Premier gouverneur noir du Kasaï
Pour lui, » ca ne sert à rien d’avoir une province qu’on ne sera pas en mesure de développer «
Premier gouverneur congolais du Kasaï à l’accession de la République Démocratique du Congo à l’indépendance de 1960 à 1962, Barthélemy Mukenge Sha Bantu Nsumpi, 90 ans bien sonnés, sait lire sans lunettes et se tient débout sans appui.
Le » Patriarche « , comme l’appellent beaucoup de Ouest-kasaïens, n’a oublié aucun souvenir, heureux ou malheureux, de sa vie politique. Barthelemy Mukenge sha Bantu soutient le processus de découpage territorial en RD Congo. Pour lui, ca ne sert à rien d’avoir une province qu’on ne sera pas en mesure de développer.
Le premier gouverneur noir du Kasaï pense que les gens ont voulu avoir leur province, on le leur a donné et il n’en peut rien.
A en croire l’homme, ceux qui sont déjà dans la province du Kasaï, ils ont voulu avoir leur province, et cela a débouché sur la partition du Kasaï Occidental en deux provinces. Fin connaisseur du Kasaï, il souhaite la cohabitation pacifique entre les différentes tribus. Ce qui amènera à la construction de routes et du courant pour le développement de la population.
Comme conseils à ceux qui vont diriger les deux provinces dans un proche avenir, Mukenge Sha Bantu estime que tout dépend de ceux qui prendront la gestion de ces deux futures provinces.
» D’emblée, je ne les connais pas. Sinon, je leur demande de faire de leur mieux pour diriger. Cela sous-entend beaucoup d’efforts pour développer nos deux provinces. Car ça ne sert à rien d’avoir une province qu’on ne sera pas en mesure de développer. Par développement, j’entends la construction des routes qui sont indispensables pour le développement. Ensuite, créer des activités à même de procurer le bien-être à la population et par ricochet le développement « , martèle-t-il.
Préoccupé par le développement du Kasai Occidental
Depuis les élections de 2006, le Kasaï Occidental a connu plusieurs crises ayant entraîné les changements des gouverneurs. Mukenge Sha Bantu avait un rôle à jouer pour éteindre le feu. » Je ne peux pas dire que j’avais un rôle à jouer moi. Je sais par moment, il y avait des consultations de part et d’autre par certaines personnes. Il leur arrivait de me voir quand elles voulaient avoir mon avis. Je le leur donnais.
Par exemple, pour le cas du gouverneur Kapuku, la crise était assez grave, vous savez que Kapuku avait fini même par démissionner et on est resté « , raconte-t-il.
» Le développement du Kasaï Occidental me préoccupe sur deux points. Les routes et l’électricité. Je suis content que le gouverneur Kande ait fait de ces deux points son principal cheval de bataille.
Je l’encourage et il a tout notre soutien. Car, à voir l’avancement des travaux de la centrale hydroélectrique de Katende, je reste convaincu que la fin des travaux va déclencher le développement de la province. Ce travail de titan nous permettra d’avoir le courant électrique non seulement au Kasaï Occidental mais au Kasaï Oriental et au Maniema et attirera les investisseurs.
Le deuxième point est la route de Kalambambuji en construction. Cet ouvrage permettra à la province d’avoir accès à l’Océan Atlantique en passant par l’Angola. Nous soutenons ce travail et nous attendons de toutes nos forces l’achèvement de ces ouvrages « , a-t-il conclu.
Repères de Barthélemy Mukenge Sha Bantu
Né le 3 Aout 1925, » le Patriarche » se souvient de deux événements » malheureux » qui ont émaillé son mandat à la tête du Kasaï ; d’abord son élection le 11 Juin 1960 suivie de son entrée en fonctions le jour de l’indépendance soit le 30 Juin 1960. A cette date, le gouverneur belge du Kasaï, De Jaeger ,avait boudé la cérémonie de remise-reprise. Et pour cause ? Le patriarche reconnaît qu’il le critiquait beaucoup dans la presse.
C’est avec son adjoint, un autre belge, Haranto, alors commissaire provincial que la passation des pouvoirs fut organisée. Ensuite, la prise des pouvoirs par Guillaume André Lubaya, prise des pouvoirs que Mukenge Shabantu qualifie de » coup d’état » intervenue alors qu’il se trouvait en Belgique au chevet de son fils malade.
» A mon retour au pays, j’ai introduit le recours à la hiérarchie et j’ai repris les choses en mains » se souvient-il. Après le Kasaï, le régime de Mobutu l’envoya au Sud Kivu où il passa quatre ans et demi.
Il fut fait inspecteur d’Etat de 1970 à 1972, membre du bureau politique du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) et du conseil législatif (Parlement) de 1973 à 1974. C’est depuis cette année qu’il a quitté la vie publique et consacre ses jours à l’agriculture dans sa ferme de Tshibemba, à 40 Km de Kananga.
Par G KM