Près d'un an après le déploiement de la force de la Communauté de développement de l'Afrique australe en République démocratique du Congo, une délégation de la SADC est arrivée mardi 1ᵉʳ octobre en ville de Goma (Nord-Kivu) en vue d'évaluer les opérations militaires menées par la SAMIRDC contre les groupes armés.
La mission vise à baliser le terrain en prélude d'une éventuelle prorogation du mandat, qui touche à la fin en décembre prochain.
"Après avoir été saisi au sujet de l'insécurité en RDC, la SADC avait mis en place une mission d'intervention venant de l'Afrique du Sud, du Malawi et de la Tanzanie afin d'appuyer les FARDC à combattre les groupes armés. Après avoir reçu un mandat d'un an, nous menons des opérations et nous sommes vers la fin du mandat. C'est pourquoi nos autorités ont estimé qu'il était temps de faire l'évaluation pour voir ce qui a été fait et ce qui n'a pas été fait", a expliqué, à la presse, Ibrahim Mike Mhona, chef de la délégation.
Alors que les troupes de la SADC sont autant critiquées que celles de l'EAC suite à leur attitude inoffensive, notamment face au M23, Ibrahim Mike rassure de l'intention de la SAMIDRC à améliorer sa collaboration avec les FARDC pour reconquérir les entités contrôlées par l'ennemi.
"Nous sommes décidés à améliorer notre apport auprès des forces loyalistes. Il y avait des difficultés pour l'arrivée de nos troupes suite au manque d'engins qui pouvaient les emmener sur le terrain. C'est pourquoi, nous avons travaillé avec ceux qui sont là et, même si certains compatriotes n'arrivent pas à être contents de nos interventions, nous contribuons efficacement à chasser les ennemis de la paix de la RDC. Et, nous avons fait de notre mieux pour aider les FARDC à récupérer certains territoires qui étaient conquis", a-t-il mentionné.
Un bilan controversé
Déployés au Nord-Kivu en mi-décembre 2023, les soldats de la SADC, au départ annoncés avec un mandat offensif par le gouvernement congolais, ne sont jamais directement engagés contre le M23.
À l'instar des troupes de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) remerciés en décembre 2023 après un an sans résultat, la SAMIDRC, elle aussi, peine à se monter plus décisive.
Alors que son mandat expire en décembre prochain, de nombreuses agglomérations demeurent entre les mains des rebelles dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru, Masisi et Lubero.
Dans la zone opérationnelle, le bilan des troupes de la SADC est ainsi remis en cause en raison de son impact peu perceptible dans la neutralisation du M23.
Depuis décembre 2023, quelques soldats de la force ont toutefois trouvé la mort et d'autres blessés au cours d'une embuscade leur tendue, d'une part, ou suite aux tirs des mortiers tombés dans leur camp, près de Goma.
Un déploiement inachevé des troupes ?
Constituée de 16 États de l'Afrique australe et de l'océan Indien (Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, République démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Comores), la SADC n'a que 3 pays contributeurs au sein de la SAMIDRC.
D'autres soldats qui étaient annoncés, entre autres les Namibiens, ne sont jamais venus et, sur le terrain, rien n'atteste l'imminence de leur arrivée en RDC.
Hormis les Sud-africains, les Malawites et les Tanzaniens, nombreux autres États se sont montrés réticents quant au déploiement de leurs contingents au Congo.
Une source diplomatique affirmait alors que les fonds pour financer la mission faisaient toujours défaut même si, début août dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution 2746 mandatant la MONUSCO à apporter son appui à la SAMIDRC.
Isaac Kisatiro