
Contexte
La situation à l'Est de notre pays est marquée par des décennies d'insécurité causée directement par des agressions directes du Rwanda et de l'Ouganda sous couvert des rébellions fantoches.
Si depuis sa condamnation par la Cour Internationale de Justice, "CIJ", l'Ouganda semble moins agressif, le Rwanda est demeuré constant dans sa volonté d'infiltrer nos institutions, d'occuper nos territoires en y massacrant nos populations pour piller nos ressources.
Constat
Il y a eu plus d'une cinquantaine de dialogues et accords de paix, qui n'ont tenu qu'une fraction de seconde.
Avant que l'encre du stylo des signataires ne sèche, le Rwanda et ses renégats congolais passaient déjà à la phase suivante de leur plan macabre et à la rébellion suivante.
Dans cette épreuve mortelle, la RDC s'est trompée jusqu'ici sur la ligne stratégique à adopter et ses errements ont coûté la vie à des dizaines de milliers de nos compatriotes, sans parler des millions de déplacés internes.
Il est possible de mettre fin à toutes ces souffrances et humiliations en adoptant, une fois pour toutes, une stratégie adaptée à la réalité telle qu'elle s'impose devant nous. Pour cela, nous devons nous imprégner des maximes stratégiques qui encadrent toute réflexion stratégique efficiente.
Maximes stratégiques
Maxime 1 : Que Dieu nous garde de mes amis
Dans un combat, il ne faut surtout pas se tromper d'amis.
Il est pour le moins curieux que notre pays se fie aux renseignements provenant des pays occidentaux, qui sont les fervents soutiens du Rwanda, comme Israël et la France, par exemple.
De même, il est illusoire de croire que des pays "amis" africains peuvent nous aider à reconquérir les territoires perdus.
Malgré, la présence des troupes angolaises, namibiennes et zimbabwéennes lors de la deuxième guerre d'agression rwando-ougandaise, la RDC a vécu sous un régime de balkanisation de fait avec la province du Grand Kivu, la grande province Orientale, une partie du Katanga et de l'Équateur contrôlées par les troupes rwandaises et ougandaises.
Cela signifie que l'apport des troupes "amies" ne peut servir que de force d'appoint dans notre stratégie militaire.
Maxime 2 : Connais ton ennemi
Par un travail de sape continu, les ennemis de l'Afrique sont parvenus à convaincre les Africains qu'ils sont leurs meilleurs "amis", partenaires "traditionnels" ou parrains. C'est le syndrome de Stockholm où la victime s'amourache de son bourreau.
Dans notre quête de plaire à tout prix aux puissances occidentales, nous les élites politiques, religieuses et académiques de la RDC constituons la grande faiblesse de notre pays, majorité.
Il faut avoir le courage de faire cette autocritique courageuse pour libérer les esprits des pesanteurs, qui dévoient nos raisonnements les mieux élaborés.
Maxime 3 : on ne gagne pas par les larmes
L'on ne saurait gagner par les larmes ce qu'on a perdu par les armes.
Cela signifie que la diplomatie, qui n'est qu'un étalage feutré des forces, ne devient prégnante que si elle est accompagnée des actions préalables ou concomitantes de manifestation des forces.
En d'autres termes, les rapports entre les nations sont régis par des rapports des forces.
Sur la base des principes sus-exposés, on peut maintenant définir une ligne stratégique pérenne, qui permettra de se sortir des pièges futurs, lointains ou proches.
Aucune approche stratégique ne saurait faire l'économie d'une réforme militaire d'envergure.
Le kit des solutions stratégiques
Solution 1 : Créer une nouvelle armée : un impératif vital
Une refonte des Forces Armées de la RDC (FARDC) est nécessaire.
Cela passe par la création des unités nouvelles déconnectées de la hiérarchie des FARDC tellement infiltrée.
Une fois, la nouvelle armée opérationnelle, l'on procédera à la dissolution des FARDC et des différentes milices qui pullulent dans notre pays.
N.B : Nous avons soutenu un mémoire au CHESD qui décline dans le détail le modus operandi de cette mutation. (Mémoire enrichi en bouquin en cours de publication chez l’harmattan pour fin mars)
Solution 2. Restaurer l'autorité et le prestige de l'Etat. Cela passe par le renforcement de la Justice.
Il importe d'accélérer la mise en place du parquet financier pour récupérer les fonds soustraits au Trésor public et les affecter bénéfiquement aux besoins de la défense nationale.
Cette action permettra de disposer rapidement non seulement d'une armée opérationnelle, mais aussi d'une administration intègre et efficace.
Solution 3. Mener une Diplomatie active et ciblée
Actuellement, la RDC est en train de remporter des victoires diplomatiques d' ampleur jamais connue depuis qu'elle fait face au mur des mensonges rwandais.
Pour la première fois, les parrains occidentaux du Rwanda évoquent clairement l'éventualité des sanctions contre le régime belliqueux de Kigali.
Ces victoires éclatantes ne doivent pas nous pousser à dormir sur nos lauriers ; au contraire nous devons maintenant concentrer l'action diplomatique sur des axes bien précis.
Il faut continuer d'actualiser les "Livres blancs" sur les crimes de masse et violations du droit international du Rwanda.
Ensuite, il faut les adresser solennellement aux institutions européennes et de chaque pays européen.
Par ailleurs, il convient de maintenir le lobbying auprès des élus européens qui soutiennent notre cause.
Solution 4. Optimiser le front de la guerre judiciaire
Au niveau de la guerre judiciaire, il est indispensable de faire un tir groupé au lieu de mener des opérations disparates et non coordonnées.
La démarche de Madame Thérèse Kayikwamba Wagner d'écrire aux clubs de football européens, qui portent la publicité "VISIT RWANDA", devrait être suivie des plaintes déposées par des organisations de la société civile pour apologie de crimes contre l'humanité. Il faut aussi viser la FIFA et la NBA Afrique, voire la CAF.
Solution 5. Mobilisation populaire
Ne prendre aucune mesure susceptible d'atténuer la mobilisation populaire à l'intérieur du pays et à l'étranger.
Il faut se garder aussi de déclarations qui peuvent être démobilisatrices.
Par contre, il importe d'aider les organisations et personnalités congolaises qui mènent de campagne d'information, de sensibilisation et de lobbying pour fragiliser la position diplomatique rwandaise.
Solution 6. Organiser les Assises Populaires de la Résistance Nationale, "APRN"
Ici, il est question de rompre avec une formule éculée des messes politiques coûteuses où les chefs politiques se retrouvent pour contracter des accords superficiels et éphémères, qui ne règlent aucun problème crucial sur le fonds.
Ces accords iniques ont le plus souvent servir à accorder une prime aux renégats en les intégrant dans les institutions sensibles de notre pays comme l'armée, les services de renseignement, le parlement, le gouvernement, etc.
Cette fois-ci, il serait judicieux de s'appuyer directement sur le souverain primaire en le mobilisant et en l'organisant rue par rue, quartier par quartier et village par village.
C'est par la mécanique du pouvoir populaire que l'on doit dégager les Représentants du peuple aux APRN
Tribune de Guylain Tshibamba, expert en communication stratégique, publique & gestion des crises
Lauréat du Collège des Hautes Études de Stratégie et de Défense CHESD, CEO ICONES Créa & Stratégies.