COMMERCE TRANSFRONTALIER LE MARCHÉ LUFU BIENTÔT FERMÉ

Vendredi 4 mars 2016 - 12:27
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Privé de produits vivriers, ce marché n’attire plus les commerçants.
Comme l’autre marché fermé à Yema, situé à quelque 7 km de la ville de Moanda où étaient vendus les produits divers transitant du territoire angolais par l’enclave de Cabinda, le marché du poste-frontalier de Lufu va bientôt fermer lui aussi, et subir le même sort, au grand désarroi des commerçants et trafiquants. A en croire plusieurs sources, le marché informel de Lufu est menacé de disparition, conséquemment surtout aux mesures de restriction prises par le gouvernement angolais, notamment celles d’imposer l’interdiction des exportations des produits alimentaires et vestimentaires de l’Angola vers la RDC via ce poste-frontalier. La raison évoqué : la perturbation induite par ce trafic officieux des produits commerciaux sur la balance commerciale de la République d’Angola.
A première vue, le marché poste-frontalier de Lufu n’est pas un marché formel à prendre dans le même sens que des marchés créés pour les échanges des biens entrant dans le commerce transfrontalier. Il est juste un marché opportuniste créé par les trafiquants opérant entre l’Angola et la RDC.
Entre 1999 et 2011, il y était vendu des produits simples tels que les haricots blancs, très prisés par les consommateurs congolais. Ils y étaient vendus à un prix sans commune mesure avec les prix pratiqués à Kinshasa ou à Goma. Cependant, le plus souvent, l’opération de vente se passait en troc : on y échangeait notamment les produits alimentaires contre des articles d’habillement ou des combustibles.
Ensuite, les opérations commerciales ont pris de l’ampleur atteignant la commercialisation du carburant. Au fur et à mesure que se développait ce marché avec l’introduction de nouveaux produits dans le négoce, le marché de Yema né depuis 1989, a perdu sa raison d’être puisque les trafiquants dont la plupart venait de Kinshasa, pour des raisons économiques, le préféraient au marché de Lufu, économique et pas loin. Et où il n’y avait pas de contraintes majeures à faire des affaires.
Au marché de Yema, les produits les plus en vue étaient constitués des boites de conserve, des céréales et des chaussures. A Lufu, il y est vendu un large éventail des produits utiles et de consommation courante allant des boîtes de conserve, des céréales, d’assortiment d’huiles végétales et leurs dérivés, de produits laitiers, de vêtements aux matériaux de construction. Sans oublier les engins à moteur.
Il s’est dès lors créé, à la lisière du marché local, un grand marché importateur des produits concurrents à l’industrie locale dont la présence fait de l’ombre à l’ensemble de sa production.

CONCURRENCE UTILE
S’il est vrai que le marché de Lufu a porté un coup dur à l’industrie locale, il n’en est pas moins vrai qu’il sert aussi de correcteur. Le choix des consommateurs porté sur les produits écoulés dans ce marché constitue ni plus ni moins qu’une cinglante remise en cause des prix et coûts, souvent exagéréss de la production nationale. L’on note également que les coûts et la qualité locaux n’ont rien avoir avec les coûts réels que le marché de Lufu a mis en évidence. En prenant la mesure d’interdiction des exportations angolaises via ce poste-frontière, les autorités angolaises ont porté un coup dur au panier de la ménagère des gagnes-petits congolais, qui achetaient au diapason de leur revenu.
Selon d’autres sources interrogées pour savoir la motivation réelle des autorités angolaises, il s’avère que toute la publicité faite autour de ce marché de Lufu suscitait leurs interrogations. Cette interdiction d’exportation serait aussi liée aux questions d’ordre sécuritaire et aussi du maintien des équilibres internes. La plupart des produits exportés de l’Angola sont en fait, des produits d’origine étrangère notamment des chaussures, des vêtements, des matériaux de construction, des pièces de rechange pour véhicules, des oléagineux, du savon, du sucre, du lait, du riz et du maïs.
Et le développement de ce marché transfrontalier est à mettre dans l’actif des trafiquants congolais habitués au commerce transfrontalier. Et de ce fait, entend-on dire maintenant, ils perturbent l’effort du gouvernement angolais qui, pour faire face à la faiblesse de la production locale sur ces produits, pousse les importateurs angolais à inonder le marché local.
C’est ainsi qu’il estimemaintenant, qu’il est de mauvais aloi que ces produits importés soient à leur tour exportés vers la RDC sans que cela n’ait des contrecoups sur l’étoffe économique de l’Angola.
Quoi qu’il en soit, il est par ailleurs admis que toute la pression fiscale et économique sur ce marché informel de Lufu ne devrait qu’aboutir à perturber l’existence de ce marché qui inondait de ses produits à faible coût la vie des Kinois. Dans la perspective de sa fermeture annoncée et inéluctable dans les tout prochains jours ou mois, les consommateurs s’interrogent : pourquoi Lufu est aussi important maintenant que ne l’aurait été le marché de Yema, il y a un peu plus de vingt ans.
Privé de produits vivriers, le marché de Lufu n’attire plus les commerçants comme il y a juste deux mois. Actuellement, on n’y trouve que les produits en plastique de l’industrie angolaise, et de très bonne qualité, vendus trois fois moins cher en comparaison aux produits locaux AMBALU/Cp