Réagissant au réquisitoire du ministère public, les militants du Mlc présents dans la salle à Scheveningen ont crié au mensonge et demandé au Procureur si leur chairman pouvait commander ses troupes en RCA à partir de la RDC.
Après le réquisitoire de la procureure de la Cour pénale internationale, place à la plaidoirie. C’est ce jour que les avocats du sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo doivent étaler leurs arguments pour sauver leur client. Car, la procureure a déjà requis la condamnation du " Chairman " du Mouvement de libération du Congo, en l’accusant d’avoir commandé ses troupes qui se trouvaient sur le territoire centrafricain en 2002-2003 alors que les militaires du MLC y étaient à la demande du président Ange-Félix Patassé. Il revient aux avocats de Jean-Pierre Bemba de démontrer le contraire. C’est cela l’enjeu de la séance de ce jeudi à La Haye. S’il est vrai qu’il ne s’agit pas d’un exercice facile pour la défense, il est aussi vrai qu’après le défilé des témoins et des preuves en sa possession, la défense peut démonter l’argumentation de la procureure. Comme on le voit, il est question de stratégies à opposer à la procureure pour tirer JP Bemba d’affaire. Surtout qu’il totalise déjà sept ans de détention et une sanction moins sévère l’aiderait à faire ses adieux à la CPI dans pas trop longtemps.
Le procès du leader du Mlc, Jean-Pierre Bemba Gombo qui croupit dans les cellules sécurisées de Scheveningen, dans les faubourgs de La Haye depuis 6 ans est enfin entré dans sa phase ultime depuis hier avec le démarrage des déclarations finales. C’est le Bureau du Procureur près la CPI (Ministère public) qui a donné le ton par son long réquisitoire de trois heures.
On y retient que le Parquet demande à la Cour de déclarer Jean-Pierre Bemba Gombo coupable et surtout responsable des faits commis par ses troupes en Centrafrique en 2002 et 2003. Il a ensuite déclamé une litanie de crimes internationaux comme des crimes contre l’humanité, crimes de guerre viols en série utilisés comme arme de guerre, des pillages perpétrés par des soldats du Mlc connus sous le sobriquet de "Banyamulenge " en RCA et à mettre à charge de leur chef Jean-Pierre Bemba qui, selon le procureur, suivait tous les événements.
Le Parquet demande à la Cour de faire jurisprudence et de condamner fermement Bemba pour tous ces faits qu’il déclare établis en faits et droits. Clameur et en cris de protestation dans la salle où de nombreux militants du Mlc avaient réussi à prendre place. Ils ont crié mensonge au Procureur, comme dans un slogan révolutionnaire. Ils lui ont aussi demandé s’il était possible à Jean-Pierre Bemba de commander à partir de la Rdc ses troupes mises à la disposition de Ange Félix Patassé, alors président de la RCA.
SE DONNER UNE ENVERGURE REGIONALE
Le Procureur a poursuivi son intervention en tentant de présenter Jean-Pierre Bemba Goma comme un homme redoutable qui, avec ses 20.000 hommes de troupes était prêt à tout pour se donner une envergure régionale. Malgré tous ces tirs au bazooka sur sa personne par le Parquet près la CPI pour le faire condamner, Jean-Pierre Bemba est resté stoïque. Il y a de quoi. Il sait bien que malgré la longue dissertation du Bureau du Procureur, le dossier judiciaire, lui, est vide… bien vide. Cela est très réconfortant pour Bemba Gombo.
La question serait sans doute de savoir à partir de quel moment qu’on peut poursuivre quelqu’un pour des crimes présumés commis par ses soldats mis à la disposition non d’un mouvement rebelle mais d’un Etat souverain dont les institutions sont démocratiques avec un Président élu au suffrage universel, donc qui a toute la légitimité du peuple.
C’est cela l’aberration dans l’affaire de Jean-Pierre Bemba. Il répond des actes posés par ses soldats mis à la disposition du Président de la RCA, Ange-Félix Patassé, dont le pays est ruiné par la rébellion de François Bozizé. Si Bemba peut être jugé pour de tels faits, ce serait alors jurisprudence pour l’avenir. Dans ce cas, la même logique voudrait que lorsque Bozize, Président de la RCA fait face à son tour à la rébellion de la Séleca et qu’il fait appel aux soldats sud-africains, si, par exemple, ceux-ci avaient commis des crimes contre la population centrafricaine, ce n’aurait pas lui Bozize qui aurait été poursuivi mais Jacob Zuma, Président sud-africain qui devait en répondre devant les juridictions internationales. Le monde à l’envers.
LA RSA A DONNE SES TROUPES A BOZIZE
C’est justement cela le dossier Bemba. La RSA a mis à la disposition de Bozize des troupes spéciales pour stopper l’avancée irréversible de la rébellion Séléca. Bemba avait fait la même chose avec Ange Félix Patassé. Tout le monde sait que les troupes du Mlc étaient sous commandement non de Jean-Pierre Bemba mais de l’Etat-major centrafricain. Cela a été démontré plusieurs fois.
Bien avant sa mort, Ange Félix Patassé avait maintes fois demandé à la CPI de l’autoriser à aller témoigner. La Cour avait toujours réservé à sa requête une fin de non recevoir. Jusqu’à sa mort. Tous les membres de la chaîne militaire de commandement centrafricain à l’époque des faits sont encore vivants mais la Cour n’a jamais voulu les entendre.
Voici que, le Procureur près la CPI demande dans ses réquisitions à la Cour de déclarer Bemba responsable des crimes commis par ses troupes en RCA. Côté Mlc, on espere que la Cour ne va pas suivre le Procureur dans sa dialectique. C’est aujourd’hui que la défense de Jean-Pierre Bemba Gombo réplique dans ses plaidoiries pour 3 heures aussi. Nul doute qu’ils vont comme d’habitude établir qu’il n’y a aucun lien entre Bemba et les crimes supposés commis par les troupes du Mlc en RCA.
Ceux qui comme Mathieu Ngujolo (FNI) et son colistier Germain Katanga (FRPI) ont massacré 200 personnes au village Bogoro en Ituri la Cour les acquitte pour le premier tandis que le second n’est pas reconnu comme donneur d’ordre. Pourtant, c’est une lapalissade, ce qui s’est passé cette nui-là de 2003 à Bogoro. Aucune commune mesure avec Jean-Pierre Bemba Gombo qui, comme démontré ci-dessus, n’a jamais donné des ordres à ses hommes déployés en RCA. Personne n’en a donné la moindre preuve qui soit inattaquable. Sauf à vouloir alors le condamner non comme donneur d’ordre comme il se doit mais comme celui qui a fourni ceux qui ont commis le crime. Mais une telle responsabilité n’existe pas en droit. KANDOLO M.