Ces rebelles ougandais ont attaqué Mbawo, faisant une dizaine de morts, plusieurs blessés et enlevant 10 personnes.
* La population furieuse a marché hier dans cette agglomération.
Ils ont prouvé qu’ils ne sont pas du tout éradiqués, les rebelles ougandais des ADF/NALU. Ils ont bel et bien repris du service dans leur bastion de Beni-Territoire. Dans la nuit de lundi à mardi, ils ont frappé sans pitié à Beni-Mbawo, à 30 km de Beni-ville sur l’axe d’Eringeti. Dans cette agglomération attaquée par les ADF/NALU, une dizaine de morts, plusieurs blessés et 10 personnes enlevés ont été dénombrés, renseigne la Société civile du Nord-Kivu. Les habitants ont passé une nuit difficile.
Hier, ils ont violemment manifesté pour exprimer leur colère face à ce calvaire leur imposé à nouveau par les ADF/NALU sans aucune intervention des Fardc. Beni-Mbawo se sent complètement abandonné et livré à son propre sort. Sentiment de colère également dans les propos de Me Omar Kavota, Vice-président et porte-parole de la Société civile du Nord-Kivu.
Il s’inquiète de la résurgence des ADF/NALU là où ils avaient été chassés et accuse, lui, les Fardc d’avoir relâché la pression militaire. Alors qu’il fallait continuer à intensifier des opérations de ratissage. Pendant qu’à la Société civile, on continue à exiger la libération de 600 otages qui sont encore aux mains de ces ADF/NALU et dont on n’a aucune nouvelle. Ces forces négatives ougandaises ont inauguré la deuxième série des prises d’otages.
LA DONNE MILITAIRE CHANGE RADICALEMENT
Le week-end dernier, on a déploré l’enlèvement de 7 personnes dans un village reculé dans la même zone. Les ADF/NALU sont donc bel et bien de retour et ont signé leur come-back en lettres de sang. Ce qui change toute la donne militaire et la cartographie des Fardc dans le Nord-Kivu. Il faut tout revoir radicalement.
Car ces attaques des ADF/NALU et des prises d’otages qui ont commencé, donnent raison aux experts de l’Onu qui, dans leur dernier rapport publié après le démantèlement des ADF/NALU à Kamanga, estimaient que leur chaîne de commandement était restée intacte. Les événements actuels leur donnent raison.
Les ADF/NALU se sont reconstitués à peu de frais et en peu de temps. Ce qui veut dire qu’ils n’étaient pas loin. On revient à la case-départ : la reprise de toutes les opérations contre ces rebelles ougandais. Mais comment et c’est cela la question fondamentale car il n’y a pas de doute que la stratégie utilisée jusqu’à ce jour par les Fardc appuyées par la Monusco a montré ses limites.
C’est donc tout l’échafaudage de la doctrine d’attaque qu’il faut revisiter. En attendant, la population doit faire avec la réapparition des ADF avec leur psychose terrible des tueries aveugles, des enlèvements, d’esclavage humain, des pillages, des viols, sur de vastes étendues qui échappent à l’armée et sur lesquelles ils imposent leur loi. L’insécurité sera effective à chaque coin de rue dans des villages même dans Beni-ville où ils ont plusieurs fois réussi des attaques-surprises.
LA MORT DE DEUX HEROS DE LA GUERRE
On est sur le qui-vive partout. Comment mener des activités économiques dans ces conditions de peur-panique ? 17 personnes enlevées déjà en moins d’une semaine, cela donne le vertige et l’idée de ce que sera la vie de ces populations de Beni-Territoire.
Il faut tout de suite stopper les ADF/NALU. Mais qui va les stopper ? Dans la nouvelle organisation des Fardc, la traque contre les ADF est attribuée à un général, le général Muhindo, basé à Beni. Il remplace pour cette charge, le général trois étoiles Jean-Lucien Bahuma, foudroyé par un AVC (accident vasculaire cérébral) il y a un peu plus d’un mois.
On peut noter que la résurgence de l’activisme des ADF/NALU intervient dans un contexte particulièrement difficile au Nord-Kivu. La province a perdu, en 9 mois, deux de ses fils les plus dignes, deux héros de la guerre, deux braves combattants qui ne reculaient devant rien sur la ligne de front.
Il s’agit du colonel Mamadou Ndala, l’homme qui a mis le M23 à genoux. Il est tué un certain 2 janvier à Beni-ville alors qu’il est en train de se rendre à Eringeti, 70 km de Beni, pour préparer les opérations de traque contre les ADF/NALU. C’est ainsi que dans un premier temps, cet assassinat est attribué à ces islamistes ougandais qui étaient informés de ces préparatifs et qui ont tout de même fêté la mort de Ndala même si ils n’en sont pas des commanditaires.
Après cette mort qui a laissé un immense vide, on a vu comment dans la traque déclenchée contre les ADF/NALU, le comandant des opérations, le général Jean-Lucien Bahuma, un expert en stratégie de guerre formé à Saint Cyr et en Belgique était obligé d’être au four et au moulin. Il faisait à la fois le commandant des opérations et le commandant du Bataillon-commandos de choc de Ndala au front. Les ADF ont été délogés de leur bastion de Kamango où ils avaient installé une sorte de base militaire. Après Ndala, c’est Bahuma, le tombeur des ADF/NALU qui meurt inopinément. Ces forces négatives ougandaises sablent à nouveau le champagne. Et ils reprennent même précipitamment du service avec la même stratégie. Que va-t-on leur opposer ? KANDOLO M.