Calendrier électoral serré pour qui ?

Lundi 9 mars 2015 - 08:57

(Par Omer NSONGO DIE LEMA)
En près de 650 jours couvrant les opérations électorales, 2 seulement, OUI DEUX, sont réservés à l’électorat au suffrage universel direct : le 25 octobre 2015 pour les scrutins provinciaux, communaux et locaux ; le 27 novembre 2016 pour les scrutins présidentiel et législatif. Ainsi, le calendrier électoral global publié par la Céni n’est nullement serré pour la population. S’il l’est, c’est pour les partis politiques sans assises solides parce que conscients d’être incapables de financer le cautionnement et surtout la campagne électorale des 220.000 candidats (chiffres avancés par l’Opposition) à placer dans les ETD qui, elles, ont le mérite non seulement d’exister, mais aussi d’être animées par un personnel politico-administratif généralement classé Majorité présidentielle par les Opposants. Pour une fois que l’occasion lui est donnée de faire remplacer ce personnel par ses "combattants" de la base, l’Opposition résiste ! Avouons que c’est tout de même insolite...

De tous les qualificatifs attribués par l’Opposition au calendrier électoral global publié par la Céni le 12 février 2015, il en manque un dans la déclaration du 27 février : serré ! Les signataires commentent effectivement les qualificatifs "non-consensuel", "irréaliste", "inconstitutionnel" et "dangereux".
Pourtant, la phrase adoptée et répétée à satiété par toutes les forces politiques et sociales de l’Opposition est " calendrier serré, non consensuel, irréaliste, inconstitutionnel et dangereux".
Pourquoi le terme "serré" disparaît-il du seul document officiel, publié d’ailleurs en Pdf, engageant les Partis politiques, les Regroupements politiques, les Groupes parlementaires de l’Opposition, les Organisations de la Société civile et la Diaspora ? C’est peut-être dans le qualificatif "IRREALISTE" qu’il faut trouver la réponse.
Il y est écrit : "Car, ce calendrier est un véritable défi national dans la mesure où il sera question d’organiser près de 13 scrutins en 2 ans dont 6 scrutins directs (secteurs, chefferies, communaux, provinciaux, législatifs et présidentiels) et 7 scrutins indirects (bourgmestres et bourgmestres adjoints, conseillers urbains, maires et maires adjoints, sénateurs, gouverneurs et vice-gouverneurs". Et poursuit : " Il faut mentionner aussi des contraintes administratives. En effet, il faudra compter avec plus ou moins 1.500 circonscriptions électorales faites des Entités Territoriales Décentralisées (97 villes dont 20 anciennes), 601 communes dont 266 nouvelles, 487 secteurs et 229 chefferies. En faisant une multiplication de ce chiffre par rapport à ceux de 2011, nous aurons plus ou moins 220.000 candidats !". En matière de chiffrage, les Opposants sont devenus incollables. Ils venaient de nous balancer le glissement avec un recensement général qui prendra entre 3 ou 4 ans pendant que la dernière information livrée par le ministère du Plan fixe à juillet 2016 la finalisation de l’opération.

ILS NE SONT PAS PRETS

La première des questions à se poser d’elle-même est de savoir si l’Opposition, la Société civile et la Diaspora alliées sont incapables d’aligner 220.000 candidats à différents scrutins électoraux, elles qui prétendent avoir l’adhésion de l’ensemble du peuple congolais. Il est noté qu’il ne s’agit pas de 220.000 emplois à créer mais plutôt des candidats.
L’on devrait commencer par se demander si, s’agissant des ETD, les communes, les secteurs et les chefferies fonctionnent aujourd’hui sans personnel ou si ce personnel est bénévole ! La réalité est que ce personnel est là ; il est rémunéré. L’Opposition n’a jamais cessé de l’assimiler aux militants des partis au pouvoir, Pprd en tête.
C’est donc étrange, surprenant, insolite de voir les Opposants, qui se proclament déjà vainqueurs par le fait de l’alternance politique en 2016, trouvent normal de voir des militants de la Majorité présidentielle conserver la gestion des ETD jusqu’au jour où sera décidée la tenue des élections locales, municipales et urbaines à postposer !
La seule explication valable à pouvoir être donnée est qu’ils ne sont plutôt pas prêts pour ces scrutins. D’autant plus qu’il faut réunir des fonds pour financer et le cautionnement, et la campagne électorale des candidats qui vont se bousculer.
Partant, le problème n’est pas le financement de la Céni (comme ils le prétendent), mais celui de leur propre participation aux élections.

NOUVELLE TRANSITION, NOUVELLE CONSTITUTION
Or, sur ce plan-là, il y a déjà le défi de représentativité. Il est de notoriété publique qu’à l’exception de l’Udps, de l’Unc et du Mlc (qui ont des dizaines de députés) et du Rcd/Kml (qui en a six), tous les autres partis de l’Opposition à faire un tintamarre assourdissant sur la scène politique n’en comptent pas plus de deux. L’Ecide a justement deux députés : Martin Fayulu et Serge Welo Omanyndu. Les Fonus 1 : Emery Okundji. Le Mlp 1 : Franck Diongo. Le Mrpc 2 : Jean-Claude Mvuemba et Adrien Mbambi Phoba. Le Pt 1 : Stève Mbikayi. La Dc 1 : Eugène Diomi. Le Ddc 1 : Lumeya Dhu Maleghi. L’Envol 1 : Delly Sessanga. Set 2 : Basile Olongo et Ingila Bokondo Kovo. Udémo 2 : Mobutu Giala et Bernard Biando. Un 1 : Clément Kanku...
Dans la perspective des législatives de 2016, la bataille de succession à la députation nationale s’annonce redoutable. On imagine alors la nature de la bataille qui va se dérouler au niveau des provinciales, des urbaines, des municipales et des locales pour des "combattants" qui vont devoir réaliser qu’ils ont, au travers de ces scrutins, l’occasion ou jamais de devenir qui député provincial, qui conseiller urbain ou maire, qui conseiller municipal ou bourgmestre, qui conseiller ou chef de secteur ou de chefferie.

LA QUESTION EST REPOSEE : POUR QUI LE CALENDRIER ELECTORAL EST SERRE ?

Il est évident que c’est pour ceux qui ne sont pas prêts pour 2016 !
Moralité : dans un système où une Transition en cache généralement une autre, la multiplication des obstacles sur le processus électoral pourrait déboucher sur une nouvelle transition, c’est-à-dire une nouvelle Constitution...

 

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