Béni : des langues commencent à se délier après l’odieux massacre

Mercredi 22 octobre 2014 - 13:26

L’absence de collaboration de l’Ouganda face à la présence des shebab somaliens de plus en plus décriée.

Après l’odieux massacre de civils la semaine dernière dans la ville de Béni située à l’extrême Nord de la province du Nord-Kivu, l’heure est présentement au deuil porté par l’ensemble de la population devenue inconsolable, aux interminables enquêtes, mais aussi et surtout à l’incertitude du lendemain !

Ce qui encourage au milieu de douleurs perceptibles partout dans cette ville martyre, c’est sans nul doute le désir de s’exprimer, d’informer et de se laisser informer manifesté par la population au sujet des malheurs qui viennent de s’abattre sur elle et des voies et moyens possibles à trouver rapidement pour y remédier.

D’où proviennent les assaillants qui écument la région tous les ans à intervalles régulières ? Qui équipent ces assaillants en armes sophistiquées neuves et en moyens logistiques très diversifiés, y compris en argent liquide qu’ils dépensent sans complet ? Pourquoi ces assaillants ont-ils changé aujourd’hui leur façon classique de tuer leurs victimes en recourant notamment aux armes blanches, à la prise d’otages et à l’exigence de rançons en échange de ces derniers ? Pourquoi ces assaillants désirent-ils désormais se faire connaître à la face du monde en signalant leurs passages ou leur présence à travers des messages laissés aux populations visitées et susceptibles d’être répercutés à tout moment par les médias à l’intention des publics plus larges à travers le monde entier ?

Des interrogations pertinentes !

Au cours des entretiens à bâton rompu en ce début de semaine avec quelques personnalités du Nord-Kivu ayant requit l’anonymat, nous avons abordé les questions ci-dessus avant de synthétiser les réponses reçues de la manière suivante :  » Avec le recul du temps nous acquérons de plus en plus aujourd’hui la certitude au sujet de la présence active dans le Grand Nord (extrême Nord de la province du Nord-Kivu) d’un noyau des Shebabs somaliens propulsés par le mouvement islamiste Al Qaïda agissant sous la fausse casquette du mouvement insurrectionnel ougandais dénommé  » Forces démocratiques alliées « , ADF-NALU en sigle ? En vue de tromper la vigilance de tout le monde ; Nous détenons des informations selon lesquelles des Shebabs somaliens envoyés par petits groupes pour constituer le fameux noyau dur d’Al Qaïda dans le Grand Nord.

Ces nébuleux sont des habitués de routes, sentiers et chemins menant à Béni via Kasindi. Ces éléments non autrement identifiés gagnent les maquis préalablement préparés par leurs nombreuses complicités ougandaises et congolaises dans la forêt équatoriale avoisinante… et le tour est ainsi joué ! Empruntée aux mouvements islamistes opérant actuellement dans les Etats tumultueux du golfe persique et du Maghreb arabe, la façon d’exécuter les civils dans la récente hécatombe de Béni rappelle tristement la mort récemment infligée aux otages américains et français dont le monde entier a été témoin et qui porte la marque d’Al Qaïda.

Il va sans dire que l’Ouganda qui a une grande porte ouverte sur le territoire de Béni en particulier, et le Grand Nord, en général, continue à considérer qu’il n’est concerné en rien par les actions subversives menées par ADF-NALU dans cette partie extrêmement sensible de la RDC !

Delà peut-on dire que ce pays admet d’une façon ou d’une autre que ce mouvement insurrectionnel n’est pas ougandais, mais bel et bien le prolongement de celui de Shebabs somaliens propulsés par Al Qaïda dont il ignore tout ? L’heure est aux enquêtes menées simultanément par le parlement et le gouvernement à Béni et ses environs.

Les personnalités interrogées du Nord-Kivu suggèrent que les enquêtes ainsi menées retiennent la piste de Shebabs somaliens appuyés par Al Qaïda dans leur travail de terrain !

Par Kambale Mutogherwa

 

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