Le monde entier a célébré, ce lundi 9 décembre 2024, la journée internationale de lutte contre la corruption. Dans un communiqué conjoint parvenu à notre rédaction, le Collectif des Organisations de la Société Civile dédié au Suivi et au Contrôle des Finances Publiques et la Lutte contre la Corruption met en garde contre le risque de compromettre l'avenir de la jeunesse congolaise par le cancer de la corruption.
Ces structures estiment que la situation actuelle, marquée par un taux de chômage alarmant chez les jeunes et un manque criant de formations professionnelles, crée un terrain fertile pour la corruption. Elles dénoncent le détournement des fonds destinés aux centres de formation professionnelle.
« En cette Journée Internationale de Lutte contre la Corruption, il est crucial de souligner que l'avenir de notre combat repose largement sur notre jeunesse. Les jeunes, confrontés à la précarité et au manque d'opportunités, deviennent particulièrement vulnérables aux pratiques corruptives comme moyen de survie. Le détournement des fonds destinés aux centres de formation professionnelle, comme révélé dans le rapport de l'IGF, illustre parfaitement comment la corruption actuelle compromet directement l'avenir de notre jeunesse. Cette situation crée un cercle vicieux : sans formation adéquate ni perspectives d'emploi, les jeunes risquent de perpétuer les pratiques de corruption qu'ils subissent aujourd'hui », lit-on dans le communiqué.
Le document souligne, par ailleurs, que la République Démocratique du Congo traverse actuellement une crise profonde de gouvernance qui affecte l'ensemble de ses institutions. Il estime que la jeunesse congolaise est plongée dans une culture d'acceptation du mal où les auteurs de détournements sont devenus des modèles admirés à cause de l’argent facile.
Le communiqué soutient que la corruption est endémique dans tous les domaines en RDC. Dans le domaine militaire, ces organisations de la société civile dénoncent la corruption à ciel ouvert, doublée du
trafic d'armes impliquant certains officiers et d'une exploitation illégale persistante des ressources dans les zones de conflit.
Sur le plan politique et administratif, soulignent ces structures, le pays souffre d'un népotisme généralisé dans les nominations aux postes clés, accompagné de détournements systématiques des fonds de fonctionnement des institutions. L'absence de reddition des comptes aggrave cette situation déjà critique, martelent ces organisations.
Ces structures indiquent que le secteur des infrastructures présente de nombreux échecs notables : "le projet Inga III accumule retards et surcoûts inexpliqués, tandis que le Programme des 145 territoires affiche des réalisations bien en deçà des financements alloués. D'autres projets comme les lampadaires et forage, la route Kalamba Mbuji et le projet zéro trou (à Kinshasa) connaissent des sorts similaires".
Ils soutiennent que l'impact de cette corruption généralisée affecte particulièrement les services essentiels : « Le secteur éducatif souffre du délabrement des universités publiques et du monnayage des notes, pendant que le secteur de la santé pâtit d'infrastructures sous-équipées et mal entretenues ».
Dans le chapitre des recommandations, ces organisations de la société civile préconisent la création d'incubateurs d'entreprises jeunes dans chaque province, l'établissement des programmes de formation professionnelle transparents, la mise en place des mécanismes de financement pour les projets entrepreneuriaux et l'intégration systématique des jeunes dans les organes de contrôle.
Au nombre des réformes institutionnelles, elles ont proposé le retour de la patrouille financière de l'IGF, la réforme de la justice commerciale, la protection effective des lanceurs d'alerte et la numérisation des paiements publics.
Avant de clore leur communiqué, ces organisations ont exigé la
fin de la culture d'impunité et l'ouverture d'enquêtes sur tous les projets précités, la publication des audits des entreprises publiques, la mise en place d'une commission spéciale d'investigation et la restitution des biens mal acquis.
Soulignons que le Collectif des Organisations de la Société Civile dédié au Suivi et au Contrôle des Finances Publiques et la Lutte contre la Corruption, comprend en son sein l'Association Africaine de Défense des Droits de l'Homme (ASADHO), l'Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), l'Association Congolaise pour l'Accès à la Justice (ACAJ), la Ligue Congolaise de Lutte contre la Corruption (LICOCO), l'AETA, la NOUVELLE SOCIÉTÉ CIVILE, INTÈGRES, RES-PUBLICA, Église du christ au Congo (ECC), REJED et PES.
ODN