Au cours d'une interview accordée à 7SUR7.CD le dimanche 2 février 2023, dans le cadre de la célébration du 63ème anniversaire de l'accession de la RDC à l'indépendance, le politologue Michel Bisa Kibul dit avoir recensé 317 familles biologiques qui gouvernent le pays de 1960 à ce jour.
Depuis l'accession du président Félix-Antoine Tshisekedi au pouvoir, à la faveur des élections de 2018, ce professeur à l'Université de Kinshasa (UNIKIN) dit avoir listé 67 familles biologiques qui gouvernent l'Etat et se transmettent le pouvoir et les responsabilités par voie de sang.
« Dans notre ouvrage sur la vampirisation de l'Etat, nous avons recensé 317 familles biologiques qui gouvernent le Congo de 1960 à ce jour. Depuis les élections de 2018, nous avons recensé 67 familles biologiques qui gouvernent l'Etat. Je ne peux pas les citer nommément ici car ils sont connus. Il suffit de regarder ceux qui nous gouvernent et voir ceux qui sont derrière eux », a-t-il déclaré.
Pour le professeur Michel Bisa, ces familles s'accaparent l'Etat et donnent l'impression que le pays appartient à des castes, à des clubs d'amis dont le sang et les relations matrimoniales semblent primer sur les compétences et les valeurs intellectuelles.
Il estime qu'en 63 ans d'indépendance, les occidentaux ont réussi à transformer les dirigeants politiques congolais en esclaves d'en haut et la population en esclave d'en bas. Selon cet expert en gouvernance foncière, en 6 décennies, la RDC a connu une élite dirigeante insouciante et prédatrice.
« Les occidentaux ont tout fait pour transformer beaucoup de nos dirigeants en esclave d'en haut et la population en esclave d'en bas. Certes, de 1960 à ce jour, nous avons eu quelques congolais exceptionnels comme Kimbangu, Lumumba, Kasavubu, Mamadou Ndala, Denis Mukwege, Muyembe Tamfum...Mais dans la majorité, notre classe politique a toujours été insouciante et prédatrice », a-t-il dénoncé.
A en croire le professeur Bisa, pour parler de son indépendance effective, la RDC doit être avant tout forte en interne, avoir de la souveraineté scientifique et alimentaire et une armée forte. Il faut absolument, soutient-il, que l'excellence, les valeurs morales et éthiques et le travail puissent remplacer le militantisme, le clientélisme et le favoritisme.
Ce politologue a, par ailleurs, profité de l'occasion pour attirer l'attention de l'opinion tant nationale qu'internationale sur ce qu'il qualifie d'une forme de Balkanisation que connaît actuellement la RDC.
« Il existe aujourd'hui une forme de Balkanisation, pas territoriale, mais économique et culturelle que connait la RDC. Aujourd'hui, nous notons que de plus en plus les congolais se présentent plus comme congolais, mais plutôt par rapport à leurs identités tribalo-ethniques. Vous suivez aujourd'hui ce qui se passe entre les Bayaka et les Bateke. Il existe au sein des Nations-Unies ce qu'on appelle le rééquilibrage démographique. Nos services de renseignements doivent bien étudier ce concept », a-t-il conclu.
ODN