A travers une lettre lui adressée : E. Tshisekedi appelé à la prudence face aux sollicitations de la Majorité

Mercredi 9 septembre 2015 - 11:51

L’Asadho dit non à tout compromis politique sans l’implication de tous les acteurs politiques du pays

Après avoir invité Joseph Kabila, à travers une lettre lui adressée ,à respecter la Constitution de la RDC dans ses articles 70 et 220 en tant que Chef de l’Etat, l’Association Africaine de Défense des droits de l’Homme (ASADHO)vient de s’adresser aussi au Président National de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Etienne Tshisekedi wa Mulumba pour lui faire part de ses inquiétudes sur les contacts secrets entre la Majorité au pouvoir et le parti politique dirigé par ce dernier.

Cette ONG appelle le Lider maximo à la prudence pour ne pas occasionner le glissement tant redouté. Datée du 8 septembre, cette lettre est lue en copie par plusieurs personnalités nationales et diplomates, sans oublier les chefs des partis politiques congolais.
Monsieur le Président,

Nous vous adressons la présente pour saluer les grands sacrifices (arrestations, brimades, tortures, bannissements, relégation, résidences surveillées…) que vous-mêmes et certains de vos compagnons politiques et signataires de la lettre ouverte adressée en 1980 au Président MOBUTU, communément appelée « lettre de 13 parlementaires « , avez consentis pour promouvoir les droits de l’Homme et la démocratie en République Démocratique du Congo, alors que le pays était dirigé de main de fer par le Président MOBUTU.

Il n’est pas superflu de mentionner que c’est votre combat pour exiger l’instauration d’une vraie démocratie dans notre pays qui est le socle de l’éveil pour les droits de l’Homme et la démocratie que nous constatons à travers toute la République.

Nous nous en voudrions de ne pas rappeler que l’UDPS, parti politique dont vous êtes un des fondateurs et le Président National, a toujours servi comme « une école d’initiation à la vie politique et à la démocratie » en République Démocratie du Congo. La preuve est que beaucoup de politiciens que compte aujourd’hui notre classe politique, à la Majorité présidentielle comme à l’Opposition, sont passés par l’UDPS.

Les générations futures garderont toujours à l’esprit que c’est grâce à vous et à votre parti politique que les bases du développement démocratique dans notre pays ont été posées. Il est impossible de parler du développement démocratique en République Démocratique du Congo sans parler de vous et de l’UDPS.

Cette description fait de vous un personnage à part et de votre parti politique un patrimoine commun pour tous ceux qui aspirent à la vraie démocratie, particulièrement le peuple congolais.

Cette position particulière que vous-même et l’UDPS occupez en République Démocratique du Congo vous exige toujours une ligne de conduite particulière et fondée essentiellement sur le respect et la prise en compte des aspirations du peuple.
Monsieur le Président,

En ce moment où nous vous écrivons, l’aspiration du peuple congolais est qu’au mois de décembre 2016 , le Président de la République, Son excellence Joseph KABILA, respecte les termes des articles 70 et 220 de la Constitution de la République Démocratique du Congo, qu’il passe le pouvoir à un(e) autre congolaise ou congolais à l’issue d’une élection présidentielle libre, transparente et démocratique organisée dans le délai constitutionnel.

Le peuple refuse un troisième mandat pour le Président de la République ou la prolongation de son mandat actuel. Cette volonté du peuple a été exprimée de manière non équivoque lors des manifestations de Janvier 2015 par lesquelles il s’est opposé à toute tentative de » glissement » du mandat actuel du Président de la République.

Très récemment dans le Kongo Central, le Député National NE MWANDA SEMI qui sensibilisait les Congolais pour une autre transition de 3 ans a essuyé des jets de pierres de la part de la population en colère, considérant que son revirement politique en faveur du Président de la République, Son Excellence Joseph KABILA, comme une trahison.

Plus les jours passent et plus ce refus d’un troisième mandat ou de prolongation du mandat actuel du Président de la République devient croissant à travers tout le pays. Quiconque ne reconnaitra pas ce désir collectif du peuple de voir le Président de la République partir à la fin de son second mandat fera un naufrage politique spectaculaire.

Il est inacceptable que l’un des partis politiques, l’UDPS, qui s’est battue pour l’instauration d’une démocratie intégrale et pour l’alternance politique dans notre pays fasse un tel naufrage politique en ce moment particulier de histoire de la République Démocratique du Congo.

Monsieur le Président,

Notre organisation, ASADHO, a toujours soutenu l’idée d’un dialogue entre la Majorité Présidentielle, l’Opposition politique et la Société civile pour régler certains problèmes politiques qui se posent dans notre pays avant l’organisation de l’élection présidentielle et l’avènement de l’alternance politique de 2016.

Nous savons aussi que votre parti politique est pour le dialogue malgré la divergence de vues qui existe entre l’UDPS et la Majorité Présidentielle en ce qui concerne le cadre et les modalités pratiques de mise en place dudit Dialogue.

Nous nous sommes félicités des contacts que l’UDPS a eus avec la Majorité Présidentielle au pays comme à l’extérieur pour aplanir les vues sur les points de divergence en ce qui concerne l’organisation du dialogue. Nous espérons que ces contacts prennent en compte les aspirations du peuple congolais.

Pour nous, ces rencontres entre la Majorité Présidentielle et l’UDPS sont utiles pour faire fonctionner la démocratie, car il n’est pas possible de régler les problèmes politiques liés aux élections si les différents acteurs politiques et sociaux ne se rencontrent pas pour échanger et trouver des solutions qui feraient avancer notre jeune démocratie.

Nous attirons seulement votre attention sur le fait que ces rencontres ne devront pas vous faire ignorer qu’il y a dans ce pays d’autres forces politiques et sociales démocratiques incontournables qui devront être associées auxdites rencontres pour que l’alternance politique de 2016 se fasse sans atermoiements ni heurts.

Un accord qui serait trouvé uniquement entre l’UDPS et la Majorité Présidentielle risque de ne pas résoudre les problèmes politiques qui sont engendrés par le refus de la Majorité Présidentielle de préparer de bonne foi l’alternance politique de 2016.

Le fait que l’UDPS et la Majorité Présidentielle soient les grandes forces politiques de notre pays ne peut les amener à penser qu’elles peuvent régler toutes seules les problèmes politiques actuels. Y croire c’est faire une fausse route.

Monsieur le Président,
Nous apprenons que l’UDPS aurait accepté lors de ces rencontres avec la Majorité Présidentielle la mise en place d’un gouvernement de transition pour régler les questions techniques liées à l’organisation des élections.

Vu les discours contradictoires tenus par les uns et par les autres à ce sujet, il est important que vous-mêmes interveniez pour fixer le peuple sur les conclusions des rencontres entre l’UDPS et la Majorité Présidentielle. Le peuple a le droit de le savoir, car tout ceci aura un impact positif ou négatif sur son quotidien.

En ce moment où le Président de la République, Son Excellence Joseph KABILA, est sous pression des populations congolaises et la communauté internationale, tout accord entre l’UDPS et la Majorité Présidentielle qui conduirait à la prolongation du mandat du Président de la République serait considéré comme une trahison du peuple.

Pour l’UDPS qui s’est toujours battue pour le respect des lois de la République, il serait inconcevable qu’elle cautionne la violation de la Constitution en acceptant un accord qui renverrait l’alternance politique au-delà de 2016.

Monsieur le Président,
Un tel comportement de la part de l’UDPS sera considéré comme une bouée de sauvetage offerte à la Majorité Présidentielle qui est, à quelques mois, de la fin de son pouvoir et qui ne veut pas respecter les termes de notre Constitution.

Un tel comportement est à rapprocher de celui que Monsieur NGUZ A KARL I-BOND qui, en 1991, avait trahi le peuple, les forces politiques et sociales démocratiques en acceptant d’être nommé Premier Ministre du Président MOBUTU, alors que ce dernier était coincé de toutes parts par les forces acquises aux changements. Ce débauchage de Monsieur NGUZ A KARL I-BOND a été un coup dur pour la démocratie.

L’UDPS voudrait-elle prendre pareille voie en ce moment où toutes les forces politiques et sociales démocratiques veulent que le Président de la République et la Majorité Présidentielle respectent tous les délais constitutionnels pour l’alternance politique de 2016 ?
Monsieur le Président,
Pour conclure, nous rappelons à l’UDPS que tout accord avec la Majorité Présidentielle qui ne prendrait pas en compte les aspirations du peuple de voir le Président de la République partir à la fin de son second mandat serait une trahison, une violation de la Constitution et une atteinte à la démocratie.

Nous appelons l’UDPS à poursuivre avec les autres forces politiques et sociales démocratiques le combat pour le respect de la Constitution et l’alternance politique en 2016 et à refuser tout compromis qui retarderait cet objectif.

En ce moment particulier, aucun intérêt personnel financier et ou politique ne peut être mis au-dessus des aspirations du peuple congolais. Nous croyons avoir rempli notre devoir citoyen.
Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments de profond respect.

Pour l’ASADHO

Me Jean Claude KATENDE

Président National

 

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