RDC : « L’Agence pour le Développement du Numérique (ADN) n’est pas une agence de trop. C’est pour accélérer la transformation digitale selon la vision du président Tshisekedi » (Dominique Migisha, Coordonnateur)

Jeudi 22 septembre 2022 - 22:09
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0. Du Plan national numérique (PNN) à l’agence nationale pour le développement numérique, quel est le cheminement ?

 

Merci à vous Monsieur Israël Mutala, ainsi qu’à votre média 7sur7, pour cette opportunité que vous m’offrez de pouvoir m'exprimer en ce jour. Effectivement, ce changement intervenu le samedi 3 mars 2022, à travers une ordonnance présidentielle lue à la télévision, est sans conteste un nouveau pas en avant dans le cadre du processus de transformation Numérique de la RDC impulsé par le Chef de l’Etat.

 

De ce fait, permettez-moi d’entamer mon propos par adresser mes hommages les plus déférents à Son Excellence Monsieur le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à qui il a plu de me renouveler sa confiance en me mettant à la tête d’une Agence spécialisée ayant un périmètre d’action étendu pour relever les défis du Numérique et mener à bien les objectifs assignés à cette nouvelle fonction.  
En effet, et cela mérite d’être souligné, dès le début de son mandat c’est à dire en février 2019, Son Excellence Monsieur le président de la République a souhaité faire du numérique une matière spéciale dans le cadre de sa vision du développement de notre pays. Son ambition étant d’en faire un levier d’intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social, en modernisant tous les secteurs de la vie nationale et en les orientant résolument vers une économie numérique.

 

C'est ainsi que très rapidement entre mai et aout 2019, nous avons rassemblé un panel d'experts congolais de haut niveau au sein d’un cadre de concertation avec lequel nous avons travaillé sur l'élaboration du « Draft 0 » Plan National Numérique (PNN) en veillant à intégrer les différents défis et enjeux nationaux pour en faire une feuille de route parfaitement en phase avec nos réalités. Il s’agit donc d’un plan conçu par des congolais et pour les congolais en tenant compte de nos spécificités et de nos besoins, notamment en termes de transformation numérique.  Lors de ces travaux, cette notion du numérique en RDC, jusque-là ambiguë dans la tête de plusieurs, a d’ailleurs été clairement défini comme étant la conjugaison des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication, de l’informatique et de l’internet.

 

Ce « Draft 0 » validé par le Chef de l’Etat a été partagé avec toutes les autorités des 26 provinces pour leurs inputs qui devaient tenir compte des réalités de l’arrière-pays, le Président de la République ayant insisté sur le caractère inclusif de la démarche pour ne pas creuser d’avantage la fracture numérique.
Le 5 septembre 2019 le PNN fut validé lors d’un grand Atelier national et transmis dans la foulée au Gouvernement pour sa mise en œuvre. Malheureusement le premier gouvernement issu de la coalition FCC CACH ne s’est jamais approprié cette feuille de route 45à l’exception de quelques ministres qui avaient quant à eux bien compris l’enjeu. Le Numérique n’était pas la seule chose qui était bloquée, le Chef de l’Etat en a tiré toutes les conséquences en novembre 2020 en signant l’acte de décès de cette coalition. L’avènement du Gouvernement de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre Sama Lukonde Kyenge a permis au PNN de prendre son envol. En effet, la mise en œuvre du Plan National du Numérique « Horizon 2025 » s’est vue inscrite dans le Pilier 9 Axe 42 du programme d’action du Gouvernement présenté en avril 2019 devant le Parlement qui l’a voté. Ce Gouvernement a été marqué par une innovation importante impulsée par le chef de l'état qui a été la création du Ministère du Numérique. L’accélération de la mise en œuvre du Plan National du Numérique était bien sûr l’objectif derrière cette innovation avec un rattrapage par rapport à plus d’une année quasiment perdue sous le précédent gouvernement. Le Professeur Docteur Eberande Kolongele, qui fut mon ancien Directeur de Cabinet et avec qui, du reste, j’ai d’excellentes relations s’est d’emblée mis au travail notamment avec le processus de finalisation du code du numérique qui est le socle incontournable de l’écosystème numérique de la RDC que nous voulons bâtir.

 

Question : Sur quoi repose le Plan National du Numérique ?
 

 

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Le Plan National du Numérique « Horizon 2025 » repose sur quatre piliers fondamentaux. Le premier d’entre eux : les infrastructures. Sans infrastructures à large bande et des capacités de stockages de données appropriées sur notre sol, il nous sera impossible d'asseoir une économie numérique digne de ce nom.
Nous avons un pays qui a une très grande superficie. Le défi majeur pour notre pays, c'est d'interconnecter toutes nos grandes villes et permettre demain à ce que tous les villages de la RDC aient accès à une connectivité à haut débit. 
Le deuxième pilier, ce sont les contenus, parce que lorsque vous avez mis en place ces infrastructures qui sont en fait les autoroutes de l'information, il faut comme lorsque vous avez construit des autoroutes, des véhicules de toutes sortent qui empruntent ces autoroutes, en fonction de la nature de chacun de ces contenus. Sur ce point il importe pour la RDC, qui est un grand pays, de s'assurer que nous jouons un rôle dans cette économie liée aux contenus. Demain, nous aurons besoin d'Instagram, de Facebook et de Whatsapp congolais avec évidemment du contenu congolais et ce dans tous les domaines.
Et puis, Il y a les usages applicatifs comme troisième pilier. Pour rester sur la métaphore des autoroutes, nous avons besoin d’avoir des conducteurs congolais qui utilisent au quotidien toutes ces applications. Je pense ici, en particulier, à la fonction publique. Il faut que demain tous nos fonctionnaires puissent, de manière naturelle, dès qu'ils arrivent au bureau, allumer leurs ordinateurs, ouvrir leurs espaces de travail et travailler avec cet outil pour les services qu'ils ont à rendre à la population.  Mais cette dernière devra elle aussi apprendre à interagir avec l'Etat dans le cadre des services qu'elle attend de celui-ci, à travers des applications et des portails qui lui sont dédiés, comme ça se voit aujourd'hui dans des nombreux pays à travers le monde. 
Ce défi lié à la culture du numérique est très important et pour avoir une chance de le relever, il nous appartient de faire en sorte que, dès le plus jeune âge, nos enfants puissent apprendre l'informatique de manière théorique mais également pratique avec des classes parfaitement dotées d’équipements informatiques. Nous devons impérativement lancer un grand programme pour faire en sorte que demain nous ayons des classes informatiques dans chacune de nos écoles sur toute l'étendue de la République tant dans les villes que dans les zones les plus reculées pour donner un caractère véritablement universel à l’accès au numérique dans notre pays. Enfin, le quatrième pilier c’est la bonne gouvernance et la régularisation parce que bien évidemment pour pouvoir développer une économie numérique, il faut un cadre légal, il faut des règles. Nous remarquons aujourd'hui, que les gens ignorent souvent la loi. Aujourd'hui, vous avez des entreprises, des startups congolaises qui vendent, qui font des prestations électroniques, du commerce électronique mais finalement vous allez vous rendre compte que ce n'est pas encadré par les dispositifs légaux. Et bien évidemment pour attirer des investisseurs et pour intéresser des grands acteurs internationaux, il faut au préalable les rassurer avec un cadre légal notamment pour toutes les questions relatives à la cybersécurité et la cybercriminalité.  
C'est sur ces 4 piliers que repose ce Plan Numérique qui est articulé autour de 69 projets prioritaires bien concrets couvrant ces 4 piliers. Ces projets multisectoriels sont donc mis en œuvre par le gouvernement et la Présidence de la République en suit l’évolution de cette mise en œuvre à l’aide d’un logiciel développé sur mesure pour ce faire.  A ce jour plus de 25 projets ont été amorcés et sont à des phases diverses dont 5 sont déjà complètement terminés. 
Il est important de noter qu’il y a un sous-pilier sous-jacent qui est bien sur l’électricité. Notre faible taux de couverture constitue un handicap majeur et les autorités compétentes doivent impérativement corriger cet état de fait, d’autant plus que nous disposons d’un grand potentiel hydroélectrique, solaire, gazier ; etc.
Certes, la RDC accuse toujours aujourd’hui un léger retard dans sa transformation numérique. Cependant, il sied de rappeler que le chef de l'État a eu à faire, depuis le début de l'année 2022, sept communications lors des réunions du Conseil des ministres, au cours desquelles il a eu à évoquer la question du Numérique sur ces différents aspects. Cela démontre à souhait, qu'il a lui-même bien noté ce retard, et pertinemment décidé qu’il convenait d'accélérer cette transformation numérique qu'il a lui- même engagée. 
On peut dès lors affirmer sans forfanterie que la mise du numérique dans l'agenda politique est aujourd'hui un acquis dont le mérite revient en premier au chef de l'État. 

 

Question : Sur le plan industriel, le président de la République veut faire de la RDC l'Allemagne d'Afrique et sur le plan du numérique est-ce que la vision du chef de l'État est de faire de la RDC l'Estonie de l'Afrique ?

 

En tous cas, si pas l'Estonie de l'Afrique, il veut faire de la RDC un pays référence au cœur de l'Afrique, un hub au cœur du continent. En effet, si vous regardez bien la carte de l’Afrique et que vous mettez en parallèle les enjeux des infrastructures de fibre optique vous comprendrez aisément que la RDC à un rôle très important à jouer. En effet, nous avons la capacité de faire en sorte qu'il y ait des connexions ou des interconnexions entre les câbles sous-marins qui sont dans l'océan Atlantique vers l'océan Indien pour relier la zone asiatique et la zone Amérique avec tous les bienfaits pour la sous-région et l’Afrique entière. 
Concernant l'Afrique, il est fondamental que nous puissions avoir ces maillages, créer cette redondance dans le but, non seulement, de renforcer la résilience au niveau de l'accessibilité, mais aussi afin d’éviter les coupures et d’avoir des vitesses accrues en matière de connectivité a des prix qui ne pourront que décroitre au profit des utilisateurs. C’est cela l'ambition du chef de l'État au niveau des infrastructures.

 

Question : Qu'est-ce qui va changer aujourd'hui avec la création de l’agence pour le développement du numérique ? N’y aura-t-il pas conflit des compétences entre les différentes structures de l’Etat ?

 

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Je pense que le grand changement, ce sera dans la façon dont vont interagir ces différentes structures. Selon moi, et je vais être très clair à ce sujet, il n'y aura pas d'ambiguïté sur les prérogatives des uns et des autres. Je puis vous assurer par exemple que l’agence ne se substituera jamais au gouvernement !
Mais conformément à la vision et à l'ambition du Chef de l'Etat, tous les aspects de suivi et de coordination vont être renforcés pour s'assurer que, de manière effective, la transformation s'engage réellement selon les critères et la volonté du Chef de l'État. 

 

Question : Mais ça vous le faisiez déjà en tant que Conseiller spécial du chef de l'État en matière du numérique. Quelles sont les missions de la nouvelle agence pour le développement du numérique ?

 

Nous allons créer des cadres de collaboration avec le gouvernement dans nos missions d'accompagnement. Cela nous permettra de veiller aux différents aspects de transversalité.
Par ailleurs, je pense que la principale difficulté dans l’implémentation du Numérique en RDC est qu’il s’agit d’un nouveau secteur pas toujours bien compris par tous et en particulier par les décideurs. En outre, on constate également qu'il n'y a pas suffisamment de prise en compte de la dimension transversale dans le cadre d'un certain nombre de projets. Prenons le cas du Registre National, c'est un projet très important qui tient à cœur le Chef de l'État. C'est un projet qu'il a annoncé lors de sa campagne électorale, qu'il a ensuite confirmé le 24 janvier 2019 lors de son discours d'investiture. Un discours, au cours duquel, il avait promis au peuple congolais de lui donner un registre national biométrique à l’instar d’autres pays. Il était d'ailleurs question que les élections de 2023 se fassent à partir du fichier électoral de la population. 
Entretemps, le Gouvernement et les structures sous tutelles ministérielles se sont saisis de la matière. Ce qui est tout à fait normal et elles sont parfaitement dans leur rôle. Cependant, force est de constater que à ce jour elles ne sont pas encore parvenues à se mettre d'accord et factuellement le projet n’est toujours pas lancé, ce que déplore le Chef de l’Etat et j’image la population congolaise qui attend cela depuis des lustres.
Pourquoi ? Parce qu'il y a une forte dimension transversale doublée d’une complexité liée à la nature de ce type de projet. En effet, il y a de nombreux ministères qui sont concernés et c'est au niveau de la transversalité que les problèmes se posent. Nous sommes convaincus que l’ADN, porteuse de la vision transversale du Chef de l’Etat va pouvoir aider le Gouvernement et notamment la Primature dans son rôle de coordination de l’action gouvernementale. Au-delà de l’appui sur des aspects techniques qui peuvent être pointus et qui posent parois des problèmes à certains ministères ne disposant pas des ressources humaines appropriées, l’ADN pourra réunir les acteurs autour d’une même table et accompagner la coordination, qui se fait sous l'autorité du Premier ministre mais avec la forte impulsion de la Présidence de la République dans le strict respect des prérogatives de ces deux grandes institutions respectives afin de s’assurer que cela aboutisse à des résultats rapides car, après tout, c’est ce qu’attend le Président de la République et la population congolaise. 
 

 

Question : Avons-nous des assurances que toutes les structures de l'État qui travaillent à la concrétisation de la vision du chef de l'État en matière du numérique ne vont pas se marcher sur les pieds ?

 

Nous avons aujourd'hui à la Présidence, l'Agence pour le Développement du Numérique (ADN) nouvellement créée qui fait en sorte que la fonction du Conseiller Spécial du Chef de l’Etat en matière du numérique disparaisse. Au niveau de l'Exécutif, vous avez le ministère du numérique et le ministère des PT-NTIC. Au niveau des structures opérationnelles sous tutelle gouvernementale il y a la SCPT, la SOCOF et le régulateur du secteur (ndlr : l’ARPTC qui va devenir l’ARPTIC)
Comme le prévoient leurs attributions respectives, le ministère du numérique a vocation à s'occuper de toutes les questions liées à la transformation numérique quant au ministère des PTNTIC, c’est la poste et les télécommunications notamment dans le volet infrastructurel. Pour faire simple, on pourrait dire que le Ministère du Numérique c’est les contenus et le ministère des PTNTIC c’est les contenants 
Les deux ministères doivent aussi comprendre quels sont les périmètres des uns et des autres. Je crois savoir qu’il y a quelques difficultés de cohabitation dans ce grand ensemble qu’est le Numérique mais je pense qu’il y a bien assez de travail et de défis à relever tant du côté Poste que du côté Télécom notamment en termes de couverture, de qualité de service et de coûts où nous sommes malheureusement dans le bas du tableau à l’échelle mondiale et africaine. Ce problème de couverture, de qualité et de prix dont l’ADN va en faire une de ses priorités est un frein majeur au développement du numérique. Nous allons donc accompagner pro activement le ministère du PT-NTIC pour que la donne évolue avec les premiers effets attendus rapidement. 
Je pense que le véritable problème n’est pas le manque de volonté mais plutôt la faiblesse de la coordination conjuguée à un déficit de culture collaborative au niveau gouvernemental et interinstitutionnel. C’est finalement juste une affaire d’hommes et de femmes dans la façon dont il assume leur leadership.  Le Chef de l'État l’a d’ailleurs rappelé à plusieurs reprises et en Conseil des Ministres où il a invité les membres d gouvernement à renforcer leur collaboration lorsqu’il est question de numérique en insistant fortement sur l'aspect de transversalité, bien conscient que c’est un préalable si on veut voir se réaliser et rendre efficient les grands projets de digitalisation dans notre pays. Un des rôles de l'ADN, sera donc précisément de s'assurer d’une transformation numérique coordonnée, cohérente et efficiente suivant schéma d’ensemble bien défini.

 

Question : C'est un vaste chantier ?

 

Oui, sans aucun doute il s’agit d’un vaste chantier et nous en sommes parfaitement conscient. C’est pour cela qu’au niveau de l'Agence, il y aura une équipe qui va être renforcée par rapport à l’équipe formidable qui m’a accompagné depuis un peu plus de 3 ans et sans laquelle nous ne serions pas là aujourd’hui.  Nous avons cette mission de travailler en parfaite harmonie avec le Gouvernement et pas à la place de celui-ci. J'insiste là-dessus mais aussi sur le fait que le Chef de l’Etat attend des résultats et il ne sera plus question de tergiversations en raison des petites guerres de clocher. 
 

Question : L’important c’est donc l'état d'esprit des acteurs ?

 

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L’état d'esprit et l’implication sincères de chacun selon ses attributions, c'est ça la clé dans ce secteur pour des meilleurs résultats. S’il y a un bon état d’esprit de tous les acteurs du numérique, il y aura alors forcément des résultats rapides. Le Numérique ne fait pas bon ménage avec des considérations partisanes. Moins on fera de politique autour de ce secteur, moins on fera de calcul politicien, plus on avancera. 
Les acteurs du secteur sont animé d’un bon esprit mais depuis de nombreuses années ils se sentent peu considérés et l’ADN va changer cela en tout cas à son niveau. En effet, nous allons mettre en place un cadre de concertation permanant avec tous les acteurs qui le souhaitent et en particulier avec les associations organisée comme le Réseau de Acteurs du Numérique (RAN) qui regroupe un certain nombre de professionnels ainsi que des syndicats et la FEC pour ne citer que ceux-là. Nous voulons être le maillon entre les institutions et ces acteurs qui œuvre dans tous les métiers du numérique. Nous allons mettre en œuvre des approches structurelles dont certaines innovantes pour permettre à l’écosystème congolais de se développer afin qu’il puisse rapidement atteindre une taille critique. Ne vous trompez pas, c’est tout simplement une des principales raisons d’être de l’ADN.

 

Question : C'est-à-dire que tous les acteurs doivent avoir un état d'esprit de collaboration pour faire avancer l'agenda présidentiel sur le numérique ?

 

Absolument, je vais vous dire ceci : un des aspects qui m’a beaucoup frappé durant les nombreuses visites au sein des services informatiques que j’ai pu faire depuis 3 ans c’est que les décideurs Congolais ne tiennent pas compte de l'expertise interne.
Tous les techniciens qui œuvrent dans nos institutions au sein des divisions et directions informatiques, souvent dans des conditions très précaires, vous le diront.  On devrait mieux tenir compte de leurs avis à l’avenir car bien souvent ils savent mieux que quiconque ce qu’il faut faire pour numériser les institutions ou entreprises publiques pour lesquels ils travaillent. Durant les vingt dernières années, le numérique n'a pas eu de considération dans notre pays et ce n'était vraiment pas une priorité de l'ancien régime, sans doute parce que le digital c’est la transparence, la redevabilité et la traçabilité ce qui était à l’l’opposé des valeurs du système qui prélavait à l’époque. On peut monter et descendre, le changement de direction de notre pays vis-à-vis de ce secteur c’est au Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo que nous le devons.

 

Question : Vous avez les compétences locales, mais est-ce que vous avez l'argent pour financer cette agence ? 

 

Vous avez parfaitement raison d’évoquer la question du financement car c'est un enjeu crucial.  L'Agence pour le Développement du Numérique a été créée par une Ordonnance présidentielle. Cette ordonnance prévoit plusieurs sources de financement pour l'Agence, bien-sûr, il y a le Trésor public avec une dotation qui sera prévue dans le budget 2023. Il y a également les partenaires techniques et financiers de notre pays en termes d'appui, parce qu’aujourd’hui tous les pays qui soutiennent la RDC prennent en considération le numérique dans leurs programmes car il a été maintes fois démontré que c’est un accélérateur de développement.  Le digital est donc aujourd’hui au cœur des stratégies de politiques d’aide au développement notamment pour réduire la pauvreté.  Donc, il est évident qu'une telle Agence va être encouragée par un certain nombre de partenaire technique et financier de la RDC, c’est d’ailleurs déjà le cas du NEPAD (ndlr : Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique) à travers la Banque Africaine de Développement, qui vient d’octroyé un don de 1 million de dollars à notre pays pour financer l’élaboration d’un schéma directeur des infrastructures à large bandes et des études de faisabilité mais également pour opérationnaliser l'ADN. C’est la preuve que l’ADN pourra compter sur les bailleurs mais cette fois ci l’argent sera bien utilisé et surtout en toute transparence. Il y a les dons et legs, mais aussi une quotité du Fonds de service universel (FSU) et inclusion numérique pour tous. Comme la dit très pertinemment le Chef de l’Etat lors d’un tout récent Conseil des ministres, aujourd'hui le numérique a une dimension beaucoup plus large qui va bien au-delà de la téléphonie mobile et il faut impérativement que le Gouvernement en tienne compte dans ses politiques de lutte contre la fracture numérique en s’appuyant sur l’ADN en lui concédant cette quotité.

 

Question : Que répondez-vous à ceux qui disent que c'est une agence de trop?

 

Je réponds l’Agence pour le Développement du Numérique (ADN) n’est pas une agence de trop, bien au contraire elle est là pour accélérer la transformation digitale de la RDC de façon plus coordonnée afin de faire avancer l’agenda numérique du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo
Face à ces défis, nous devons aujourd'hui tourner nos regards davantage vers l'Afrique. En créant cette agence ne nous n‘avons absolument rien inventé car quasiment tous les pays africains qui sont cité en exemple en matière de développement numérique disposes de ce type de structure, certains depuis plus de 20 ans. Elles évoluent sans problèmes avec les organes exécutifs. C’est toujours une question de leadership. Si vous ne confondez pas la structure que vous dirigez avec votre propre personne et que vous êtes orienté « intérêt de l’état et du secteur » vous ne pouvez pas avoir de problème majeur avec d’autres structure œuvrant dans le même secteur. Nous ne faisons que passer et d’autres animateurs viendront après nous. Il suffit donc d’avoir un minimum de sens de l’Etat et de cultiver l’intérêt supérieur de l’Etat qui est finalement très au-dessus de nous et il va nous survivre.
Afin de s’assurer que le Numérique se développe sur toute l’étendue du territoire, le PNN a prévu la création dans chaque province d’Agence Provinciale pour le Développement du Numérique (APDN) et la Ville Province de Kinshasa a d’ailleurs été la première à créer son agence dénommé APDN-K. La Province du Kongo Central s’apprête à faire de même et il en sera pareil dans toutes les 26 provinces. L’ADN va coordonner toutes ces Agences afin que les politiques de transformation numérique dans les provinces soient elles aussi menées en toute intelligence en prenant pleinement en compte les questions de transversalité et d’interopérabilité. Les Provinces et le pouvoir central ne font qu’un, c’est l’Etat congolais et le numérique peut et doit renforcer cette état de fait dans l’intérêt de toutes les parties.

 

Question : Quels sont les dividendes du numérique que comptent faire engranger l’Agence pour le développement du numérique ?

 

Le numérique est une matière que nous ne devons pas juste consommer. Pour l’instant, nous sommes juste des consommateurs. La RDC à la capacité d'être un grand consommateur car nous sommes un grand pays peuplé d’environ 100 millions d’habitants ce qui n’est pas rien. Mais nous devons aussi avoir l’ambition d’être un acteur qui pèse et surtout et des producteurs de données numériques parce que nous en avons la capacité, non seulement en termes de ressources humaines mais aussi parce que nous avons notre propre capacité de consommation de tous ces produits et services... En un mot nous sommes un grand marché potentiel et nous devons le protéger en encourageant l’écosystème local.

 

Question : Pourquoi les structures étatiques ne font-elles pas confiance à l’expertise locale ?

 

C’est vraiment un mystère qui doit peut-être trouver ses réponses dans notre histoire profonde. En tout cas, cela me fait vraiment mal au cœur de voir des ministres de la République accorder des marchés numériques à des entreprises étrangères pour des prestations que des Congolais peuvent effectuer avec le même niveau d'expertise et de performance voir supérieur dans bien des cas. C’est vraiment à l'opposé de la vision du chef de l'État qui a fait de l’entreprenariat local un de ses chevaux de batailles notamment lorsqu’il s’agit des jeunes. Les ministres doivent prendre conscience de leurs responsabilités lorsqu'ils accordent ces types de marchés et je souhaite que le gouvernement puisse revoir complètement leur logiciel de pensée. Nous ne parviendrons jamais à nous développer si on ne fait pas confiance aux entrepreneurs congolais dans tous les secteurs et en particulier dans le secteur du numérique qui est plus accessible en termes des moyens nécessaires notamment pour toutes les solutions applicatives ne nécessitant pas forcement des investissements lourds. Bien sur l’écosystème numérique congolais doit également élever ses standards et sa qualité des services mais cela vient en général lorsque les moyens sont là. Ces moyens c’est notamment la commande publique qui doit impérativement être accordée prioritairement aux congolais à niveau de compétence ou de performance égale. L’ADN sera l’ambassadeur de l’écosystème congolais et de ces nombreux entrepreneurs.  Bien sur la RDC devra toujours se montrer accueillante vis-à-vis des investisseurs étrangers du secteur mais nous devons veiller à ce qu’ils apportent des compétences, des moyens ou des processus avérés que nous que nous ne disposons pas et dans ce cas, pour les marchés qu’ils obtiendront, les transferts de compétences et de technologies devront être des réalités concrètes. Par exemple en imposant des partenariats avec des entreprises locales pour qu’elles bénéficient de ces nombreux contrats et qu’elles puissent à l’avenir, mettre en œuvre et financer seule des projets d’envergure. Ce faisant, nous n’allons strictement rien inventer car c’est ainsi que les choses se passent ailleurs. C’est tout cela la vision du Chef de l’Etat qui sera relayée sans relâche et sans concessions par l’Agence.

 

Question : Mais est-ce que vous avez des exemples de congolais qui ont développé des logiciels utiles en RDC et ailleurs ?

 

Prenons l'exemple de la province du Lualaba, ils ont des logiciels qui ont été développés par des congolais dans le cadre de la maximisation des recettes et des exemples comme ceux là, il y a beaucoup à travers le pays. Dans le secteur privé, que ce soit les banques, les Telco ou les autres grandes entreprises, ce sont des congolaises et des congolais qui font tourner les systèmes d’informations et maintiennent les équipements live. Je peux vous dire quelque chose, nous au Congo nous sommes capables de faire beaucoup des choses dans le secteur du numérique et si demain l’état devient le premier client de l’écosystème congolais nous allons créer ces champions et ces millionnaires dont a parlé le Chef de l’Etat.

 

Question : L'ADN sera-t-elle sensible à la question de la souveraineté numérique ? 

 

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Bien sur car cela fait partie des fondamentaux.  Aujourd'hui notre sa souveraineté numérique est menacée par manque d’un cadre légal bien défini. L’avènement du Code du Numérique qui va bientôt entamer son parcours législatif au parlement va régler de nombreux problèmes découlant du vide juridique actuel. Bien sûr, malgré la loi cela ne sera pas facile car nous sommes dans une phase de mutation et qui dit mutation dit résistance mais nous ne pouvons prendre ce risque d’entrainer notre pays vers une numérisation sauvage et incontrôlée. Je pense ici à toutes les questions de cybersécurité qui sont au cœur des aspects de souveraineté et qui vont également pouvoir être strictement encadrée grâce au code du numérique
Question : Un mot de conclusion Factuellement, contrairement aux 15 pays africains les plus avancés en ce qui concerne la transition vers une économie numérique, lorsque le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a pris le pouvoir en janvier 2019, la RDC, n'avait ni Agence, ni Plan national digne de ce nom, ni ministère dédié, ni cadre légal, nous n'avions rien.  Aujourd’hui il ne manque plus que le code du numérique qui est en passe d’être finalisé par le gouvernement avant d’aller au parlement pour son adoption. Sous l’impulsion du Chef de l’Etat nous avançons chaque jour et il a su faire comprendre à tout un pays que la numérisation n’est plus une option mais une obligation pour la RDC. Certes nous avons raté le train qui est passé il y a une vingtaine d’années lorsque le monde à entamer sa transformation numérique qui s’accélère de jour en jour mais aujourd’hui nous commençons, à marche forcée, à rattraper notre retard.
L’objectif est de faire de la RDC un modèle en termes d'utilisation numérique. Notamment en ce qui concerne la bonne gouvernance ou nous connaissons des failles systémiques en termes de corruption et de fraudes en tout genre qui ont fait tant de mal à notre pays.  Aujourd’hui le Gouvernement met en œuvre le Plan National du Numérique mais le Chef de l’Etat juge que les choses n’avancent pas assez vite et surtout que la numérisation n’est pas suffisamment coordonnée. L’Agence est donc un instrument complémentaire qui va aider l’Exécutif sur ces questions de transversalité pour une accélération de la digitalisation afin qu’elle soit réellement efficiente. Nous voulons qu’à la fin 2025 les 69 projets inscrits dans le PNN soient tous, soit terminé soit à un bon niveau d’exécution. Zéro projets prioritaires non entamés, voilà le challenge ! L’ADN est constituée d’une équipe formidable qui m’a accompagné depuis le début et qui est appelée à être renforcée avec les meilleurs talents de notre pays et ils sont nombreux croyez-moi. J’ai deux adjoints, Mr. Jeff CIAMALA CITENGE et Mr. Jean Luc MUGOGWA KATSHELEWA, qui ont des qualités managériales de très haut niveau, parfaitement adaptées au contexte de nécessaire collaboration avec des multiples entités pour faire avancer les dossiers en évitant les conflits tout en se focalisant sur les résultats, les résultats et rien que les résultats. Nous partageons donc la vision que les egos et les calculs politiciens devront rester à la porte et qu’ils ne pourront en aucune manière polluer l’ADN qui n’a qu’une seule ambition, la matérialisation de la vision du Chef de l’Etat pour ce secteur tellement stratégique pour l’avenir de notre pays. La transformation numérique de la RDC c'est dans l’intérêt de tous et toutes. Le Chef de l'État a pris la bonne décision en voulant faire du numérique congolais un levier pour la bonne gouvernance, l'intégration, la croissance économique. Il est resté constant même si le PNN a été combattu par des forces obscures qui n’ont pas voulu comprendre sa portée voir pire qui l’on fait délibérément ignoré. On a même voulu l’enterrer mais ceux qui étaient à la manœuvre ne savait pas que la façon dont il avait été conçu l’a transformé en une graine et aujourd’hui, avec le sol fertile qui caractérise notre pays, les racines ont fait germer un bel arbre déjà très robuste qui ne va plus jamais cesser de grandir et de se renforcer. Nous sommes donc plus que jamais optimiste quant au fait que les résultats qui commencent à se compter seront plus que jamais au rendez-vous dans les mois et années futures. Grace au Numérique nous avons confiance que la RDC va enfin pouvoir sortir de l’ornière et devenir ce pays phare tant attendu par nos concitoyens et par l’Afrique toute entière.

 

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