Après cette étape, il est prévu une adresse du Président de la République. Ce sera pour lui l’occasion de rencontrer les préoccupations de la population de manière salvatrice. Des mesures draconiennes seront prises et appliquées à l’endroit des groupes armés dont les tueurs ADF ougandais, les FARDC soupçonnées ou impliquées. La justice, elle, devra s’occuper des autres tireurs de ficelles, en vue de la paix durable et la sécurité dans cette partie éplorée du pays
Arrivé à Beni le mercredi dernier, en milieu de journée, après avoir bravé tout acte de terrorisme des ADF, Joseph Kabila est passé hier à l’acte I de son agenda. Le Président de la République a lancé les consultations populaires. Des sources sur place renseignent que toutes les forces vives et organisations de la société civile, les notables de Beni, les partis politiques tant de la Majorité que ceux de l’Opposition,… bref toutes les couches sociales sont prises en compte.
L’on devra noter que cette activité du père de la nation était essentielle. « En Afrique, dit-on, avant de parler, le chef écoute ». C’est bien probablement cette sagesse qui vient sans nul doute couper court à toute discussion qui désirait « qu’il fallait qu’il parle dès son arrivée » ! Il ne fallait pas non plus que Kabila s’amène sur les lieux avec des mots présélectionnés depuis Kinshasa pour caresser dans le sens du poil une population qu’il n’a même pas eu à entendre. Ce serait comme un prélat récitant son chapelet d’ ‘’ave maria’’ sans se soucier des oreilles dans lesquelles tombe sa supplication, mais rassuré que la mère de Jésus l’écoute...
Beni est sous contrôle
Ce week-end reste donc déterminant dans le feuilleton tragique de Beni. Ce n’est pas pour se rincer l’œil que Joseph Kabila a effectué le déplacement de cette partie de la République très éplorée. Ce n’est pas non plus ce qu’attend la population meurtrie. Les massacres de Beni ne pouvaient laisser le premier des Congolais indifférent. « Joseph Kabila était obligé de venir » à Beni, entendait-on avec raison avant sa descente sur les lieux, au chevet de son peuple, dans ce territoire qui a été frappé par plusieurs attaques ces dernières semaines qui ont fait plus de 84 morts. Des massacres attribués, jusqu’à preuve du contraire, aux rebelles ougandais des ADF.
En outre, Joseph Kabila était attendu à Beni notamment pour remettre de l’ordre dans les rangs des Fardc. Aux dires de certaines sources généralement bien informées, les ADF seraient de mèche avec certains officiers, business oblige. Mis à part les ADF, d’autres miliciens dont les Maï-Maï, ayant des liens avec les ADF, sont sur cette liste noire. De hautes stratégies militaires en vue de leur traque ne sont pas à exclure, aux oreilles des ayant-droit. En effet, les ADF qui vivent dans cette partie riche du pays depuis plus de 25 ans ont des connexions locales très fortes et se sont infiltrés fortement au sein de la population. D’où, la nécessité pour cette dernière de coopérer avec les forces de l’ordre et d’intelligence pour les démanteler, comme n’a cessé de marteler le ministre de l’Intérieur Richard Muyej.
Contre la balkanisation
A part les hommes en uniforme, il y aurait aussi des politiciens et autres tireurs de ficelles, originaires de Beni, de Kinshasa, voire de plus loin encore. C’est le cas de l’ancien ministre Mbusa Nyamwisi, originaire de la région. C’est son fief politique, qui accuse certains hauts gradés d’être complices des ADF alors que lui-même a été accusé en son temps d’en être proche. Le ministre de l’Intérieur avait dernièrement émis le vœu de le voir sur la liste des renseignants.
Bien d’autres personnalités visiblement corrompues ne manqueront pas de tomber sous le jugement après que la justice ait mené des enquêtes et dit le droit. Il y aurait, avec eux, des officiers qui travaillent avec les groupes armés, et qui ont des relations purement commerciales. Une source parle de racket des services de protection, de corruption et de véritables relations d’affaire.
Contrairement aux allégations, Joseph Kabila contrôle le territoire. Ce n’est pas parce que quelques feuilles mortes d’un arbre tombent des suites d’un vent dans un coin d’une parcelle qu’avant d’être balayée l’on parle d’une sale parcelle. De même, l’on devra rappeler que la Monusco devrait jouer son rôle. Celui de protéger les civils.
Même si l’on prêche que Kinshasa paraît très loin pour tout le monde dans le Kivu, Kinshasa n’est pas du tout coupé des réalités de Beni. Il est aussi des coins de la RDC où le chef de l’Etat ne mettra jamais son pied. Ce n’est pas une grande première au monde. Aucun président, même ceux qui ont accompli 30 ou 40 ans au pouvoir, ne peuvent affirmer avoir visité tous les centimètres carrés de leur territoire. Cependant, pour Beni où sillonne le Président actuellement, il y a beaucoup d’attentes réelles. La sécurité doit précéder le développement et ouvrir la porte à l’émergence comme le rêve Kabila à l’horizon 2030.
Autres attentes de la population
Mais au-delà de toutes ces questions de haute portée politique et sécuritaire, la population de Beni aspire à son développement. La nationale N°4, les routes de desserte agricole,… en est une nécessité. De même, plusieurs autres chantiers et infrastructures en voie ou en cours de construction feront la sourire de cette population qui en a tant besoin, après toutes ces guerres lui infligées. Et là aussi, Kabila ne saura déroger à la règle.
Emmanuel Badibanga