
CADA (CONGO ACTION POUR LA DIPLOMATIE AGISSANTE) est frappé de stupéfaction à la suite des propos absurdes tenus par l’ancien Président sud-africain Thabo Mbeki, Grand chantre de la Renaissance africaine, dans un média en ligne dénommé Voice Of Congo dans le but de justifier la présence de son ancien homologue congolais Joseph Kabila à Goma, dans la province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo.
Dans une vidéo devenue virale diffusée sur Internet ce 26 mai, l’ancien président sud-africain, à l’instar des évêques de la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo) et de son ancien homologue qui évoquent la stigmatisation des Swahilophones par le régime en place en République Démocratique du Congo pour charger le président Félix Tshisekedi, reprend la même rhétorique au point de trouver héroïque le combat que le M23 est en train de mener. Il déclare avec véhémence, relayant ainsi ce que lui a confié Joseph Kabila, que « le Président Tshisekedi s’est entouré des gens du Kasai et le M23 est devenu ainsi l’organisation la plus populaire du Congo ». Ce qui signifie, selon lui, que « le reste de la population du Congo est contre, parce qu’exclu, et le M23 est devenu la seule force capable d’enlever Tshisekedi. C’est pourquoi, ils sont accueillis chaleureusement avec des mains chaudes partout sur le territoire national ».
Dr Thabo Mbeki trouve que c’est faux d’accuser Joseph Kabila de trahison parce qu’il est retourné dans l’est du Congo et de lui enlever ses immunités. Ce qui ne résout rien, mais va, par contre, inciter immédiatement les Katangais à dire qu’un des leurs est attaqué, dans ce cas, ils vont se déclarer contre le régime en place. Dans le même élan, le Kivu, y compris les provinces orientales du Congo, vont se déclarer solidaires de Kabila en disant qu’il est avec nous. C’est pourquoi, quand il a quitté l’Afrique du Sud, il m’a dit, lui-même, que je vais dans l’est du Congo, dans le Kivu. Il savait que les gens l’accueilleraient là-bas, parce qu’ensemble ils disent il y a quelque chose qui ne va pas à Kinshasa.
CADA manifeste ainsi sa profonde déception envers l’ancien Président Thabo Mbeki, cette grande personnalité qui a voulu indiquer en son temps une direction à l’Afrique pour sa libération et son développement, mais qui n’a daigné exprimer la moindre compassion pour de milliers de Congolais fauchés sauvagement à Goma et à Bukavu du fait de l’agression barbare du M23, soutenu dans cette entreprise de la mort par les troupes du Rwanda dont il soutient sans vergogne et inconditionnellement le Président, à savoir Paul Kagame.
CADA regrette que Joseph Kabila ait abusé de son ancien homologue sud-africain, âgé aujourd’hui de 82 ans, qui s’est illustré par l’ignorance criante de l’histoire du Congo, en lui faisant avaler le gros mensonge sur la situation trouble en République Démocratique du Congo dont il est un des artisans aux côtés du Rwanda.
CADA appelle le Dr Thabo Mbeki à se raviser pour ne plus insulter le peuple congolais parce qu’il doit s’être rendu compte que Joseph Kabila lui a vendu le vent dans la mesure où il est arrivé à Goma en catimini sans accueil chaleureux auquel il s’attendait. Les populations de Goma et de Bukavu, par-delà celles des provinces des Nord et Sud-Kivu, ne sont pas aussi naïves pour passer sous silence les atrocités qu’elles endurent depuis trente ans par le fait du Rwanda qui opère sous le label des mouvements rebelles variés : AFDL, RCD, CNDP, puis M23.
CADA s’étonne que l’ancien Président sud-africain, du haut de ses savoir et expérience, confonde une zone linguistique et tribus au point de croire que toutes les provinces de la partie orientale du pays s’alignent aveuglement sur Joseph Kabila du fait qu’il parle swahili comme, du reste, leurs ressortissants. Pourtant, ceux qui paient le lourd tribut dans la guerre qui n’en finit pas depuis trente ans et qui viennent d’être tués récemment par le Rwanda et le M23 lors de la prise des villes de Goma et de Bukavu, sont quasiment des populations du Kivu qui sont locutrices du swahili. Donc, au nom de la langue, ces populations sont prêtes à se sacrifier pour soutenir un des leurs même s’ils pactisent avec leurs bourreaux.
CADA considère, à la limite, que cette rhétorique du tribalisme raffolée par les évêques de la CENCO, Martin Fayulu, Joseph Kabila et reprise en chœur par Thabo Mbeki procède d’une cabale savamment montée pour opposer les populations du Congo afin d’y semer le bordel.
CADA se dit consterné dans la mesure où, sans aucune réserve, Dr Mbeki affirme que le Président Tshisekedi s’est entouré des gens du Kasai, alors qu’il aurait pris la peine de s’informer même auprès de l’Ambassade de l’Afrique du Sud à Kinshasa, pour savoir si tous les Chefs des corps, ainsi que les responsables à d’autres échelons, viennent uniquement du Kasai pour s’épargner d’une pareille grossièreté. Il ne connaît pas non plus quelle partie du pays est occupé par le M23 qu’il présente comme l’organisation la plus populaire sur tout le territoire du Congo, la seule force capable d’enlever Tshisekedi. Est-ce que le fait que le Président congolais soit entouré des gens du Kasai, ce qui n’est pas le cas, doit conduire les populations de Goma et de Bukavu à la mort ? Le problème est ailleurs.
CADA note que l’ancien Président Thabo Mbeki, chassé du pouvoir parce qu’incarnation des anti valeurs dans son pays, reste un homme déconnecté et ne semble pas être même au courant de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies qui condamne sans ambages l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23 dans les massacres de Goma et de Bukavu. Il insulte les Congolais au même titre qu’il l’a fait pour l’humanité tout entière s’agissant du SIDA qui décimait, sans coup férir, les Sud-Africains.
Enfin, CADA ne réalise pas le silence du Gouvernement congolais, voire de l’Ambassade de la RDC en Afrique du Sud sur cette sortie médiatique controversée et tendancieuse de l’ancien Président sud-africain qui semble, au-delà de son soutien indéfectible au Président Paul Kagame, donner l’image congolaise à la crise qui ravage la partie orientale de la République.
Fait à Boston, le 28 mai 2025
Eric KAMBA