La Société civile qui a longtemps attendu ce moment émet le vœu de voir un procès juste et équitable, un moment où les uns et les autres attendent qu’éclate enfin la vérité et que triomphe le droit. Et la population qui se posait autant de questions autour de la mort de Mamadou Ndala qui était devenue presque comme une énigme, est appelée à venir assister massivement
C’est aujourd’hui le 1er octobre 2014 que s’ouvre le procès sur l’assassinat du feu Général Mamadou Ndala, ancien Commandant de la 42e Brigade de l’Unité de Réaction Rapide(URR), abattu le 02 janvier dernier.
Des informations en notre possession renseignent que c’est le lundi 29 septembre courant que le Premier Président de la Cour Militaire Opérationnelle du Nord-Kivu, le Colonel Joseph Mukako s’est déployé avec sa suite dans la Ville de Beni, en perspective des audiences dans le cadre dudit procès. Au total, 18 audiences foraines sont prévues, et ce dans un délai maximum d’un mois, dans l’objectif de pour faire éclater la vérité sur l’assassinat de l’ancien commandant du 42e bataillon commando des unités de réaction rapide de l’armée congolaise survenu le 2 janvier dernier, a indiqué le Colonel Joseph Mukako.
« Nous sommes venus pour examiner le cas des présumés auteurs de l’assassinat du Général Mamadou Ndala et deux de ses gardes du corps. Ça démarre le mercredi 1er octobre à 9 heures. Nous avons prévu 18 audiences pour que toute équivoque soit levée à la fin », a déclaré le président de la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu, le Colonel Joseph Mukako. Le Maire de Beni a pour sa part appelé toute la population à venir nombreuse assister à ces audiences. Pour Nyonyi Bwanakawa, il s’agit d’une bonne occasion pour avoir des réponses aux questions que chacun se pose sur les circonstances de la mort du colonel Mamadou Ndala, promu Général de brigade à titre posthume.
« La population qui se posait autant de questions autour de la mort de Mamadou qui était devenue presque comme une énigme, est appelée à venir assister massivement », a dit Nyonyi Bwanakawa. Selon des sources judiciaires, une vingtaine de prévenus seront à la barre lors de la première audience. Parmi eux, 8 civils, 4 officiers supérieurs des Forces armées de la RDC (FARDC) et deux anciens gardes du corps de feu Mamadou Ndala.
Pour un procès juste
Depuis l’annonce de l’ouverture de ce procès, des appels fusent de partout demandant les attentes de la Société civile quant à ce. Pour ce procès, les attentes de la Société civile peuvent se résumer dans cette phrase : « Nous espérons que la population ne va pas assister à une parodie de justice ou à un simulacre de procès ».
La Société civile a longtemps attendu ce moment ; elle attend un procès juste et équitable, un moment où les uns et les autres attendent qu’éclate la vérité et que triomphe le droit. « Nous croyons que 8 mois d’enquêtes ont été largement suffisants pour réunir les éléments nécessaires, les preuves susceptibles de charger les divers suspects arrêtés », indique un communiqué de presse de la Société civile du Nord-Kivu.
La Coordination provinciale de la Société civile du Nord-Kivu suivra minutieusement les différentes audiences pour un monitoring sérieux dudit procès. Elle invite la population de Beni, Butembo, Goma et de l’ensemble de la province à être présente lors des audiences qui se tiendront publiquement à la Tribune du 08 mars, proche de la Mairie de Beni pour ceux qui connaissent cette Ville.
Elle rappelle qu’à nouveau la population et le monde entier observent la justice congolaise ; le sérieux, la délicatesse qu’il y aura dans ce procès permettront que soit respectée la justice congolaise. Voilà le grand défi à relever.
De leur côté, les avocats sont prêts
Pour ce procès des présumés assassins du Général de brigade Mamadou Ndala qui s’ouvre ce mercredi a 9 heures dans la ville de Beni, nous apprenons que les avocats de la défense ont travaillé dans la salle d’audience de l’auditorat militaire de Beni afin de bien s’enquérir des dossiers des accusés en prison depuis neufs mois.
Le Colonel Tito Bizuru, ancien commandant ville avait déjà consulté des avocats dont l’un est du barreau de Kananga au Kasaï-Occidental, qui va aussi assister un Major prénommé Amani.
Une cinquantaine de témoins et renseignants devront se succéder à la barre soit pour confirmer les charges ou les infirmer. Les prévenus sont au nombre d’une vingtaine dont les uns en fuite jusqu’à aujourd’hui. Pour notre correspondant sur place à Beni, les auditions vont conduire à des dossiers assez volumineux.
Le capitaine Banza, assistant du Colonel Mamadou Ndala avait lui aussi consulté Maître Bernard Mulumba pour l’assister. Maître Bernard Mulumba a compulsé le dossier de l’assistant Banza toute la journée et se dit prêt psychologiquement pour affronter ledit procès qu’il connait de grande importance.
Maître Charles Muletso, lui, va plaider "Pro Deo" pour un certain Hassan Mbale Joshua qui s’est déclaré ADF/NALU et avait été arrêté dans ce dossier. Maître Charles Muletso demande à la Cour militaire de ne pas aller vite en besogne, mais de conduire ce procès dans la vérité afin de savoir qui avait réellement tué le célèbre Colonel.
Qui fut Mamadou Ndala ?
En ce qui concerne Mamadou Ndala, selon des informations glanées sur Wikipedia, il voit le jour dans l’ancienne province du Haut-Zaïre et grandit dans une famille musulmane, culte qu’il pratiquera jusqu’à sa mort. Il fait ses études primaires à Ibambi et poursuit les études secondaires à l’institut les Aiglons d’Isiro, la capitale de la province du Haut-Uélé. Il s’inscrit ensuite au complexe scolaire « Petits Anges ».
Ses amis d’enfance le décrivent comme un excellent footballeur. Il avait notamment évolué au sein d’Africa Sport, une équipe locale d’Isiro, dissoute il y a quelques années.
Mamadou Ndala entre dans l’armée le 6 juin 1997. Quatorze ans plus tard, le 7 janvier 2011, il est promu au grade de colonel. Il prend le commandement du 42ème bataillon des commandos des Unités de Réaction Rapide.
Il se fait rapidement remarquer par la population de Goma, en juillet et août 2013, en menant des offensives victorieuses contre les combattants du M23 qui assiégeaient la ville. L’inertie des casques bleus avait fini par lasser la population. Dans un premier temps, les victoires des hommes de Ndala laissent la population dubitative. L’armée congolaise avait habitué la population à des débandades ahurissantes, comme en novembre 2012 lorsque le M23 s’était emparé de la ville de Goma désertée par l’armée nationale.
La guerre va connaître un tournant décisif fin août 2013 lorsque le M23 lance des obus sur la ville de Goma23. Une offensive musclée des FARDC appuyées par la brigade d’intervention de la Monusco va mener les troupes de Mamadou Ndala à son plus haut fait d’armes, la conquête des "Trois antennes" dans le secteur de Kibati. La bataille de Kibati cause de lourdes pertes au M23 qui laisse d’importantes quantités de munitions26 et sombre dans le doute.
Après Kibumba, Kiwanja et Rutshuru-centre, l’armée congolaise s’empare de la base de Rumangabo le 28 octobre 201327. Les victoires des FARDC s’enchaînent jusqu’à la reprise de Bunagana, le 30 octobre 2013. Le colonel Mamadou Ndala rentre triomphalement dans la ville. Dans la foulée, Martin Kobler, le patron de la MONUSCO annonce la fin du Mouvement du 23-Mars en tant que force militaire.
La dernière mission
Conformément à la résolution 2098(2013) 31 du Conseil de sécurité de l’ONU, l’opération de neutralisation de tous les groupes armés devait se poursuivre. Le colonel Mamadou Ndala est ainsi envoyé dans le Nord de la province du Nord-Kivu, en territoire de Beni où sévit un violent groupe armé, les ADF-Nalu, connus pour de multiples exactions dont des enlèvements de civils (plus de 600 personnes depuis trois ans) et des massacres. Le colonel Ndala prend l’engagement devant la population de traquer ces maquisards même sous l’eau34.
L’armée congolaise, sous son commandement, avait sécurisé le secteur et repris la cité de Kamango qui était tombée, le 25 décembre 2013, entre les mains des combattants venus d’Ouganda. Il s’apprêtait à lancer une offensive générale pour liquider les ADF-Nalu. Les unités de l’armée étaient positionnées.
L’Avenir