A une semaine de la Noël, Kinshasa toujours dans le noir

Jeudi 18 décembre 2014 - 15:37

Il suffit de circuler dans la ville de Kinshasa, la nuit, pour constater que la Société nationale d’électricité (Snel) a un sérieux problème de desserte de son produit à ses abonnés de la capitale de la République démocratique du Congo.

Toutes les communes, sauf celle de la Gombe et une partie de Ngaliema, sont soumises au régime de délestage, sans oublier des coupures intempestives et autres pannes dues au manque d’entretien des cabines.
Les mieux servies ont quatre jours d’électricité par semaine, tandis que d’autres n’en bénéficient que pendant trois ou deux jours sur sept.

Au même moment, il existe plusieurs quartiers plongés dans le noir depuis des mois, voire des années. Certains Kinois affirment n’avoir jamais vu, à la télévision, le chef de l’Etat Joseph Kabila depuis sa réélection en 2011.

Cela veut dire qu’en 2015, ils totaliseront quatre ans d’obscurité.

Et là, on est bien en pleine capitale de la République démocratique du Congo où le chantier » Eau et Electricité » était retenu dans le programme de Kabila pour son mandat de 2006 à 2011.

Appareils électroménagers sans importance

Dans pareils quartiers, les appareils électroménagers n’ont aucune importance. Mêmes des réchauds moisissent et finissent dans des poubelles, si pas vendus aux mitrailles à vil prix.

C’est dans ce genre d’environnement que les bandits opèrent en toute quiétude, créant ainsi l’insécurité chez les paisibles citoyens. Viols, vols, extorsions, braquages, assassinats… sont régulièrement signalés dans ces coins de la capitale.

Curieusement, la Snel envoie, ces derniers temps, des messages à ses abonnés par voie téléphonique, leur demandant d’utiliser l’énergie électrique de manière responsable pour éviter des consommations inutiles. Pourtant, cette énergie n’est jamais au rendez-vous. Ces textos sont en effet considérés comme de la provocation purement et simplement, et d’aucuns s’en moquent.

A Yolo-Sud et une partie de Yolo-Nord, comme dans d’autres quartiers de Kinshasa, c’est de minuit à six heures que les maisons sont éclairées.

Les plus courageux se lèvent à ces heures tardives, sacrifiant leurs sommeils, pour profiter de repasser leurs habits, suivre les dernières informations télévisées et chauffer la nourriture. Le même constat est fait à Ngiri-Ngiri, Lemba, Ngaba, Kasa-Vubu, Limete, Matete, Bumbu, Selembao. A Kingasani, Masina, Kimbanseke, la situation est pire. On comprend dès lors pourquoi l’insécurité est grandissante dans cette partie de la ville.

A Kauka, un de nombreux quartiers de la commune de Kalamu, comme dans quelques coins de Barumbu et Kinshasa, les habitants de ces contrées connaissent plus de dix coupures d’électricité par jour, sans compter les jours officiellement retenus par la Snel pour le délestage et autres coupures imprévues.

De passage à la place Victoire, les étrangers sont impressionnés par des vrombissements de groupes électrogènes qui alimentent des magasins et autres bureautiques. Les oreilles des passants bouchées, l’environnement devient bruyant.

En plus, il y a de cela un mois, un haut cadre de cette société d’électricité est passé sur la télévision nationale pour dire aux Kinois qu’ils observeront quelques désagréments dus aux travaux, de manière à les permettre de mieux fêter la nativité et la nouvelle année.

L’opinion se demande si les concernés ont suivi ce message, car ils manquent déjà du courant électrique depuis des jours, des mois, voire des années. Mais en tout état de cause, malgré cette belle promesse, elle ne sera pas tenue comme d’habitude. Un abonné a d’ailleurs mis sa main à couper, si la Snel respectait sa parole.

Des Kinois désinformés

Une de plus grandes conséquences de ce désagrément est que les Kinois, dans leur majorité, ne sont pas informés. C’est dans la rue qu’ils apprennent l’évolution de la situation socio-politico-économique de la République démocratique du Congo.

Ils sont prêts à gober les rumeurs les plus ridicules qui circulent dans la ville, et celles bombardées dans les réseaux sociaux. Imaginez que plusieurs d’entre eux n’ont pas pu suivre l’adresse du chef de l’Etat du 15 décembre dernier sur l’état de la nation.

Tenez ! Pour d’aucuns, Moïse Katumbi est déjà décédé, Jean-Pierre Bemba a quitté la Cour Pénale Internationale, la Constitution est déjà révisée, Matata I poursuit toujours son bonhomme de chemin, Thomas Luhaka porte toujours sa casquette de SG du Mouvement de Libération du Congo, Koyagialo est encore en Afrique du Sud pour des soins.

Par Lefils M