L’affaire est relatée par Mme Meta Mwela, mère de la fillette Christ-Vie Meta Mwela. Le samedi 6 septembre 2014, la mère qui s’était couchée assez tôt, à 19 heures pour plus de précision, est réveillée par son jeune frère Felly aux environs de 23 heures. Alors qu’elle contenait difficilement sa colère d’être dérangée dans son sommeil, elle est surprise d’apprendre de la bouche de Felly que sa fille Christ-Vie n’était pas à la maison. Le choc de la nouvelle la réveille complètement et elle sort immédiatement de la maison en compagnie de son petit-frère pour sonner l’alerte générale dans le quartier. La démarche, malheureusement, ne donne aucun résultat et c’est de guerre lasse qu’ils regagnent la maison où personne ne fermera l’œil jusqu’au petit matin.
Le lendemain de la disparition, Mme Meta apprend de son fils Gracia âgé de dix ans que celui-ci avait accompagné, la nuit, Chrit-Vie dans sa visite à un certain Jérémie Sambia âgé de 17 ans. Secouée par la révélation de son fiston, elle se rend peu après à l’adresse indiquée par Gracia et celle-ci se révèle effectivement être l’adresse de la famille de Jérémie. La descente ne donne malheureusement lieu aucun résultat en ce qui concerne la localisation de la fillette disparue.
Devant le Tribunal pour enfants de Kinshasa /Kalamu qui instruisait l’affaire le jeudi 25 septembre au pavillon 10 de la Prison centrale de Makala, Mme Meta est revenue sur cette nuit d’épouvante pour évoquer le déroulement des événements pré-rappelés à l’intention des juges.
Témoin oculaire des événements, le petit Gracia déclare à son tour à l’intention du tribunal qu’il a vu sa sœur converser, devant l’entrée de leur parcelle, avec Jérémie Sambia, aujourd’hui prévenu à la Prison de Makala. Ce n’est pas la première fois que cela arrivait, a-t-il précisé en ajoutant que régulièrement, lorsqu’ils revenaient du marché, Jérémie se retrouvait toujours et comme par hasard sur leur chemin et en profitait pour tailler bavette avec sa sœur. Et de poursuivre : « le jour où ma sœur a disparu, nous nous étions croisés avec le prévenu à l’endroit habituel. Jérémie a demandé à ma sœur de passer le voir à 22 heures pour prendre un peu d’argent. Vers 21 h 50, nous avons quitté la maison pour nous rendre chez Jérémie. Mais quelques minutes après notre arrivée, on me demandera de regagner la maison et ma sœur est restée avec Jérémie ».
Invité à s’expliquer, Jérémie reconnaît qu’il voyait effectivement Christ-Vie Meta. Celle-ci était habituellement accompagnée de Gracia mais il ignorait qu’ils étaient frère et sœur. Après avoir naturellement nié être la cause de la disparition de la fillette, il déclare au Tribunal que suite aux menaces proférées à son endroit par Mme Meta, ils se sont rendus en compagnie de sa famille à un poste de police pour porter plainte contre Mme Meta.
Après le prévenu, la parole a été donnée au représentant de sa mère, celui-ci est revenu sur la visite de Mme Meta chez eux où elle a semé un réel désordre au point de porter la main sur un membre de leur famille. Il précise que Mme Meta était accompagné, d’autres habitants de leur parcelle.
Certains témoignages font état d’une fugue qui tirerait son origine de la colère exprimée par un oncle à sa nièce au motif que celui-ci avait constaté que Christ-Vie manipulait de l’argent dont personne ne connaissait la provenance, appel fut fait à une assistance sociale pour témoigner. Celle-ci, selon certaines sources, était présente au moment où l’oncle de la fille aurait déclaré que c’est plutôt son ami qui avait grondé sa nièce pour détention d’argent d’origine inconnue plutôt que lui-même. Voulant en avoir le cœur net, l’assistante avait directement posé la question à l’oncle et cela avait donné lieu à une chaude discussion entre les deux familles.
Le ministère public a pris la parole pour poser des questions de fond aux parties au procès ainsi qu’aux personnes ayant comparu volontairement pour éclairer le tribunal.
Après ces interventions, l’avocat du prévenu va solliciter sa mise en liberté provisoire en vertu de la loi sur la protection de l’enfant en son article 45 alinéas 3 à 7. Jérémie est un enfant en situation difficile affirme-t-il avant d’inviter le tribunal à tenir compte du fait qu’il est issu d’une famille responsable et que c’est un élève remarquable.
Cette demande a suscité une réplique cinglante de l’avocat de la victime qui a rappelé aux juges et à ceux qui semblent l’avoir oublié que Christ-Vie est toujours introuvable. L’affirmation selon laquelle Jérémie Sambia est un enfant en situation difficile est sans fondement étant donné qu’il évolu dans un environnement normal. Il conclua par demander au tribunal de déclarer la demande de l’avocat du prévenu recevable certes mais non fondée.
A ce stade des débats, le tribunal a décidé une descente sur terrain le mardi 30 septembre 2014 avant de renvoyer la cause au 2 octobre 2014.
Une centaine de dossiers traités le même jour
L’affaite Meta entrait dans le cadre de la Journée des consultations gratuites et audiences foraines organisées par le Bureau des Consultations gratuites près la Cour Suprême. Cette activité était supervisée par le bâtonnier Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba, doyen du barreau près la Cour Suprême de Justice. Le bâtonnier Mukendi était secondé par le comité restreint constitué de Me Bernard Tshitoka, avocat au barreau de Kinshasa/Gombe et bien d’autres avocats.
Répartis selon les juridictions, plusieurs affaires ont été appelées, certaines en introduction, d’autres en continuation.
Ce programme financé par Osisa a pour objectif principal d’aider les enfants détenus les plus démunis à bénéficier de l’assistance judiciaire gratuite. Les affaires appelées concernaient le vol simple, le viol réputé avec violence, coups et blessures volontaires et involontaires, extorsion etc. Elles relèvent des différents tribunaux pour enfants de l’ensemble de la ville de Kinshasa. Ainsi, le Tribunal pour enfants /Kinshasa a examiné 30 dossiers,, le TPE/Ngaliema 23, le TPE/Kalamu 10, le TPE/Kinkole 23 et le TPE/Matete 17.
Dorcas Nsomue