Bancarisation, Minaku a à l’œil une affaire de USD 2,100 milliards

Jeudi 26 mars 2015 - 08:23

La bancarisation de la Fonction publique fera l’objet d’un «contrôle systématique», le terme est du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, lors de son speech de la rentrée le 16 mars dernier. Aubin Minaku a, en effet, appelé ses pairs à fouiner en profondeur dans les dépenses du personnel de l’Etat dans le cadre du contrôle parlementaire.
Avis d’analystes, autant que le ministre du Budget, ci-devant ministre d’Etat issu de rangs de l’opposition Kengiste, l’UFC Michel Bongongo, c’est la Banque centrale du Congo, BCC, qui serait dans le viseur du speaker de la Chambre basse. En tout cas, hasard de calendrier ou réponse du berger à la bergère, 72 heures après le discours de Minaku, la BCC a lancé un atelier d’évaluation de la mise œuvre de la bancarisation.
Le président du comité de suivi de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat, Jean Louis Kayembe wa Kayembe, est au-devant de la scène et se veut rassurant : 700 000 agents et fonctionnaires de l’Etat sont aujourd’hui payés par voie bancaire, précise-t-il, contre moins de 2500 en 2011, soit un taux de bancarisation 73%. Chiffres encourageants certes, mais la bancarisation n’est pas exempte des critiques. Mais reste à savoir si elles sont fondées. Il appert qu’il y a des «opérations retour», que les banques commerciales retourneraient moyennant commission de substantielles sommes à la BCC. Que les effectifs de la Fonction publique seraient vachement gavés. Que dans l’arrière-pays, les fonctionnaires de l’Etat auraient vu leurs salaires rabiotés. C’est notamment le cas des fonctionnaires de la province de Maniema qui ont dû donner de la voix. Dans le Bandundu et au Sankuru, à chaque paie, le calendrier scolaire est perturbé car les enseignants doivent parcourir des trajets considérables pour percevoir leur salaire. Un ancien de la Banque centrale du Congo, professeur d’Economie, M. Michel Kibambe Somwe, a même soutenu qu’il est incorrect de parler à l’état actuel des choses de la bancarisation. L’on se rappelle, il y a pratiquement une année, en mai 2014, la question de bancarisation de la paie des agents de l’Etat avait l’objet d’une question orale de l’honorable Clément Kanku Bukassa qu’il a posée à l’alors ministre du Budget, Daniel Mukoko Samba. «La bancarisation de la paie des agents de l’Etat aurait pu être une bonne réforme si le processus était bien étudié à la base », avait déclaré le député national, clément Kanku. Qui a renchéri «Aujourd’hui nous voyons qu’il y a encore quelques difficultés, on tâtonne encore alors que ça se fait sur le dos de nos compatriotes avec le peu d’argent qu’on leur paie. Ils doivent encore subir ces hésitations de la part du gouvernement, et ça ne s’arrange pas les choses. Donc nous disons qu’il faut absolument tenir compte de ces préoccupations des fonctionnaires de l’Etat qui parcourent de longues distances et prennent beaucoup de risques alors qu’ils n’ont qu’un petit salaire qui ne peut pas faire face à leurs véritables besoins. Le salaire est un droit ». Il y a peu, à la faveur de l’atelier d’évaluation de la bancarisation évoquée ci-haut, Jean-Louis Kayembe de la BCC a reconnu que la bancarisation pataugeait encore notamment dans les zones du pays à accès difficile. Les banques commerciales se sont engagées, selon le président du comité de suivi de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat, à faciliter la paie des agents des contrées reculées. Les dépenses du personnel en fait l’enveloppe salariale sur toute l’étendue du territoire national se chiffre, pour l’exercice 2015, à quelque 1.960,7 milliards de FC soit plus de 2,100 milliards de dollars. Ce qui représente près de 26% du budget général de l’Etat 2015, évalué à près de 7, 600 mille milliards de FC soit 8.100.607.542,36 dollars au taux officiel de 936FC/$ repris dans la loi des finances n°14/027 pour l’exercice 2015. Les dépenses du personnel auront tout de même connu un accroissement de 14,8% par rapport à 2014 où elles se sont chiffrées à 1.707,6 milliards de FC. Et pourtant même dans la capitale, l’on compte en termes des centaines, des fonctionnaires de l’Etat, parfois des chefs de bureau, qui ne sont toujours pas payés. La mécanisation des agents de l’Etat est un handicap de taille en vue de leur bancarisation. Voilà une question dont la maîtrise échappe totalement au ministre de la Fonction publique, Jean-Claude Kibala qui, contre toute attente a été reconduit à son poste dans le cabinet Matata II. Invité à l’Assemblée nationale à la suite d’une question orale, Kibala a plutôt été évasif au point que Mwando Nsimba qui présidait la plénière a dû, plus d’une fois, le recadrer dans ses réponses. Que des plaintes, des doléances, le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a dit s’en fonder quant à ses choix discrétionnaires sur les sujets devant faire du contrôle parlementaire à savoir les PT&NTIC, le commerce triangulaire des denrées ainsi que la bancarisation de la paie des fonctionnaires de l’Etat. Nul doute, l’un des 12 mercredis consacrés au contrôle parlementaire au cours de cette session de mars, verra la question de la paie des fonctionnaires via les banques commerciales, elles même sujettes à caution, rebondir…sous la bénédiction de Minaku, qui cette fois, visiblement déterminé, irait jusqu’à accorder « 56 minutes de parole » à l’auteur de la question orale.
POLD LEVI Maweja

 

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