Le ministère du Genre a organisé, ce mardi 11 novembre 2025 à Kinshasa, avec le financement d'Ipas RDC, l'atelier de validation finale du deuxième rapport étatique sur la mise en œuvre du Protocole de Maputo en République Démocratique du Congo. Ce rapport couvre une décennie d'efforts en faveur des droits des femmes et des filles.
Lors de son mot d'ouverture, la ministre du Genre, Famille et Enfant, Micheline Ombae Kalama, a rappelé la portée du rapport au-delà de son aspect purement institutionnel, insistant sur la dimension collective de la démarche.
« Le rapport que nous examinons aujourd'hui est l'aboutissement d'un travail collectif, inclusif, mené dans un esprit de collaboration interinstitutionnelle et de dévouement professionnel, qui témoigne du sérieux de la compétence et de la persévérance de toutes les parties prenantes engagées pour l'avancement des droits des femmes et des filles dans notre pays. Au-delà d'un exercice institutionnel, ce rapport est une opportunité nationale d'introspection et de progrès. Il nous permet de mesurer les avancées, d'identifier les obstacles et de renforcer nos stratégies pour une société plus juste où chaque femme et chaque fille peut exercer pleinement ses droits », a-t-elle déclaré.
Alice Mushagalusa, Senior Program Advisor d'IPAS RDC, a souligné l'importance de ce document dans l'engagement de la RDC envers les organismes régionaux des droits humains.
« Ce rapport constitue une étape majeure dans le processus de redevabilité de la République Démocratique du Congo vis-à-vis de la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples. Ce rapport reflète une décennie d'efforts multisectoriels pour faire progresser les droits des femmes dans des domaines aussi fondamentaux que la santé, l'éducation, la participation politique, la protection contre les violences, les droits économiques et sociaux, et la paix », a-t-elle précisé.
L'Ambassadeur de la Suède en RDC, Joakim Vaverka, Partenaire Financier de cette activité, a insisté sur les implications économiques de la ratification du Protocole.
« Investir dans la santé sexuelle et reproductive y compris l'avortement sécurisé, n'est pas seulement une question de droits humains, c'est une stratégie économique intelligente. Chaque dollar investi dans la planification familiale et la santé sexuelle et reproductive, génère des économies considérables en soins de santé et en productivité. Garantir à la femme un accès sûr et légal à l'avortement sécurisé dans le respect de la loi, c'est sauver des vies, protéger des familles et renforcer l'économie nationale », a-t-il indiqué.
Le rapport met en lumière les efforts déployés, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive, avec l'appui de partenaires comme IPAS RDC.
Alice Mushagalusa a dressé un bilan précis :
- Plus de 300 prestataires de santé ont été formés pour offrir des services de santé sexuelle et reproductive (DSSR) dans plusieurs provinces ;
- Plus de 3 000 magistrats ont été formés (en collaboration avec le Conseil Supérieur de la Magistrature) pour une meilleure application des dispositions du Protocole ;
- 136 centres de santé ont été renforcés, et 7 ont été réhabilités ou construits.
Malgré ces avancées, les résultats de l'Enquête Démographique et de Santé (EDS 2023-2024) révèlent que de gros défis subsistent, notamment pour la planification familiale et la santé des adolescentes.
« En matière de santé sexuelle et reproductive, l'EDS révèle que seulement 21% des femmes en union lisent leurs besoins en planification familiale satisfaits par des méthodes modernes et que 32% ont encore des besoins non satisfaits. Chez les adolescentes et jeunes femmes, les indicateurs restent préoccupants : plus d'une fille sur 4 est déjà mère ou enceinte avant 19 ans, et la connaissance des droits reproductifs demeure faible, en particulier en milieu rural. Ces données soulignent l'urgence de renforcer l'accès à l'information, aux services de qualité, et à un environnement juridique protecteur », a-t-elle ajouté.
L'événement a réuni des représentants du Gouvernement, des partenaires internationaux et des acteurs de la société civile, confirmant la mobilisation nationale pour la domestication du Protocole de Maputo en RDC.
Bob Bondo