Le moins que l'on puisse dire est que 2015 commence sur le chapeau des roues avec des tendances qui se dessinent déjà: poursuite des intolérances politiques, cynisme décomplexé, radicalisme à tous les étages et violences récurrentes qui viendront nous rappeler à quel point la haine se porte comme un charme et que cette année ressemblera fort à la précédente.
En guise de préliminaires
En l'espace d'à peine quelques jours, des milliers de candidats à l'immigration ont été abandonnés à leur triste sort sur des rafiots de fortune, dans les eaux italiennes, avant d'être recueillis non sans arrière-pensées sur la terre ferme. En République Démocratique du Congo, un médecin lauréat du Prix Sakharov et un charismatique Gouverneur de Province sont ciblés par un pouvoir qui perd de plus en plus pied avec la réalité, tant sa paranoïa s'est aggravée... Bizarre, vous avez dit bizarre?
En Belgique, c'est le moment choisi par un nationaliste de premier plan pour rappeler l'objectif d'indépendance de la Flandre, dans un contexte politique et social particulièrement tendu et agité. Sous d'autres latitudes, c'est le funeste cortège des morts qui poursuit son effroyable chemin parsemé de cadavres. Plus au Sud, un maire français provoque l'émoi et la stupeur en refusant l'inhumation d'un bébé "rom" de deux mois et demi dans sa belle ville... Cruauté, quand tu nous tiens!
Au Conseil de Sécurité, la France provoque la colère d'Israël et de Washington, en soutenant le projet de résolution palestinien à l'ONU proposant notamment un retrait israélien des territoires occupés avant la fin de 2017... Elle n'est pas belle la vie?
Que dire encore de ces innombrables foyers de tensions qui se rallument comme par enchantement au Burundi, où l'on dénombre une centaine de morts depuis le 1er janvier, et en Libye, toujours en proie à une violence aussi aveugle qu'absurde? Au moment où l'on reparle d'une intervention internationale, sans tirer les leçons de la précédente et désastreuse campagne, certains pays comme l'Algérie et l'Egypte rappellent tout le mal qu'ils pensent d'une telle perspective potentiellement dangereuse pour la région.
Quid de l'Irak, de la Syrie et de la poudrière environnante, véritable cocktail explosif de TNT et de semtex "politico-militaire" sur fond de Djihadisme écervelé? Si nous sommes et resterons longtemps ignorants des détails, il est évident aujourd'hui que la montée en puissance de l'Etat Islamique (Daech) doit autant aux facteurs exogènes du conflit syrien qu'à ses données internes. Menant aussi loin que possible l'ingérence étrangère, les ennemis du régime de Damas sur la scène internationale n'ont pas ménagé leur peine pour légitimer, financer, armer et unifier la rébellion. Rééditant les errements de ceux qui financèrent le "djihad antisoviétique", ces nouveaux apprentis-sorciers ont accouché du monstre qu'ils vouent désormais aux gémonies, comme s'ils n'avaient aucune responsabilité dans son irruption et pouvaient se laver les mains de ses turpitudes.
Le temps des "Obscurantistes"
Véritables monuments d'intolérance et concentré de violences extrêmes contre les minorités, les femmes et les "apostats" de toute nature, les nouveaux "obscurantistes", qui se recrutent aussi bien au sein des partis politiques haineux que des Djihadistes de tous bords, sont le fruit empoisonné des amours incestueux entre des puissances occidentales sous leadership américain, des élites locales corrompues et des pétromonarchies prédatrices qui distillent le venin de la haine interconfessionnelle, politique et ethno-tribale. Leur essor fulgurant n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une cynique répartition des tâches au sein d'une coalition internationale que cimente son hostilité commune à l'égard d'un "axe du mal" ou de supposés "ennemis de la démocratie"
L'avènement des trous noirs "géopolitique et stratégiques"
Cancer qui répand ses métastases depuis plusieurs années maintenant, l'intolérance globale a désormais trouvé un nouvel abcès de fixation, propice à des expérimentations obscurantistes dont des populations apeurées fournissent les cobayes. Cramponnée à ce nouveau terrain de lutte, elle contrôle pour la première fois des vastes territoires et résiste militairement et politiquement sur plusieurs fronts avec des complices assoiffés de pouvoir et volonté de puissance.
Cette situation surréaliste, elle le doit pour l'essentiel à ces "trous noirs de la géopolitique mondiale" que sont devenus le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique Centrale et la Corne de l'Afrique, sous l'effet des coups de boutoir militaires et des manipulations politiques éhontées, grâce à l'action conjuguée et concertée d'une Communauté Internationale et de réseaux obscures qui ont préféré, une fois de plus, faire un pacte avec le diable.
Ca démarre fort, disais-je? Assurément car 2015 sera ou ne sera pas...