEA de Matata.

 

Et le Premier ministre a intérêt à publier son mémoire de DEA pour faire taire tous ses détracteurs.

Par F.K.

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