Le ministre congolais des Infrastructures, travaux publics et reconstruction (ITPR) a lancé un ambitieux projet de bitumage de l'axe Butembo-Kanyabayonga, sur la nationale n°2, au Nord-Kivu. La cérémonie a eu lieu le vendredi 19 décembre, dans la ville de Butembo, en présence de plusieurs officiels congolais, dont le gouverneur militaire et des députés nationaux et provinciaux.
Étendus sur 160 kilomètres de longueur, les travaux seront exécutés par Zhongrou-GGPI, une entreprise chinoise de construction dans le cadre du projet PACT, grâce à un financement de la Banque mondiale. Le ministre Dany Banza et le directeur général de GGPI ont promis une route aux standards modernes, notamment avec la construction d'ouvrages connexes, qui incluront des aires de repos à tous les 50 kms, des toilettes, des restaurants, des stations services, des points d'eau ainsi qu'un éclairage routier.
"Cela couvrira 160 kms, un projet d'une envergure inédite depuis l'époque coloniale. Malgré la guerre, le gouvernement reste focalisé sur la reconstruction et la croissance. L'insécurité ne peut pas freiner le développement. Rien ne peut nous empêcher de bâtir notre pays", a dit le ministre congolais, indiquant que le projet entrait dans un vaste programme national de construction de plus de 3 200 kms de route allant de l'est à l'ouest du pays.
Yue Xiaogong de l'entreprise GGPI a rassuré que le travail sera de qualité, exécuté avec professionnalisme et tenant compte de la durabilité de l'ouvrage, de la sécurité du personnel, des populations riveraines et usagers.
Cette route est vitale pour la contrée. Elle relie les villes de Butembo et Goma et, par extension, le Nord-Kivu à l'ex-Province orientale.
Le député provincial Bienvenue Lutsumbi salue le début des travaux et estime que ce projet "constitue un levier majeur pour la restauration de la sécurité dans cette partie du pays, longtemps pénalisées par l'absence d'infrastructures routières modernes.
Toutefois, certains habitants restent sceptiques particulièrement en raison de nombreuses promesses non tenues par les autorités congolaises et par l'insécurité dans la contrée. Une partie du tronçon à asphalter est, en effet, sous contrôle du M23.
"La priorité devrait être la route Kasindi-Beni-Butembo, car au moins celui-là est d'intérêt économique. Butembo-Kanyabayonga devrait venir après, car je me demande comment ils vont faire pour réaliser les travaux dans une zone occupée par les M23?", réagit un habitant de Beni.
Initialement évalué à 100 millions de dollars américains, le projet sera réalisé en trois ans et sera l'un des plus ambitieux jamais exécutés dans la contrée.
Isaac Kisatiro, à Butembo