L’opposition à l’assemblée provinciale de Kinshasa : un peu comme à l’époque de Mobutu et du MPR [enquête, volet 2)

Mardi 16 août 2022 - 09:57
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A l’issue des élections qui ont permis la constitution de l’actuelle assemblée provinciale de Kinshasa (APK), 22 députés provinciaux étaient ancrés dans le camp politique de l’ancienne majorité présidentielle, y compris Godé Mpoy qui avait remporté la présidence de cet organe délibérant. Mais la naissance de la plateforme « Union Sacrée pour la Nation » lancée par le président Félix Tshisekedi a fait fondre toutes les tendances dans une seule famille politique. L’opposition ? Elle n’existe pas aux yeux du président de cette assemblée qui le dit dans une formule qui ressemble au personnage connu pour son langage aussi fleuri que ses tenues aux couleurs vives : « Les opposants ? Le jour où on leur dit qu'il faut tuer Godé, ils sont nombreux. Quand Godé échappe à la mort, ils deviennent moins nombreux ».

La ville province de Kinshasa compte 44 députés élus en décembre 2018 dans 24 circonscriptions électorales plus 4 autres cooptés par les chefs coutumiers. Ces députés représentaient 8 groupes parlementaires : Patriote, UDPS, MLC, PPRD, Changement de Kinshasa, Kinshasa en marche, AAB et les Non inscrits. Suite à l’alliance passée par la coalition CACH (UDPS et UNC) avec la plateforme FCC de l’ancien président Joseph Kabila, le 28 décembre 2020, les huit groupes parlementaires ont intégré l’Union sacrée pour la nation qui devint, de fait, la seule famille politique à cette assemblée.

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Cette monochromie politique n’a pas pu empêcher des divergences et des controverses parfois sévères dont certaines se sont réglées devant des juges. En 2021, le président Godé Mpoy a survécu à une motion de déchéance initiée par 11 députés provinciaux qui l’ont accusé de « bloquer certaines questions adressées aux membres de l'exécutif provincial », d’exercer « la dictature », et « d’entretenir  l'opacité dans la gestion de la construction du bâtiment administratif. »

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En juin de la même année, par représailles selon certains, Gode Mpoy a traduit en justice le député provincial Magloire Kabemba, ex ministre provincial des affaires foncières, de l'agriculture et du développement rural sous l'ancien gouverneur Kimbuta et membre de la famille politique de Joseph Kabila, pour « dénonciation calomnieuse et imputations dommageables ». Il faudrait se rappeler aussi du cas du député Michel Mukebayi qui avait été arrêté et privé de ses émoluments pendant une année. En sus, le numéro un de l’assemblée provinciale avait interdit à des élus provinciaux d'accéder au siège de l'APK puisque «coupables » d’avoir déposé plainte contre lui.

Mobutu parlait de ses opposants exactement comme Gode Mpoy : une opposition alimentaire menée par des gens qui ont perdu leurs positions et les privilèges qui allaient avec. A noter, cependant, une différence notoire : le président de l’assemblée provinciale de Kinshasa n’a pas la main sur l’appareil sécuritaire ni sur la machine judiciaire.

Une enquête réalisée par : Christelle Insiwe, Gloria Mbuya Mutala, Botowamungu Kalome, Merveil Molo et Moïse Dianyishayi

 

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