Au lendemain des massacres de plus de 60 personnes dans un site des déplacés à Djugu par des miliciens CODECO (Coopérative pour le développement du Congo), l'auditeur supérieur près la Cour militaire a ouvert une enquête en charge de ladite milice pour crime contre l'humanité par meurtre.
Pour ce faire, le colonel magistrat Joseph Makelele a dépêché l'avocat général de ladite cour militaire, le colonel magistrat Jean-Baptiste Kumbu Ngoma, au camp de déplacés Plaine Savo dans le territoire de Djugu, pour les enquêtes.
Le colonel Jean-Baptiste Kumbu qui a livré l'information à 7SUR7.CD le dimanche 06 février 2022, indique avoir échangé notamment avec le chef de la chefferie, le médecin directeur, le commandant FARDC de la place mais aussi les représentants des déplacés.
« Au total, il y a eu 62 déplacés tués dont 57 étaient morts sur-le-champ et 5 autres sont allés rendre l'âme à l'hôpital des suites de leurs blessures ; 21 blessés dont 17 enfants et 4 adultes transférés à Bunia pour des soins appropriés ; 18 blessés dont 12 adultes et 6 enfants sont restés au centre de santé de référence de Bule ; 53 victimes enterrées dans un même trou mais dans les différents cercueils.
Donc, une enquête est ouverte à charge de CODECO pour crime contre l'humanité par meurtre », a-t-il révélé dans une interview accordée à 7SUR7.CD.
A en croire la même source, la présence des miliciens CODECO était signalée entre 7h et 8h du jour de l'attaque, à quelques kilomètres du site.
« Selon les informations recueillies sur place, le mouvement de miliciens était signalé depuis 7h du matin le jour de l'attaque, au village Ndjauda, situé à 11 km du centre de Bule. Les miliciens se rassemblaient au niveau de ce village et avaient tiré des balles en l'air lorsque certains habitants de la région s'étaient rendus au champ. Suite à cette alerte, le commandant FARDC de la place a dit avoir dépêché une patrouille de combat mais rien n'a été trouvé sur place. La MONUSCO était également alertée et avait effectué une patrouille de combat autour du site des déplacés sur la route principale », a-t-il renchéri.
Le colonel magistrat Jean-Baptiste Kumbu Ngoma précise que ces hors la loi ont utilisé des armes à feu et blanche pour tuer et blesser ces déplacés.
La deuxième étape de ces enquêtes qui se poursuivent va consister à l'audition des témoins et des victimes.
Elle sera faite conjointement avec les experts de la MONUSCO (Mission de l'Organisation des Nations-Unies pour la Stabilisation du Congo) et ceux du BCNUDH (Bureau Conjoint des Nations-Unies pour les Droits de l'Homme).
L'audition des victimes et des témoins de massacre des déplacés du site Plaine Savo sera combinée avec celle de tuerie du site des déplacés de Drodro, au mois de Novembre 2021.
Pour rappel, c'est dans la nuit du mardi 01 au mercredi 02 février 2022 que 62 déplacés ont été tués par des miliciens CODECO au site Plaine Savo dans la chefferie de Bahema Badjere en territoire de Djugu.
Les victimes ont été enterrées dans une fosse commune non loin du site, le vendredi 04 février dernier.
Séraphin Banangana depuis Bunia