La situation sécuritaire se dégrade depuis un moment en province de l'Ituri, dans le Nord-est de la République démocratique du Congo, après plusieurs mois d'accalmie. Cette escalade de violences est essentiellement enregistrée en territoire de Djugu où des groupes armés en l'occurence CODECO (Coopérative pour le développement du Congo) et Zaïre sont pointés du doigt comme étant auteurs des tueries.
Réagissant à cette montée de l’insécurité, le gouverneur militaire de l'Ituri, le lieutenant-général Luboya N'kashama Johnny, attribue cette situation à certains politiciens qui ont échoué aux récentes élections.
"Nous venions de vivre une année sans problème. Les élections, on les a passées en toute tranquillité. Donc, identification, enregistrement et puis les élections proprement dites. Mais, voilà que depuis un mois, il y a une certaine insécurité. De quoi s'agit-il? C'est ça la question que la population se pose. Depuis que certains mécontents sont arrivés ici, moi, je ne suis ni chef de la CENI, ni chef de je ne sais quoi, moi je suis gouverneur de province. Mais, il y a des gens qui sont venus ici avec des messages de guerre. Ils l'ont dit en haute et intelligible voix, tout le monde l'a entendu ici. Malheureusement, tout le monde s'est tu. Et depuis ce jour-là où il y a eu ces messages là, les gens nous prennent pour des naïfs", a-t-il déclaré au cours d'un point de presse, tenu le vendredi 15 mars 2024, à l'esplanade du gouvernorat.
Dans la foulée, l'autorité provinciale promet que ces instigateurs des violences seront arrêtés et "neutralisés".
Il y a quelques semaines, 15 personnes ont été enterrées vivantes par des miliciens CODECO au village Tali en territoire de Djugu, avant que l'hôpital de Drodro ne soit saccagé par les mêmes miliciens qui avaient tué une malade retrouvée sur le lit.
Plusieurs sources sécuritaires nous renseignent que des affrontements opposent régulièrement les groupes armés CODECO et Zaïre dans plusieurs villages sur le littoral du lac Albert, en territoire de Djugu.
Cette insécurité sévit également en ville de Bunia, chef-lieu de province, où la criminalité urbaine gagne du terrain. Le jeudi 14 mars dernier, un taximan-moto a été abattu par des hommes armés non autrement identifiés. Un meurtre qui intervient une semaine après celui d'un autre conducteur de moto dont le corps sans vie a été retrouvé enterré dans un champ à la périphérie Sud de la ville.
Séraphin Banangana depuis Bunia