Accord-cadre d'Addis-Abeba : Après 11 ans, les parties prenantes invitées à le revitaliser en mettant en place des mécanismes de sanctions

Vendredi 23 février 2024 - 09:15
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Le 24 février 2013, l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région, communément appelé l'Accord-cadre d'Addis-Abeba, a été signé. Alors que l'Accord approche de son 11ème anniversaire, les tensions entre Kinshasa et Kigali, exacerbées par la résurgence du groupe armé M23 dans l'est de la RDC, ont mis en lumière la nécessité de revitaliser cet accord.

Une conférence s'est tenue ce jeudi 22 février 2024 à Kinshasa, à l'initiative de la Dynamique Communautaire pour la Cohésion sociale et le Développement (DYCOD-RDC), une plateforme de la société civile. L'objectif était d'évaluer les forces et les faiblesses de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba afin de proposer des solutions durables pour la pacification de la RDC et de la région.

Les intervenants, à l'unanimité, ont recommandé la revitalisation de cet accord pour garantir des engagements clairs aux autres pays signataires, notamment le Rwanda et l'Ouganda. Ces engagements devront être assortis de mesures contraignantes et de sanctions afin d'assurer leur respect et leur mise en œuvre effective.

« En évaluant l'accord-cadre d'Addis-Abeba, il apparaît clairement que la RDC a largement respecté ses engagements, contrairement aux pays de la région notamment le Rwanda et l'Ouganda qui n'ont rien fait. Les engagements stipulent clairement qu'aucun pays ne peut permettre à des groupes armés d'opérer depuis son territoire pour attaquer un autre pays. Cependant, selon les rapports des experts de l'ONU, des armes et des combattants sont fournis par le Rwanda pour attaquer la RDC, violant ainsi cet accord. Bien que cet accord ait joué un rôle dans le passé pour la paix, il est impératif de le renforcer en introduisant des mécanismes de sanctions contre les transgresseurs. Sans contraintes, les États pourraient enfreindre l'accord en toute impunité. Je plaide pour une revisitation de cet accord, en éliminant les éléments relevant de la politique nationale et en se concentrant uniquement sur les aspects régionaux et les obligations de chaque partie, assortis de sanctions pour toute violation », a déclaré Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu et actuel ministre sortant de l'Industrie.

Une autre proposition avancée pour mettre fin aux violences dans l'est du pays est le renforcement de l'armée pour en faire une force dissuasive et efficace.

« Une nouvelle perspective est que nous devons avoir les moyens de défendre notre territoire. La solution réside dans le renforcement des capacités de l'armée. Le chef de l'État a promulgué une loi de programmation militaire afin de garantir un budget solide pour les forces armées. L'ancien ministre de la Défense a élaboré, avec l'approbation du gouvernement, un document de politique nationale de défense. Il est également nécessaire de produire un document de politique de sécurité », a souligné Jean Bosco Bahala, coordonnateur du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS). 

Au-delà de la revitalisation de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba, il est essentiel que les communautés se mobilisent pour combattre les agresseurs et mettre un terme aux atrocités qui sévissent dans l'est du pays. 

« Il faut que nous en tant que communautés puissions nous engager pour le retour de la paix. C'est pourquoi nous lançons cette campagne de plaidoyer au niveau national et international pour attirer l'attention et agir en faveur des solutions qui pourront nous ramener à la paix. Nous sommes d'accord sur la nécessité de revoir cet accord. Nous n'avons pas besoin de l'enterrer, mais de le revitaliser. Le Congo a honoré ses engagements, contrairement à d'autres États. Il est essentiel que tous les Congolais se rassemblent. Notre pays traverse une période difficile », a affirmé Me Patient Bashombe, coordonnateur de la DYCOD-RDC. 

L'Accord-cadre d'Addis-Abeba a été signé par 11 pays de la région des Grands Lacs (Afrique du Sud, Angola, Burundi, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie et Zambie), rejoints par le Kenya et le Soudan le 31 janvier 2014, ainsi que par quatre institutions internationales et régionales, à savoir les Nations unies (ONU), l'Union africaine (UA), la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).

En effet, la signature de cet accord est intervenue dans un contexte politique national marqué par la chute, le 20 novembre 2012, de la ville de Goma (chef-lieu de la province du Nord-Kivu) sous le contrôle du groupe rebelle dénommé Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda.

En mai 2023, une réunion convoquée par la Commission de l'Union Africaine (UA) a eu lieu à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour discuter de la revitalisation de cet accord. Au cours des délibérations, les participants ont identifié trois domaines dans lesquels l'accord-cadre d'Addis-Abeba devrait être revitalisé : les domaines politique, militaire et financier.

Merveil Molo

 

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