POUR AVOIR ADMIS S’ETRE TROMPE DE TRIBUNE Léon Kengo s’enfonce !

Jeudi 25 septembre 2014 - 11:27

Car, s’interrogent nombre d’observateurs, peut-on donner un point de vue personnel lors d’un discours d’ouverture de la session parlementaire ?

Le débat en RDC, en attendant le début des séances plénières tant au Sénat qu’à l’Assemblée nationale, demeure focalisé sur le discours de Léon Kengo wa Dondo lors de l’ouverture de la session ordinaire de septembre à la chambre haute. C’était le lundi 15 septembre dernier lorsque le speaker de la chambre des " sages " s’était, le plus officiellement du monde et du haut du perchoir de son institution, opposé à la révision constitutionnelle ou au changement de constitution. Ce que plusieurs observateurs qualifient de " coup politique " de Léon Kengo wa Dondo. Comme il fallait s’y attendre, cette prise de position a entraîné la levée des boucliers, plus particulièrement dans les états-majors de la Majorité présidentielle. Surtout que le point de vue de Kengo semblait rejoindre celui de la CENCO.

Hier, au cours d’une séance plénière à huis clos, confient des sources dignes de foi, le président du Sénat se serait expliqué sur sa prise de position du 15 septembre 2014 devant les sénateurs réunis pour la circonstance. Sans nul doute qu’il avait reçu des pressions des membres de la chambre haute du Parlement congolais où l’on retrouve tant des cadres de l’Opposition, des indépendants que des partisans de la Majorité présidentielle. Tous voudraient en savoir un peu plus sur la prise de position de leur président. Face à l’ampleur du sujet, c’est une séance plénière à huis clos qui a été décrétée pour permettre à Léon Kengo wa Dondo d’éclairer la lanterne de ses collègues. Voilà l’objet de la convocation d’hier dans la salle des conférences internationales du Palais du peuple.

CONFUSION DU GENRE DANS LE DISCOURS DE KENGO
Prié de s’expliquer sur sa prise de position sur la révision constitutionnelle, lors du discours d’ouverture de la session de septembre, le président du Sénat s’est limité à indiquer qu’il s’agissait d’un point de vue personnel. Pour nombre d’observateurs, il est simplement question d’une confusion de genres. Car, font-ils observer, comment peut-on émettre un point de vue personnel en tant qu’homme de droit à travers le discours officiel à l’ouverture d’une session parlementaire ? Car, poursuivent-ils, à travers son discours, Léon Kengo wa Dondo engageait toute son institution, le Sénat. " Car, lorsqu’il s’exprime au nom de l’institution, il ne peut pas émettre un point de vue divergent, mais celui qui reflète la vision du Sénat sur une question bien précise ", indique un sénateur.
S’il avait réellement besoin d’émettre un point personnel, il pouvait le faire après la cérémonie officielle au cours d’une conférence de presse où il prendrait soin de préciser à l’avance qu’il parle, non pas en sa qualité de président du Sénat, mais à titre individuel en tant qu’homme de droit, soutiennent la plupart des observateurs. Placer le venin dans le discours, cela renseignerait sur l’intention de profiter de la tribune du Sénat pour faire passer un message. Ce qui pousse à conclure que c’est de façon délibérée que le président du Sénat, par ailleurs co-président des assises des Concertations nationales chargé du suivi des recommandations, a choisi de placer des phrases assassines au bon milieu de son discours. " Il avait bien préparé son discours afin de nous surprendre, nous de la Majorité présidentielle, c’est donc un coup politique bien préparé. Mais, malheureusement, c’est une confusion de genres ", confie un membre de la Majorité.

UN POINT DE VUE QUI SE RAPPROCHE DE LA CENCO
Mais, en quoi le point de vue exprimé par le président du Sénat pèche-t-il ? D’abord, en sa double qualité de président du Sénat et des Concertations nationales où il partageait le perchoir avec son collègue Aubin Minaku de l’Assemblée nationale, Léon Kengo ne pouvait pas officiellement prendre position sur une question prévue à l’ordre du jour de la session de septembre sans en référer à la conférence des présidents. Car, son discours engage aussitôt toute son institution. On comprend pourquoi il a été contraint de s’expliquer hier sur ce que certains qualifient d’abus de pouvoir. Le président d’une chambre parlementaire n’en est pas le patron au sens strict du terme, mais quelqu’un qui assure la police de la chambre tout simplement, relèvent les observateurs.
Or, Kengo, poursuit-on, a donné un point de vue qui se rapproche, en réalité, de celui de la Conférence épiscopale nationale du Congo. Cette structure des princes de l’Eglise catholique s’oppose également à la révision des articles dits « vérrouillés » de la Constitution du 18 février 2006 et au changement de Constitution. Dès lors, les observateurs établissent un lien entre le point de vue personnel de Léon Kengo wa Dondo et celui de la conférence chère à son ami, le cardinal Laurent Monsengwo Pasynia. Est-ce de manière concertée que les deux prises de position se ressemblent comme deux gouttes d’eau ? La question reste posée. Car, pour nombre d’observateurs, ce n’est pas par hasard que le président du Sénat s’est livré à un exercice politique inattendu dans l’unique but de charger la Majorité présidentielle.
Léon Kengo est accusé d’avoir outrepassé les limites de son pouvoir
Pour les observateurs avertis, Léon Kengo wa Dondo a tout simplement outrepassé ses pouvoirs en transformant le Sénat en un ring politique où tous les coups sont permis. Or, en sa qualité de speaker, il devrait s’arrêter à émettre un point de vue général renseignant sur les attentes des uns et des autres. " Maintenant qu’il a choisi son camp avant le débat, tout le monde sait à quoi s’en tenir et la surprise ne sera plus à l’ordre du jour", tranche un membre de la Majorité présidentielle. En sortant ses griffes trop tôt, le président du Sénat n’aura pas la tâche facile lors du débat sur la révision constitutionnelle parce que les sénateurs de la Majorité se méfieront comme jamais de lui, concluent les observateurs. Car, les choses risqueront de ne pas se passer comme le pense Léon Kengo wa Dondo. Ce qui pousse les membres de la M.P à changer le fusil d’épaule. M. M.

 

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