En trois jours, soit les 23 et 24 septembre 1991 et le 28 janvier 1993, tout le tissu industriel, commercial et social avait été durement touché. Depuis, le pays a du mal à s’en remettre. Comme pour attirer l’attention aussi bien de la classe politique, de la société civile que de la population elle-même, jeunesse en priorité, sur le fait que toute tentative de rééditer ce crime - comme cela a failli être le cas en janvier 2015 et l’être en cette année électorale 2016 - relève de l’irresponsabilité et de la méchanceté...
Des millions de Kinois ne le savent pas : l’avenue du Commerce était l’une des plus belles de la ville. Elle concurrençait même le boulevard du 30 juin avec ses boutiques bien éclairées et bien achalandées, une invite permanente à la lèche-vitrine dans la capitale. Son attraction principale était le cinéma Palace.
Il a fallu un jour seulement, un certain 23 septembre 1991, puis un second, le lendemain, pour lui faire perdre tout son charme, basculant du paradis à l’enfer.
Pour l’histoire, la Cns venait de s’ouvrir un mois et trois semaines plus tôt (31 juillet). A la suite d’un exhibitionnisme insipide au Palais du Peuple consécutif à l’identification des délégués, survint le pillage planifié qui débouchera curieusement sur les Accords du Palais de Marbre I, suivis tour à tour du Palais de Marbre II, de la suspension, de la réouverture et de la clôture de la Cns, de la convocation du Conclave politique de Kinshasa puis des Accords du Palais du Peuple.
Pour revenir aux pillages de 1991 et de 1993, un cadre de l’une des plus grandes agences fiduciaires du pays relève dans un article de presse, rédigé en commémoration du 24ème anniversaire de la Marche des Chrétiens le 16 février prochain, la perte de plus d’un million et demi d’emplois dans un pays sorti groggy de la gouvernance mpérienne.
Rien d’étonnant quand on sait qu’en 1991, des industries, des commerces et des services pour le tissu économique, de même que des écoles, des hôpitaux, des bus de transport public etc. pour le tissu social avaient été détruits systématiquement.
On laisse d’ailleurs entendre que pour arrêter le pillage de 1993, un officier supérieur des Faz se serait personnellement chargé d’abattre chaque militaire ou policier, porteur d’un butin, qu’il croisait sur son chemin le 28 janvier. Bien plus, et contrairement à celui de 1991, les civils avaient refusé d’accompagner les militaires et les policiers dans la deuxième aventure.
Survenant concomitamment avec la suspension de la coopération étrangère et internationale ainsi que les grèves intempestives et la perturbation de la monnaie consécutive aux pratiques comme le recours à la planche à billets, la contrefaçon, la création des zones monétaires parallèles etc., les pillages ont eu deux effets catastrophiques au plan de l’emploi. Primo, la perte d’emplois pour ceux qui travaillaient. Secundo l’accès difficile à l’emploi à ceux qui soit étaient en chômage, soit terminaient des études et s’apprêtaient à entrer dans la vie active.
La détérioration du climat des affaires aura pour résultat dramatique le désinvestissement. Lors de sa première conférence de presse au lendemain de son retour à la primature en 1994, Léon Kengo avait clairement déclaré qu’aucun investisseur sérieux ne mettrait le moindre milliard de dollars au Zaïre lorsqu’on pouvait cannibaliser un bus en deux temps, trois mouvements.
LE PAYS AURA PERDU SON PREMIER CENTENAIRE
Vingt-trois ans après, qui oserait récidiver ? Déjà, en janvier 2015, les " jeunes " qui avaient pillé les bureaux municipaux et les magasins appartenant aux Chinois n’ont pas obtenu de la rue le soutien escompté. Les Kinois, victimes premières des pillages de 1991 et de 1993, les ont ouvertement désavoués, conscients du fait que les difficultés auxquelles ils continuent de faire, notamment en matière d’accès à l’emploi, au transport public, à l’eau et à l’électricité sont liés à la destruction du tissu économique et social entreprise voici plus de deux décennies.
On se doit de le savoir : en cette année électorale 2016, la moindre étincelle est de nature à déboucher sur un gigantesque incendie qui brûlerait la ville.
Si donc 23 ans après on continue de ressentir les effets des pillages des années 1990, on imagine bien ceux d’une nouvelle destruction maintiendrait le pays en difficulté qu’aux années 2050. On aura ainsi perdu tout le premier centenaire.
Moralité : un consensus doit se dégager pour épargner la RDC de la menace latente. Omer NSONGO die Lema