Article 220 de la Constitution : l’épiscopat américain soutient la Cenco

Mercredi 22 octobre 2014 - 13:33

Dans une lettre envoyée à Russ Feingold.

Mgr Richard E. Pates, président de la Commission épiscopale pour la justice et la paix internationale, invite l’envoyé spécial de Washington dans la région des Grands Lacs à prendre en compte la position de l’Eglise de la RDC concernant la révision et/ou le changement de la Constitution

Selon une information livrée hier mardi 21 octobre 2014 par Radio Vatican, les évêques des Etats-Unis d’Amérique soutiennent totalement l’Eglise catholique de la République démocratique du Congo, à travers la Conférence épiscopale nationale des évêques du Congo (Cenco), dans sa démarche contre toute tentative de retoucher l’article 220 de la Constitution, en vue de permettre au chef de l’Etat de briguer un troisième mandat à la tête du pays.

Représentés par Mgr Richard E. Pates, président de la Commission épiscopale pour la justice et la paix internationale, ils ont, à cet effet, adressé une lettre à l’ambassadeur Russ Feingold, envoyé spécial de Washington dans la région des Grands Lacs.

A travers cette correspondance, ils affirment leur engagement à collaborer avec l’Exécutif américain  » pour promouvoir la paix et la prospérité du peuple de la République Démocratique du Congo « .

C’est-à-dire, l’épiscopat américain s’oppose à un troisième mandat en République démocratique du Congo, à l’instar de l’Eglise catholique congolaise qui a ouvertement dit  » non  » à cette initiative concoctée par une classe politique sans se soucier de l’intérêt de tous les Congolais.

D’ailleurs, en RDC, les Communautés ecclésiales vivantes de base (Cevb) sont mises à contribution pour réveiller les fidèles catholiques à barrer la route à cette démarche qui tue la démocratie.

Des sources renseignent qu’à ce courrier est jointe la récente lettre pastorale de la Conférence épiscopale nationale congolaise (Cenco), dans laquelle les évêques avaient manifesté leur opposition à la réforme de l’article 220 de la Constitution. Cette disposition prévoit entre autres que  » le nombre et la durée des mandats du président de la République ne peuvent être l’objet d’aucune réforme constitutionnelle « .

Un éventuel amendement constitutionnel permettrait de passer à trois, au lieu de deux actuellement, le nombre de mandats du chef de l’État. Ainsi, l’actuel président de la RDC pourrait se présenter aux élections de 2016.

Pour la Cenco, la réforme serait alors une  » marche arrière sur le chemin de la construction de notre démocratie, et cela risque de compromettre gravement le futur harmonieux de la Nation « .

Le gouvernement congolais doit agir pour le bien commun

Dans sa lettre, Mgr Pates invite Russ Feingold à prendre en compte cette opposition dans la définition de la politique de l’administration américaine envers la RDC concernant les élections de 2016.  » Mon souhait, écrit-il, est que vous puissiez trouver le moyen de soutenir les efforts de l’Église destinés à assurer que le gouvernement de la RDC agisse pour le bien commun « .

Les critiques des évêques congolais à propos de la révision constitutionnelle ont suscité un vif débat dans le microcosme politique congolais.

La Majorité présidentielle et l’Opposition n’émettent sur la même longueur d’ondes à ce sujet. Les uns vont même jusqu’à souhaiter une présidence à vie en RD Congo, les autres ne jurent que sur l’alternance, coûte que coûte, en 2016. Surtout que, martèlent ces derniers, en 2016, Joseph Kabila totalisera 15 ans au sommet de l’Etat, soit la moitié du règne dictatorial du maréchal Mobutu.

Quant aux lieutenants de la Majorité, Kabila est appelé à parachever son œuvre de la reconstruction du pays. Donc, s’il faut changer la Constitution pour lui permettre d’arriver au terme de son programme, il n’y a pas de mal à cela. Ils comptent sur le référendum populaire pour obtenir le  » oui  » et réaliser leur rêve.

Bien d’autres stratégies sont mises en marche pour intimider tous ceux qui s’opposent à leur forcing. Dernièrement à Lodja, dans le district du Sankuru, au nord de la province du Kasaï Oriental, un groupe de jeunes avait été instrumentalisé pour s’attaquer physiquement aux prêtres et religieuses catholiques qui propageaient le message anti-révision de la Constitution aux fidèles venus nombreux à l’Eglise.

Mais la démarche est d’office vouée à l’échec car la majorité des Congolais, les partis politiques aussi bien de l’Opposition que quelques uns de la Majorité, des organisations de la société civile, l’Eglise catholique et toute la communauté internationale, sont contre le maintien au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat congolais au-delà de 2016.

La dernière déclaration, celle de Linda Thomas Greenfield, sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, réitérant la position des Etats-Unis sur cette question, a provoqué des remous dans la mouvance kabiliste.

Par Lefils Matady

 

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