Commentant par ailleurs les derniers massacres perpétrés à Beni par les rebelles ougandais de l’ADF, cet analyste politique milite en faveur d’un mini-sommet RDC-Ouganda qui permettrait aux deux pays d’aborder
toutes les questions qui fâchent notamment, celle relative à la présence de cette force négative sur le sol congolais. De passage récent à Kinshasa, le président du Mouvement pour le Congo (Moco) n’a pas manqué
d’exprimer son regret face aux dernières tueries perpétrées à l’Est du pays, précisément à Beni au Nord-Kivu par les rebelles ougandais de l’ADF. Il ne s’explique guère que la Monusco qui bien déployée à l’Est du pays et les Fardc soient pris de court par cette force négative au point d’assister impuissantes au drame commis à Beni. Tony Bolamba est de ceux qui pensent qu’il faille accroitre l’efficacité du contingent onusien
en incorporant notamment des unités françaises dont l’expertise avérée en cette matière peut servir la RDC. Sa recette pour éradiquer définitivement la crise dans cette partie du pays se décline en termes d’un dialogue sincère que la RDC pourrait avoir avec ses voisins immédiats et particulièrement le Rwanda et l’Ouganda dans le cadre d’un mini-sommet. Dans un contexte où la CIRGL, la Sadc et d’autres regroupements
sous-régionaux sont quasi aphones, Tony Bolamba exhorte le ministre congolais des Àffaires étrangères à prendre langue directement avec son collègue ougandais pour parler de la problématique ADF qui est, d’abord et avant tout, une question ougandaise. « Nous, nous ne faisons que subir, ce n’est pas notre guerre. Et si on ne se comprend pas, rien ne nous empêcherait de rappeler notre ambassadeur en Ouganda
pour consultation », a martelé le président du Moco, sans ambigüité. Il prône un dialogue à l’échelle régionale selon l’esprit africain de sorte à mettre sur la table toutes les questions qui fâchent aux fins de trouver des solutions idoines. Rapports tendus avec l’ONU D’une question d’actualité à une autre, Tony Bolamba s’est par ailleurs insurgé contre l’expulsion du chef local de l’antenne de l’ONU en RDC en matière de droits de l’homme, Scott Campbell dont le rapport publié par ses services sur le déroulement de l’opération « Likofi » continue de soulever des vagues.
« On ne pouvait pas passer à une décision extrême quelque soit le contenu de ce rapport », fait remarquer l’interlocuteur des Dépêches de Brazzaville. Il trouve malaisé qu’au nom de la souveraineté, le pays entretienne toujours des relations tendues avec des cadres des institutions internationales. Allusion faite, entre autres, à l’envoyé spécial de Barack Obama pour la Région des Grands Lacs Russ Feingold en disgrâce suite à ses prises de position sur la révision constitutionelle. Pour cet acteur de la société civile, un dialogue en amont entre parties aurait sauvé les meubles en permettant au gouvernement d’éclaircir certains faits documentés par le Bureau Conjoint des Nations unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH). Mais hélas ! « On ne gère pas un pays avec les émotions », a-t-il lâché en guise de conseils aux gouvernants dont certaines décisions prises à l’emporte pièce desservent plutôt que de crédibiliser le pays. Revenant sur les violences perpétrées dernièrement sur des membres du corps ecclésiastique Lodja en guise de représailles à l’appel de la Cenco exhortant les fidèles catholiques à ne pas cautionner tout projet de révision constitutionnelle, Tony Bolamba se garde de confirmer la thèse de manipulation. Tout en accordant à l’église le droit d’émettre ses avis sur la marche du pays en tant que composante sociale, il estime que dans un pays où laïcité est consacrée tel que la RDC, il est illusoire de croire que la position de l’église catholique sur la révision constitutionnelle engage l’ensemble des fidèles. Il invite les uns et les autres à la tempérance de sorte à écarter le spectre de la guerre des religions dont effets sont aujourd’hui durement ressentis en Centrafrique.
Pour en revenir à la situation de Lodja, il appelle à l’ouverture d’une enquête indépendante afin d’établir les responsabilités. Porte-parole de l’opposition d’ici janvier Quant aux appréhensions d’une certaine opposition par rapport à la prolongation du mandat de Joseph Kabila à laquelle donnerait lieu l’organisation d’un referendum avec ce qu’il implique en terme de durée, Tony Bolamba y perçoit un déficit sérieux en termes d’informations sur les progrès technologiques. Avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), les jeux sont rapidement faits. Il suffit, dit-il, de doter les villages, territoires et districts des ordinateurs reliés à un serveur central susceptible de recueillir les données et les traiter, pour avoir en un temps record la cartographie réelle du pays sur le plan démographique. Plutôt que de faire une fixation sur cette question, Tony Bolamba invite ses pairs de l’opposition à s’organiser et à choisir son candidat ou ses candidats en perspective de prochaines joutes électorales. Et de lancer un ultimatum à l’opposition pour que d’ici janvier 2015, elle se dote finalement de son porte-parole et des outils nécessaires pouvant la rendre plus active. Concernant le projet du budget 2015, quoique dérisoire, il pense qu’il fera la part belle aux secteurs prioritaires tels que l’éducation, la culture et la santé. Parlant du Mouvement pour le Congo (Moco) Tony Bolamba dit qu’il s’organise en prévision des prochaines échéances électorales. Il annonce une tournée républicaine dans les prochains jours où il ira à la rencontre des kinois de toutes les sensibilités pour les entretenir sur la vision de l’association en rapport avec les enjeux sociopolitiques du moment. Enfin, il a eu une pensée pieuse pour Mouammar Kadhafi décédé le 20 octobre 2011. Une fin de règne qui s’est décrétée naturellement du fait de l’usure du temps découlant d’un pouvoir vieillissant et vis-à-vis duquel un groupe de personnes, mues par l’idéal révolutionnaire, ont cherché à évincer. Loin de toute considération d’ordre politique, Tony Bolamba pense que le peuple peut tout aussi se fatiguer de ses dirigeants en tant que personnes physiques. Et là-dessus, l’exemple de la Libye est patent. Pour lui, l’histoire de l’Afrique avec ses grands hommes devrait constituer le socle de la formation pour l’émergence d’une jeunesse africaine qui connaît ses repères et portée vers l’avenir.
Alain Diasso