(KINSHASA)- L’opposant Moise Moni Della a rappelé au régime Kabila que s’il maintient le schéma de la révision ou du changement de la constitution, le Burkina se fera aussi au Congo-Kinshasa. L’ancien exilé sous Mobutu ne croit pas que les congolais sont amorphes comme chantent certains propagandistes de la Kabylie. Avec un sursaut d’orgueil, dit-il, les congolais sont capables de faire plus que le Burkina-Faso si le pouvoir tente de tripatouiller la constitution. Moni Della remonte l’histoire vers les années 1959 pour démontrer comment le peuple congolais qualifié de mouton inoffensif avait défié les colons belges. Le secrétaire général du Rcd-N ajoute aussi que Mobutu avait tapé du poing sur la table disant qu’il n’y aura pas un autre parti politique en dehors du MPR mais suite à la pression du peuple, le dictateur tout puissant qu’il était, avait fini par libéraliser les activités politiques. Lors de l’agression rwandaise comme aussi pour exiger la réouverture de la conférence nationale souveraine, les congolais ont démontré comment ils savent se lever débout pour défendre leurs droits. Autant d’exemples que l’opposant conseille au régime de relire les archives politiques au lieu de s’embourber inutilement dans le gouffre. Pour lui, les congolais sont pacifiques mais apprécient toujours le moment d’agir et le plus souvent, ils atteignent l’objectif. Moise Moni Della félicite la bravoure du peuple burkinabé qui a déraciné celui qui se faisait passer comme le roi de l’Afrique de l’Ouest. ‘‘Ce qui vient de se passer au Burkina-Faso est une leçon pour tous les dirigeants des pays africains. Quand le peuple se met débout, c’est plus qu’une bombe atomique. Un régime de terreur ne peut pas défier le peuple
souverain’’, a-t-il prévenu. De la chute de Campaoré, il évoque quatre facteurs déterminants. D’abord, il parle de la volonté de la population, ensuite la détermination et le patriotisme de l’armée, puis l’implication de la communauté internationale et enfin la communication-autoroute de l’information. Ses facteurs ont fait que le tyran s’écroule facilement. Ne pas écouter la voix du peuple, c’est une grande erreur pour un homme politique, ressasse-t-il. Dans notre pays, l’Eglise catholique a dit non à la révision constitutionnelle, l’opposition, la société civile la même chose et depuis un temps à la majorité, le Msr de Pierre Lumbi et la Scode de Muyambo ont carrément rejeté l’option de réviser la constitution, a démontré Moni Della.
L’opposant avertit que toute autre voie conduirait le pays au chaos.
Ainsi, il appelle Sesanga à retirer sa proposition de loi électorale au risque de donner le prétexte au pouvoir de faire passer ses amendements pour retoucher les articles intangibles. Il suffit d’amener cette loi électorale, la majorité mécanique va introduire ses amendements qui passeront sans problème et la loi sera opposable à tous, s’inquiète Moni Della. Pour lui, Sesanga ne doit pas donner des béquilles à un pouvoir décédant et moribond à se relever. S’il s’entête dans cette aventure, il portera la lourde responsabilité d’avoir ouvert la voie à Kabila pour se représenter ou prolonger son pouvoir après 2016. Le chef d’orchestre adjoint du Rcd-N est catégorique. Avant 2016, il n’est pas question de changer les règles de jeu au risque de fausser la compétition électorale. ‘‘On va aux élections avec les mêmes lois’’, a tranché Moni Della pour qui le nouveau président une fois élu pourra engager des réformes et non le faire à la veille des élections. Dans le même ordre d’idées, il considère la mise en place de l’Office national d’identification de la population comme une provocation. L’opposant pense que si sur la forme, il n’y a pas de problèmes mais sur le fond, il voit en l’Onip, une structure qui va planifier la tricherie. D’autres structures techniques existent et jouent déjà le même rôle que celui confié à l’Onip, précise-t-il. C’est le cas de la commission nationale de recensement ou la commission nationale électorale indépendante. En scrutant la configuration de cette institution et la composition de ses animateurs, Moni Della est convaincu qu’il s’agit tout simplement d’une officine montée pour préparer la fraude en vue de conserver le pouvoir. Il rappelle que le professeur Adolph Lumanu, le directeur de l’Onip était le principal acteur comme Daniel Mulunda du hold up électoral de 2011. C’est Lumanu à l’époque ministre de l’Intérieur,
affirme Moni Della, qui avait conçu l’idée de fragmenter le parti présidentiel en plusieurs morceaux pour décrocher plusieurs ièges à l’assemblée nationale. Cette structure ne rassure pas, tranche Moni Della. Avant la mise en place de l’Onip, il fallait tenir compte de l’environnement politique, martèle l’opposant radical. Selon lui, de lors que le contentieux électoral de 2011 n’est pas encore soldé, on ne peut pas encore créer une telle structure conflictogène. Le combattant démocrate de la première heure propose purement et simplement la suppression de l’Onip. A travers le dialogue, Moni Della pense que le consensus pouvait être dégagé sur une question pareille. La seule famille politique de Kabila ne peut pas gérer une institution politico-technique de cette envergure, sinon c’est la fraude et la tricherie qu’on prépare pour 2016, a conclu Moni Della.